Pour contrer les déserts médicaux en Centre-Val de Loire, une initiation à la Paces dès le lycée

Cécile Peltier Publié le
Pour contrer les déserts médicaux en Centre-Val de Loire, une initiation à la Paces dès le lycée
Des professeurs et des étudiants du tutorat de la faculté de médecine de Tours participent à l'élaboration de vidéos qui seront utilisées dans "Ambition Paces". // © 
Quatorze lycées de l'académie d'Orléans-Tours expérimenteront, à partir de la rentrée 2018, une initiation aux études de santé destinée aux élèves de première et de terminale dans le cadre de l'accompagnement personnalisé.

Avec ses 281 médecins pour 100.000 habitants en 2016, contre 421 en moyenne au niveau national, en 2016, la région Centre-Val de Loire fait presque figure de désert médical. Alors que les besoins vont croissant, en raison du vieillissement de la population, "les bacheliers de série S [de la région] ne candidatent pas ou très peu à une Paces [première année commune aux études de médecine]", remarque le rectorat d’Orléans-Tours dans une note de travail.

En cause notamment : "un phénomène d’autocensure fréquent chez les élèves issus de catégories sociales modestes", a fortiori dans ces régions rurales. "Cette autocensure à l'égard des études de santé, qui est souvent celle de la reproduction sociale, se fait particulièrement sentir dans les régions rurales ou dans les zones urbaines sensibles comme en compte la région", pointe la rectrice, Katia Béguin, contactée jeudi 15 mars 2018 par EducPros.

Pour tenter d'inverser le phénomène, le rectorat, la faculté de médecine de l’université de Tours, l’ARS Centre-Val de Loire (Agence régionale de santé) et la Région ont imaginé et conçu "Ambition Paces", un dispositif d’initiation aux études de santé, accessible dès la classe de première.

14 lycées partenaires

Présenté jeudi 15 mars 2018 au président de la République, Emmanuel Macron, et au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en déplacement au lycée Thérèse-Planiol à Loches (Indre-et-Loire), ce nouveau dispositif sera proposé dès la rentrée 2018 aux lycéens de première et de terminale S.

"Nous avons sollicité 14 lycées de zone rurale ou urbaine sensible [voir la liste ci-dessous], en nous disant que la moitié accepterait, et les 14 ont répondu présents !" se réjouit Katia Béguin. Un moyen aussi pour ces lycées polyvalents, sélectionnés notamment pour leurs places disponibles en internat, d'accroître leur attractivité.

Plus qu’une véritable "prépa", cet enseignement, ouvert aux élèves volontaires (une vingtaine par établissement), dans le cadre du volet orientation de l’accompagnement personnalisé, à raison d’environ 1 h 30 par semaine, s’apparente plutôt à un accompagnement.

Au programme : une introduction à certaines grandes notions du programme de Paces, à la méthode de la prise de note, du travail en binôme ou aux QCM. Des professeurs et des étudiants du tutorat de la faculté de médecine de Tours élaborent actuellement des petites capsules, à partir d’extraits de cours d’amphi. Ces petites vidéos serviront ensuite de base à l'accompagnement assuré par les professeurs de SVT, de mathématiques et de physique-chimie des établissements.

Chaque élève sera également coaché par un étudiant du tutorat. De quoi, espère Katia Béguin, susciter des vocations et donner envie aux jeunes praticiens, une fois diplômés, de s'installer dans leur région d’origine. Un défi, quand on sait qu’au moment de l’internat, les étudiants en médecine ont la possibilité de changer d’université...


Les 14 lycées de la région Centre-Val de Loire qui expérimenteront dès la rentrée 2018 "Ambition Paces" :
- Cher : les lycées Marguerite-de-Navarre, Jacques-Cœur et Alain-Fournier, à Bourges et Édouard-Vaillant à Vierzon ;
- Eure-et-Loir : lycées Rotrou à Dreux et Silvia-Montfort à Luisant ;
- Indre : Pierre-et-Marie-Curie et Jean-Giraudoux à Châteauroux, et Balzac-d’Alembert à Issoudun ;
- Indre-et-Loire : Thérèse-Planiol à Loches ;
- Loir-et-Cher : les lycées Camille-Claudel et Dessaignes à Blois ;
- Loiret : les lycées Bernard-Palissy à Gien et Durzy à Villemandeur.

Cécile Peltier | Publié le