Polytechnique : la Khômiss, appelée à se "réinventer"

Céline Authemayou Publié le
Alors que l’Ecole polytechnique accueille depuis le 1er juillet 2013 un nouveau président exécutif, l’établissement fait parler de lui pour un tout autre sujet. Son conseil d’administration, réuni le 27 juin dernier, a décidé de dissoudre la structure étudiante Khômiss, suite à une dérive intervenue dans la nuit du 10 au 11 juin.

L'information a mis plusieurs jours à remonter auprès de la direction. Début juin 2013, des étudiants de Polytechnique, tous membres de la Khômiss, ont abandonné l'un de leurs camarades en pleine nuit, à 1 km de marche de l'établissement situé à Palaiseau (91). La motivation de cette "blague": punir l'élève de son manque d'implication au sein d'une association de l'école.

Le 27 juin dernier, après avoir rencontré les étudiants concernés et rappelé les règles de l'école à tous les élèves, le conseil d'administration de l'X a donc décidé d'agir, en prononçant la dissolution de la Khômiss, "dans sa forme actuelle" précise l'établissement. Une action limitée puisque l'organisation n'a pas de structure juridique.

Existant depuis deux siècles, la Khômiss cultive le culte du secret et rassemble une dizaine de membres dont seul le chef, le GénéK, est connu des étudiants. Si elle veille aux traditions de l'école – et organise à ce titre la remise des Bicornes et de la Tangente –, elle est aussi connue pour son goût du folklore. Pas toujours de bon goût.
"Il faut bien reconnaître que la Khômiss entretient une ligne un peu compliquée entre le gag potache et la blague déplacée, avoue Laurent Billès-Garabédian, président de l'AX, association des anciens élèves de l'école. L'épisode intervenu au mois de juin a choqué les élèves et les anciens. S'en prendre à un étudiant est inacceptable et c'est à l'opposé des valeurs prônées par l'école. En revanche, si la blague potache est reconnue, il ne s'agit en aucun cas d'une idéologie malsaine". L'école ne tient pas un autre discours.

Une ligne un peu compliquée entre le gag potache et la blague déplacée (L.Billès-Garabédian)

"Repartir sur des bases saines"

Suite à cet événement, la direction a décidé de former un groupe de réflexion, au sein duquel les étudiants eux-mêmes pourront réfléchir à la nouvelle forme à donner à la Khômiss. "Aujourd'hui, il est clair que cette structure doit se réinventer", souligne Laurent Billès-Garabédian. Plutôt que de regarder vers le passé, il faut se tourner vers le XXIe siècle. Déambuler dans les rues avec des cagoules sur la tête n'est pas du meilleur goût... Je crois qu'il est essentiel de repartir sur des bases saines." De son côté, l'école précise qu'une réflexion était déjà en cours depuis plusieurs mois, notamment pour remettre en question le principe d'anonymat des membres de la Khômiss.
Ce travail intervient au moment où l'établissement connaît une refonte profonde de son organisation, avec l'arrivée d'un nouveau président exécutif, Jacques Biot, issu du monde civil. La révolution X en marche ?

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