Parcoursup : de nouvelles places promises dans les filières technologiques ou en tension

Laura Taillandier Publié le
Parcoursup : de nouvelles places promises dans les filières technologiques ou en tension
Le Premier ministre a tiré un bilan d'étape de Parcoursup, mercredi 25 avril 2018. // ©  Capture d'écran
Le gouvernement a-t-il entendu les universités, qui demandent des moyens supplémentaires pour mettre en œuvre la loi ORE ? Le Premier ministre s'est engagé, le 25 avril 2018, à créer de nouvelles places dans les filières technologiques et les licences les plus demandées sur Parcoursup. Des orientations détaillées seront présentées en juin.

"Nous sommes conscients de l'ampleur de la transformation à opérer et des efforts qu'il reste à accomplir pour donner aux établissements les moyens de mieux accueillir nos étudiants." À l'issue d'un entretien avec la CPU (Conférence des présidents d'université) et la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, le Premier ministre, Édouard Philippe, a établi, mercredi 25 avril 2018, un point d'étape de la mise en place de la loi sur l'orientation et la réussite des étudiants. Et esquissé les perspectives d'une augmentation des places dans les filières les plus demandées sur Parcoursup par les lycéens.

De nouvelles places dans les filières technologiques...

"Nous l'avons toujours dit, sur la base des vœux formulés par les candidats, nous accompagnerons les établissements pour créer des places supplémentaires là où il en faut. Et bien, nous y sommes", déclare Édouard Philippe. Le gouvernement a d'ores et déjà dégagé 13 millions d’euros en 2018 afin de financer la création de 19.000 places supplémentaires dans les filières les plus demandées : 17.000 en licence (dont 3.000 places en Staps, 2.000 en droit, 2.000 en économie-gestion, ou encore 1.700 en Paces) et 2.000 en BTS. Une marge budgétaire a néanmoins été "conservée", afin d'ajuster les places après le début de la phase d’admission.

Premiers arbitrages : de nouvelles places seront créées dans les filières technologiques, expose le Premier ministre. En effet, selon les premiers chiffres de Parcoursup, 68 % des vœux concernent les filières sélectives (STS, CPGE, IUT ou écoles). Ainsi, 623.825 candidats ont formulé au moins un vœu dans ces formations contre 543.168 candidats en 2017. Un chiffre qui s'explique en partie par la disparition des "pastilles vertes".

Dans le détail, les formations en IUT enregistrent au moins un vœu de la part de 276.866 candidats (soit une hausse de 25,9 % par rapport à 2017) et notamment chez les bacheliers technologiques (+ 40,5 %). De leur côté, les BTS enregistrent une augmentation du nombre de vœux confirmés de 29,5 % ; particulièrement chez les bacheliers professionnels (+ 26,7 %).

... et les licences en tension

"L'attraction forte pour les licences universitaires" est également soulignée : "Là aussi nous allons donner les moyens aux établissements d'ajuster à la hausse les capacités dans les filières les plus demandées", précise Edouard Philippe. Les filières non sélectives de l'enseignement supérieur totalisent 2 millions de vœux, soit un tiers des souhaits des lycéens.

Les premiers chiffres communiqués par la Rue Descartes montrent toutefois des évolutions pour les licences dites en tension. En droit, ces formations enregistrent 241.910 vœux (- 18 % de candidats) ; en psychologie, 117.208 vœux (+ 2,1 % de candidats) ; en Staps, 139.560 vœux (+ 17 % de candidats) ; en Paces, 210.351 vœux (+ 2,1 % de candidats).

La reconnaissance indemnitaire en ligne de mire

Édouard Philippe insiste également sur l'investissement des personnels dans les universités : "Nous voulons garantir à tous ceux qui s'engagent dans la réussite des étudiants et qui y consacrent du temps la reconnaissance de leur travail sur le plan indemnitaire."

En ligne de mire : la concertation sur la reconnaissance de la mission de formation des enseignants, ouverte par Frédérique Vidal à la fin du mois de mars, qui doit démarrer par le volet indemnitaire, avec un travail autour de la prime de responsabilités pédagogiques. "J'attache une importance particulière à cette question", rappelle le Premier ministre.

Le choc démographique a été mal anticipé par les gouvernements antérieurs.
(E. Philippe)

D'une manière générale, le gouvernement souhaite établir un "dialogue" dans les deux mois qui viennent sur la question des moyens (créations de places et reconnaissance des personnels). À l'issue, la ministre de l'Enseignement supérieur remettra "des propositions". "Ce qui me conduira, en juin, à présenter les orientations retenues par le gouvernement sur ces sujets", précise Édouard Philippe.

Et d'insister : "Le choc démographique a été mal anticipé par les gouvernements antérieurs. Ce gouvernement ne va pas commettre la même erreur. Je souhaite que, dans le dialogue, nous identifiions les besoins en encadrement et en accompagnement pour permettre à la réforme de se mettre en place dès maintenant dans les meilleures conditions, puis de monter en puissance dans les années qui viennent."

Une contestation jugée minoritaire

Des perspectives qui devraient réjouir les présidents d'université. Dans une tribune publiée dans "Le Monde" il y a quelques jours, plus de 60 présidents manifestaient leur soutien à la réforme tout en demandant des moyens supplémentaires pour l'appliquer correctement. Ces annonces répondront-elles à tous les besoins ?

Reçue à Matignon, mardi 24 avril 2018, la Fage appelle notamment à la création d'une bourse à la mobilité pour les lycéens qui n'auraient pas obtenu leur souhait dans une licence en tension. L'organisation étudiante veut également que le gouvernement soutienne les universités s'engageant à accueillir tous les lycéens dans les formations qui ne sont pas en tension.

De son côté, le Sgen-CFDT insiste sur la nécessité d'augmenter l'enveloppe indemnitaire de 8 millions d'euros déjà dégagée, afin de reconnaître l’engagement pédagogique des enseignants-chercheurs. Mais également sur l'importance de créer des postes sur les dispositifs d’accompagnement déployés dans le cadre des "oui, si".

En revanche, les propos du Premier ministre sur la mobilisation étudiante ne devraient pas satisfaire les opposants à la réforme : "Des petits groupes dans lesquels les étudiants ne sont pas toujours majoritaires, loin s'en faut, profitent que les universités soient des lieux ouverts pour mettre en scène une contestation profondément minoritaire."

Et Édouard Philippe de prévenir : "Chaque fois que des espaces universitaires seront confisqués par de petits groupes radicaux, que l'organisation des examens sera ciblée, nous répondrons avec fermeté."

Laura Taillandier | Publié le