Un pôle bachelor d'EM Lyon à Saint-Étienne : dernière ligne droite

Jean-Claude Lewandowski Publié le
Un pôle bachelor d'EM Lyon à Saint-Étienne : dernière ligne droite
ESC Saint-Etienne // DR // © 
Sauf surprise de dernière minute, la CCI de Saint-Étienne et Montbrison devrait avaliser, dans les prochaines semaines, la naissance d'un pôle bachelor d'EM Lyon dans la cité stéphanoise, actant ainsi la fin annoncée de l'ESC Saint-Étienne. Une opération qui vient conforter la nouvelle stratégie de croissance d'EM Lyon, après deux années de vicissitudes.

Annoncée il y a plus d'un an, la création d'un pôle bachelor d'EM Lyon à Saint-Étienne est désormais tout près d'aboutir. Fin janvier 2014, un projet en ce sens sera soumis au vote de la CCI de Saint-Étienne et Montbrison, qui assure la tutelle de l'école stéphanoise. Le texte prévoit l'ouverture d'un bachelor à la rentrée prochaine et l'extinction progressive de l'ESC Saint-Étienne – épilogue devenu inévitable depuis le retrait de son grade de master, à l'été 2012. “Il ne s'agit pas d'une fusion des deux écoles, et nous ne reprenons aucun actif”, précise toutefois Bruno Bonnell, président (et directeur général par intérim) d'EM Lyon.

Il ne s'agit pas d'une fusion des deux écoles, et nous ne reprenons aucun actif (B. Bonnell)

Quid des actuels étudiants et enseignants stéphanois ?

Les élèves aujourd'hui inscrits en troisième année de l'ESC Saint-Étienne devraient pouvoir terminer normalement leur cursus. Idem pour la trentaine d'étudiants de deuxième année.

Le problème le plus délicat à régler est celui des quelque 35 élèves qui viennent d'intégrer l'ESC Saint-Étienne : a priori, ils devraient soit pouvoir aller jusqu'au terme de leur scolarité, soit être admis à rejoindre EM Lyon, selon des modalités qui restent à définir. “Pour l'heure, rien n'est figé”, indique Bruno Bonnell. Seule certitude, l'accès à EM Lyon ne sera pas automatique. Certains enseignants stéphanois se verront également proposer d'intégrer la faculté de l'école lyonnaise, tandis que la CCI de Saint-Étienne disposera d'un siège à son conseil d'administration.

Quant au nouveau bachelor, il s'agira d'un “programme d'excellence” en quatre ans, avec un effectif de 250 élèves par promotion en vitesse de croisière, soit un millier d'élèves en tout. Pour le démarrage, l'objectif annoncé est d'environ 70 inscrits.

La grande majorité des cours sera dispensée en anglais – de quoi attirer un nombre significatif de candidats étrangers. “Nous voulons immerger les étudiants dans la réalité des entreprises, en nous appuyant sur un tissu économique stéphanois composé de PME, souvent innovantes, diversifiées et dynamiques”, souligne le président d'EM Lyon. Les frais de scolarité devraient tourner autour de 7.000 € par an.

Parallèlement, l'ouverture d'un bachelor à Lyon n'est pas exclue, même si aucun projet en ce sens n'est dans les cartons. La démarche permettrait de contrer éventuellement le projet de l'ESC Dijon-Bourgogne, qui a annoncé le lancement de son propre bachelor dans la capitale rhodanienne.

Ancrage régional renforcé

La création de ce pôle stéphanois s'inscrit dans une nouvelle perspective stratégique pour l'EM Lyon. Bruno Bonnell estime que l'école a montré depuis deux ans une “capacité de résilience extraordinaire”, surmontant sans dommage apparent une crise de gouvernance et divers aléas en Chine.

Le groupe a même gagné deux places dans le classement 2013 des business schools européennes publié par le Financial Times, où il occupe la 13e position. Il bénéficie aujourd'hui d'une situation financière saine (pas de dette, une capacité d'investissement préservée), mais son budget (52 millions d'euros seulement) le place nettement en retrait par rapport aux institutions comparables. Aussi doit-il rechercher les voies d'une croissance qui apparaît désormais comme une “nécessité” pour lui permettre de continuer à rivaliser avec les écoles de tête en France et en Europe.
Cette croissance, pour Bruno Bonnell, repose sur trois éléments-clés. D'abord, un corps professoral de haut niveau, capable à la fois d'“anticiper les besoins” et de former “des entrepreneurs avec une vraie vision des enjeux sociétaux”.

Deuxième axe, le renforcement de l'ancrage régional, seul susceptible d'offrir une base solide pour essaimer hors de l'Hexagone. C'est dans cette perspective que se place le lancement du pôle stéphanois, “complément naturel” du site lyonnais.

Au passage, Bruno Bonnell estime qu'avoir laissé l'ESC Chambéry rejoindre l'INSEEC a été “une erreur”. “Rien ne nous empêche demain de nous rapprocher d'autres institutions”, poursuit-il cependant, évoquant la piste d'écoles de design ou d'architecture. Il dément en revanche les rumeurs de discussions avec d'autres business schools – même s'il juge “impensable”, dans le contexte rhônalpin, de ne pas entretenir “un dialogue régulier” avec Grenoble EM.

Troisième pilier de la stratégie du groupe, le développement international. EM Lyon n'entend pas se limiter à la Chine, où elle est depuis longtemps très présente – elle dispose notamment d'un campus sur le site de Normal University à Shanghai. Le groupe souhaite ainsi “s'ouvrir à d'autres territoires”, notamment sur des marchés en croissance forte. Pour l'heure, les priorités géographiques et les modalités concrètes de cet essor à l'international ne sont pas fixées : ce sera l'une des missions du prochain directeur général.

Bientôt un nouveau DG à l'EM Lyon
Engagé depuis plusieurs mois, le processus de nomination d'un nouveau directeur général d'EM Lyon est également en bonne voie. Depuis le départ de Philippe Courtier à l'été 2013, c'est Bruno Bonnell qui assure l'intérim.
Aujourd'hui, seuls deux candidats restent en lice. Tous deux occupent des responsabilités dans l'enseignement supérieur "en Europe". La décision officielle ne devrait pas intervenir avant fin février 2014.
Toutefois, la prise de fonction effective du nouveau directeur n'aura lieu qu'à la fin de cette année scolaire, soit vers le début de l'été, afin de lui permettre d'achever son mandat actuel.

Jean-Claude Lewandowski | Publié le