Paces one : la prudence est de mise chez certains doyens

Martin Rhodes Publié le
Paces one : la prudence est de mise chez certains doyens
concours - examens - alpha sup // ©  Virginie Bertereau
Avec "Paces one", sept universités souhaitent modifier le processus de sélection des étudiants en première année commune d'études de santé. En cette année de transition, certains doyens ont préféré ne pas intégrer l'expérimentation entendant proposer des alternatives au redoublement. Notamment pour des raisons logistiques.

À partir de septembre 2018, quatre universités franciliennes expérimenteront un nouveau processus de sélection pour les étudiants inscrits en Paces (première année commune aux études de santé). Si Paris-Descartes, Sorbonne université, Paris-Diderot et Paris-Est-Créteil, ainsi que les universités de Lille et de Bretagne occidentale ont décidé d'opter pour "Paces one", la Paces en un an, ce n'est pas le cas de tous les établissements.

Parmi les universités franciliennes, Paris-Sud, Paris 13 et Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines ont ainsi préféré ne pas toucher au cursus existant. "La Conférence des doyens de santé d’Île-de-France nous a présenté le projet Paces one fin novembre 2017. Début janvier, nous avons répondu ne pas souhaiter participer à cette expérimentation dès septembre 2018, et ce, pour des raisons essentiellement logistiques", justifie Didier Samuel, le doyen de la faculté de médecine de l'université Paris-Sud. Mais la logistique n'est pas le seul argument avancé par ces établissements.

Attendre la loi-cadre

C'était inscrit noir sur blanc dans la loi Fioraso de juillet 2013 : en 2019, les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur présenteront au Parlement un rapport détaillé afin d'intégrer dans le droit commun les expérimentations en filière santé (AlterPaces, PluriPass, Paces one, etc.) qui auront fait leurs preuves.

"Nous ne souhaitons pas lancer une expérimentation une année seulement avant cette échéance, concède Djillali Annane, doyen de l'UFR des sciences de la santé de l'UVSQ. Ce serait prendre le risque de déployer des modalités d’accès en deuxième année, qui pourraient, en définitive, ne pas être retenues." Un avis partagé par la présidence et les doyens de l’université de Bordeaux, qui ont finalement écarté Paces one.

"Les premiers étudiants passés par les voies alternatives à la Paces seront diplômés en 2019, poursuit Djillali Annane, notamment à Angers, avec le dispositif PluriPass. Comment ont-ils vécu leur formation ? Le système est-il équitable et efficace ? Pour le moment, nous n’en savons rien. Nous préférons attendre le bilan avant de nous lancer." Une précaution également de mise à Paris-Sud. "Si l'expérimentation est prolongée, nous y participerons à la rentrée 2019. À défaut, nous adopterons la loi-cadre", confirme Didier Samuel.

Un calendrier trop serré

De quoi gagner un peu de temps, pour des universités partant de zéro sur le sujet. "Le chantier aurait été beaucoup trop important à démarrer cette année, note Djallali Annane. Nous aurions dû créer, de toutes pièces et en quelques mois seulement, un dispositif AlterPaces digne de ce nom [complémentaire avec Paces one et inexistant aujourd'hui à l’UVSQ]. Pour l’heure, nous ne pouvons tout simplement pas assurer un nombre de places suffisant aux étudiants AlterPaces, alors même que nos licences de mathématiques, de physique ou encore de chimie sont déjà en tension."

L’absence de dispositif alternatif à la Paces dans l’offre actuelle de formation, ainsi que les capacités d’accueil réduites en licence sont également les principaux obstacles rencontrés par l’université Paris-Sud. "L’expérimentation nous aurait aussi contraints à avancer la date de la deuxième épreuve du concours Paces, afin de permettre aux étudiants de se préparer à l’oral. Par ailleurs, nous aurions dû déterminer la part du numerus clausus dédiée à l’écrit, à l’oral et au dispositif AlterPaces", énumère Didier Samuel. Les doyens souhaitent que le nombre de places réservées aux candidats AlterPaces soit suffisamment important pour remplacer le redoublement.

La crainte d'une offre non homogène

De façon plus générale et au-delà des aspects pratiques , "beaucoup de questions restent en suspens", confie Didier Samuel. Parmi elles, le risque de rupture d'égalité entre les doublants et les primants lors de l’année de transition. Les ministères devraient décider d'augmenter de manière significative le numerus clausus.

"Des interrogations se font jour également du côté des lycéens inscrits en terminale. Ces derniers viennent tout juste d’être informés des nouvelles modalités", regrette le doyen de la faculté de médecine de l'université Paris-Sud, avant d'ajouter : "En Île-de-France, l’offre de formation ne sera pas homogène et c'est vraiment dommage. Les bacheliers auront un mal fou à choisir entre l’ancien et le nouveau système."

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