Dernière ligne droite pour la fusion des universités de Grenoble

Camille Stromboni Publié le
Dernière ligne droite pour la fusion des universités de Grenoble
Le campus de l'université Joseph Fourier à Grenoble @service com UJF-Grenoble // © 
La fusion des trois facs grenobloises entre dans sa dernière phase avec l'élection des conseils de la future université Grenoble-Alpes, le 3 décembre 2015. Patrick Lévy, président de Joseph-Fourier (Grenoble 1), revient sur les éléments qui ont permis à ce rapprochement d'aboutir, et notamment les garanties apportées aux sciences humaines et sociales.

Patrick Lévy - université Joseph Fourier Grenoble 1La fusion des trois universités grenobloises interviendra le 1er janvier 2016. Quelles sont les dernières étapes à venir ?

Nous sommes dans la dernière ligne droite. Les élections des conseils centraux de la nouvelle université ont lieu le 3 décembre 2015. Le président de l’université Grenoble-Alpes sera ensuite élu lors du premier conseil d’administration, en janvier 2016.

Lise Dumasy, actuelle présidente de l’université Stendhal (Grenoble 3), s’est déclaré candidate. Sébastien Bernard, président de l’UPMF (Pierre-Mendès-France - Grenoble 2), l’est également. 

De mon côté, je serai candidat à la présidence de la Comue (Communauté d’universités et établissements).

Pourquoi cette répartition des rôles ?

Nous nous sommes mis d’accord pour que le premier président de l’université Grenoble-Alpes soit issu des sciences humaines et sociales. Avec l’engagement de mes collègues de démissionner de la présidence de l’université dans deux ans, date à laquelle je me présenterai à mon tour à cette fonction.

Les universités de SHS (sciences humaines et sociales) rencontrent souvent des difficultés à trouver leur place dans les fusions. À Grenoble, ce n'est pas le cas ?

Il y a certainement eu des craintes, mais nous avons multiplié les gages pour rassurer les SHS. Au niveau de la présidence, mais aussi en rééquilibrant les conseils centraux en faveur des sciences humaines et sociales.

Le corps électoral des enseignants-chercheurs se partage entre les quatre secteurs disciplinaires : droit, économie, gestion ; arts, lettres, langues, SHS ; sciences et technologie ; santé.

Pour le conseil académique, par exemple, au lieu de représenter les proportions exactes des électeurs, c’est-à-dire environ 70% du côté des sciences-technologies-santé, contre 30% pour les deux autres domaines, nous avons obtenu du ministère une dérogation pour établir un équilibre à 58%-42%. C’est politiquement extrêmement fort.

Concernant le conseil d’administration, les listes doivent comprendre tous les quatre candidats trois de ces quatre secteurs – en plus de l’exigence de parité, bien sûr.

Plus globalement, nous avons la chance de n’avoir aucun recoupement disciplinaire entre nos trois universités, ce qui facilite forcément les choses.

Je pense enfin que la confiance qui existe entre les acteurs sur le site grenoblois a permis à cette fusion d’arriver à son terme.

Nous avons évalué le coût de la fusion à 2 millions d’euros.

La fusion des services centraux a-t-elle déjà eu lieu ou la prévoyez-vous dans un second temps ?

La réorganisation est quasiment terminée. L’organigramme détaillé des services centraux est dessiné. Nous avons recruté les DGS (directeur général des services), les deux DGS adjoints et les directeurs généraux délégués, nouvel échelon mis en place afin d’éviter une structure en râteau où le directeur général des services se retrouverait face à un très grand nombre de chefs de service. L’encadrement supérieur est donc prêt. Le tout, à masse salariale constante.

Quant aux mouvements physiques, cela va être progressif. Il y a eu pour l’instant un déménagement : la DSI (Direction des services d’informations) est dans ses nouveaux locaux. La présidence et la DGS vont suivre. Et ce sera ensuite une série de dominos : d’ici un an, chacun devrait être à sa place.

Pour le reste, peu de chose va changer pour les équipes : il s’agit surtout de l’environnement de travail et de la nouvelle dimension des services, qui peut modifier les missions. Cela crée de l’inconnu et donc suscite de l’inquiétude mais j’ai le sentiment que, jusqu’ici, les choses se passent bien. Nous allons attendre la mise en œuvre finale.

La question sera de savoir si le service rendu est le même, ou meilleur. Nous aurons alors réussi.

Comment voyez-vous la situation budgétaire de l’université Grenoble-Alpes en 2016 ?

Nous avons évalué le coût de la fusion à 2 millions d’euros. Nous attendons de savoir si le ministère nous soutiendra. Nous avons réalisé des efforts très importants et nous espérons que l’État pourra nous apporter cette mise de départ nécessaire.

Nous savons, quoi qu’il en soit, que 2016 ne sera pas une année facile. Les difficultés, notamment celles de Joseph-Fourier qui a un GVT [Glissement-vieillesse-technicité : évolution de la masse salariale due à la progression de carrières des fonctionnaires, ndlr] très défavorable non couvert par l’État, laissent présager un possible déficit en 2016. Avant un retour à l’équilibre les années suivantes.

Nous comptons bien sûr gagner en efficience et faire des économies, sur les marchés principalement, mais tout cela est très compliqué à prédire. Nous y verrons plus clair en cours d’année.

Camille Stromboni | Publié le