Patrick Molle (directeur de France Business School) : "Rapprocher cinq campus, c’est beaucoup de travail"

Propos recueillis par Marie-Anne Nourry Publié le
Patrick Molle (directeur de France Business School) : "Rapprocher cinq campus, c’est beaucoup de travail"
Patrick Molle - EM Lyon // © 
France Business School devait dévoiler le contenu de son nouveau programme grande école ainsi que ses modalités de recrutement le 18 octobre 2012. Des annonces qui ont été reportées au 6 novembre. Le mystère s’épaissit autour de la nouvelle école, déjà réputée peu communicante. Patrick Molle, directeur de la nouvelle entité, livre à EducPros quelques explications sur son mutisme.


Les relations entre FBS et les banques d’épreuves Passerelle et Ecricome sont tendues depuis la rentrée 2012. Avez-vous des commentaires à ce sujet ?

FBS a été créée le 6 juillet et je suis arrivé le 1er septembre 2012, une fois que j’ai été libéré de mes fonctions à l’EM Lyon. Avec mes collègues, nous nous sommes immédiatement consacrés à la préparation de la rentrée. Je reconnais qu’il y a eu des maladresses de notre part, mais ce n’était pas de notre volonté, nous étions sous la pression du temps. Rapprocher cinq campus, c’est beaucoup de travail.

Nous avions l’intention de sortir de la banque Passerelle mais certains collègues nous ont devancés, en nous radiant. Je ne suis pas satisfait de la façon dont les choses se sont passées, mais nous sommes dans des jeux très concurrentiels.

Autre surprise : les écoles FBS (ESCEM, ESC d’Amiens, Brest et Clermont) n’ont pas participé au palmarès des grandes écoles de commerce de L’Etudiant. Pourquoi ?

"Nous avons décidé de ne participer à aucun classement cette année"


Nous avons décidé de ne participer à aucun classement cette année. FBS n’existe pas encore, et on ne peut pas participer au travers des écoles fondatrices puisque l’on communique auprès des candidats sous la nouvelle marque. Pour autant, je ne suis pas contre les classements et nous comptons répondre l’année prochaine.

Je regrette néanmoins le fait que les palmarès reflètent les choix des élèves de prépa dans le SIGEM. Le modèle se reproduit et on arrive à des dérives. Les entreprises, par exemple, déterminent les salaires, à la sortie des écoles, en fonction de leur rang. Moi-même, quand j’étais à l’EM Lyon, je ne connaissais les écoles FBS qu’au travers de leur rang. Mais quand je me suis rendu sur les campus de Brest ou d’Amiens, j’ai découvert des écoles dotées d’un projet pédagogique de grande qualité.

Pour sortir du conservatisme des classements, je pense qu’il faudrait prendre en compte de nouveaux critères tels que la responsabilité sociale. Nos systèmes sont un peu trop rigides. On veut que tout le monde fasse de la recherche mais les écoles trop petites n’en ont pas les moyens.


Vous avez décidé de reporter la présentation du programme grande école. Pourquoi ?

Tout simplement parce que nous n’étions pas encore prêts le 18 octobre. Je peux néanmoins vous assurer que le programme grande école que nous allons présenter sera extrêmement innovant. Le projet de fusion n’est pas né pour dire « on sera plus fort à plusieurs ». Il vient d’une vision de l’éducation en management de demain, et répondra à ce que les entreprises attendent en termes de leaders.

 
En quoi le nouveau programme grande école va-t-il être différent des programmes existants ?

"On ne peut pas continuer à dupliquer ce qu’on faisait par le passé, avec les générations nouvelles"

Tout d’abord, nous sommes partis d’un constat : la croissance est nulle et il est nécessaire de revoir le modèle de nos écoles. On ne peut pas continuer à dupliquer ce qu’on faisait par le passé, avec les générations nouvelles. Les médias et le commerce ont évolué par le biais des nouvelles technologies mais pas l’éducation. Ce domaine doit vivre des changements importants en termes de pédagogie. Le programme grande école sera la première concrétisation de ce que l’on va ensuite développer sur l’ensemble de nos programmes.

Ensuite, nous sommes convaincus qu’il est indispensable de diversifier le recrutement, notamment pour préparer les diplômés au monde de l’entreprise, où ils devront travailler avec tout le monde. Pour cela, nous avons besoin de tous les talents, mais certains n’arrivent pas à accéder à nos écoles. Les concours jugent seulement les capacités intellectuelles, pas les capacités de leadership. En résumé, nous voulons plus de diversité à l’entrée et une sélectivité sur des critères élargis. Toutefois, je le répète, nous ne jouons pas contre les classes préparatoires, nous allons aussi en recruter.


Des rumeurs courent sur une sortie de FBS du SIGEM, ce qui mettrait en péril le système d’affectation des prépas. Qu’en est-il ?

Je ne veux pas faire de commentaire à ce sujet. Nous dévoilerons nos modalités de recrutement le 6 novembre 2012.


Propos recueillis par Marie-Anne Nourry | Publié le