Etudes et conditions de vie des étudiants : la polémique

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Etudes et conditions de vie des étudiants : la polémique
@Laurent Bouvet // © 
Redoutant un « embrasement universitaire », l’Elysée a opportunément attendu la rentrée des étudiants pour dévoiler les mesures du plan en faveur des jeunes. Pas de « dotation autonomie » à 18 ans comme le proposait le livre vert de la commission Hirsch mais un revenu de solidarité active (RSA) étendu aux moins de 25 ans. S’y ajoutent plusieurs mesures de suivi des décrocheurs scolaires. Sur les campus, l’avenir des étudiants est pour l’heure obscurci par la crise économique. Laurent Bouvet et Michel Abhervé alertent sur les conditions de vie difficiles des étudiants au travers d’une part d’une étude américaine, démontrant leurs effets néfastes sur la réussite académique, et d’autre part de l’installation d’une antenne du Secours populaire à Lille 1. Nous vous proposons d’ouvrir le débat avec ces deux billets de blogueurs d’Educpros.

Améliorer les conditions de vie des étudiants, c’est améliorer leur réussite

Les conditions de la vie étudiante (tout ce qui entoure les études stricto sensu) ne sont pas bonnes en France (en comparaison notamment des autres pays européens ou de l’OCDE). Et bien plus mauvaises encore à l’université que dans les grandes écoles et les classes préparatoires. Logement, santé, nourriture, accès aux nouvelles technologies et aux ressources documentaires, bourses, prêts et aides, aménagement des horaires de travail… dans tous les domaines, le retard pris ces dernières années est considérable. L’Observatoire de la vie étudiante en témoigne régulièrement.

Pourtant, les dépenses pour la vie étudiante sont non seulement nécessaires (égalité des conditions d’accès) mais encore indispensables pour améliorer les résultats des étudiants. Une étude américaine publiée récemment par le Cornell Higher Education Research Institute le démontre très bien dans le cadre américain. Non seulement l’augmentation des dépenses hors enseignement et recherche permet d’améliorer les taux de réussite des étudiants mais encore elles permettent une amélioration encore plus nette de la part des étudiants les moins favorisés (notamment celles des boursiers).

L’effort budgétaire (sans commune mesure avec les quelques dizaines de millions d’euros saupoudrés par le gouvernement actuel) devrait donc en priorité porter sur ces aspects essentiels, d’autant que cette reconnaissance de leur situation difficile et son amélioration substantielle permettrait ensuite de favoriser l’adhésion des étudiants à d’éventuelles réformes structurelles de l’enseignement supérieur.

Où l’on voit que le gouvernement en commençant la réforme par la gouvernance et l’autonomie (le toit de l’édifice universitaire) et en ne laissant plus que des miettes pour les conditions de la vie étudiante (la base de l’édifice) non seulement s’y est mal pris (on l’a vu au printemps) mais encore a fait les choses à l’envers.

Laurent Bouvet (billet publié le 28 septembre 2009)

Le Secours Populaire à l’Université

Le Secours Populaire Français (SFP) a ouvert une antenne sur le campus de Lille 1, à Villeneuve-d’Ascq. Une première en France. Les militants du SPF pourront y prendre contact avec les étudiants en difficulté sociale ou/et économique et tenter de les aider. L’action est a été mise sur pied en liaison avec les élus étudiants du conseil de Lille 1, car le bilan de santé du Centre universitaire pour la Promotion de la Santé (CUPS) a montré qu’un nombre croissant d’étudiants mangeaient mal et ne faisaient parfois qu’un seul repas par jour. D’autres rencontraient des problèmes de logement.

“Il faut que nous mobilisions tous les moyens nécessaires pour que ces étudiants puissent se consacrer à leurs études et réussir“, affirme Philippe Rollet, président de Lille 1, signataire de la convention entre l’Université et le Secours Populaire Français qui permet l’implantation de cette antenne permanente.

Cette intiative met fin à l’hypocrisie qui consiste à accuillir des étudiants qui ont besoin d’aide à l’exérieur des Universités. Il est probable qu’elle sera amenée à se généraliser.

Au ministère de l’Enseignement supérieur, on explique qu’en marge de sa visite à l’Institut Pasteur de Lille, la ministre Valérie Pécresse, surprise et sans doute un peu choquée par cette initiative, a demandé au recteur et au Crous “d’étudier la situation des étudiants en difficulté, pour voir comment ils peuvent être aidés dans le cadre des mesures d’aide sociale qui ont été prévues avec la réforme des bourses“, et en particulier via “le fonds d’aide d’urgence“.

La misère en milieu étudiant est une réalité. Il serait temps que notre Ministre s’en aperçoive.

Michel Abhervé (billet publié le 28 septembre 2009)

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