International : France Business School parie d'abord sur la Chine

Étienne Gless Publié le
International : France Business School parie d'abord sur la Chine
Campus de Tours de FBS // © 
Toujours en pleine fusion des quatre écoles qui lui ont donné naissance, France Business School ambitionne de compter 30% d’élèves étrangers d’ici cinq ans sur ses campus contre 15% aujourd'hui. Une stratégie d'internationalisation qui s'appuie notamment sur des partenariats avec la Chine.  

"Traditionnellement, nos confrères ouvrent un campus à l’étranger. Nous, avec l'université de Pékin,  nous avons tenu à ouvrir chacun nos campus sur le territoire de l’autre. C'est une première." Patrick Molle, directeur de FBS, cultive l’art de la distinction. Après avoir transformé le mode de recrutement des étudiants à l’entrée, la business school née en 2012 de la fusion des quatre écoles (ESC Amiens, Brest, Clermont et Escem Tours-Poitiers) poursuit sa stratégie : "nous voulons bousculer les repères de nos étudiants. Nous voulons des gens qui pensent différemment, qui imaginent des solutions en rupture. Pour ce faire, il faut placer les gens dans des environnements fondamentalement différents". Et quoi de mieux que la Chine pour "casser les repères" des étudiants, reconnaître la différence et s’en nourrir sur le plan pédagogique ?

Concrètement, à la  rentrée 2014, FBS va ouvrir à Pékin un campus sur l’un des cinq sites de la Beijing City University (BCU) qui compte 23.000 étudiants et 1.500 professeurs dans la Silicon Valley chinoise. Parallèlement, l’université de Pékin va installer en France son propre campus, sur le site FBS de Tours. "Nous avons noué des partenariats avec une quarantaine d’universités dans le monde, observe Lin Liu, le président de Beijing City University. Jusqu’ici, beaucoup de nos étudiants allaient vers l’est, c'est-à-dire vers les Etats-Unis. Nous allons les orienter vers l’ouest et l’Europe." Une politique permise par l'autonomie dont jouit l’université de Pékin : "Je peux décider moi-même avec qui je fais des partenariats. Peu d’universités ont cette possibilité en Chine", confie Lin Liu.

En outre, dans le cadre de ce partenariat, les équipes pédagogiques de France Business School et de Beijing City University vont coproduire trois masters bi-campus, ouverts à l’identique sur les deux campus. Les thématiques retenues sont l'innovation et l'entrepreneuriat, le management des activités culturelles et de la protection du patrimoine, et le management de la sécurité et des risques agro-alimentaires. Ces trois programmes sont "en cours d'accréditation et d'homologation auprès du ministère chinois", précise Patrick Molle qui espère une validation pour le mois de janvier 2014.

Nous voulons des gens qui pensent différemment, qui imaginent des solutions en rupture (P.Molle)

Mandarin obligatoire pour tous les étudiants Bachelors

Les étudiants qui partiront sur le campus de Pékin ne seront pas les seuls à plonger dans le bain de culture chinoise. France Business School veut donner des bases en langue et culture chinoises aux quelque 500 jeunes qui entreront chaque année  dans ses bachelors : "à partir de septembre 2014, notre nouveau programme bachelor France Business School imposera à tous ses étudiants une initiation au mandarin et à la culture chinoise pendant leurs trois années de scolarité".

Mais le partenariat avec Beijing City University n'est pas sans arrière-pensée. Patrick Molle ne cache pas que France Business School veut se servir de la Chine comme levier pour attirer plus d'étudiants étrangers en France, notamment américains.
"Toutes nos écoles ont du mal à faire venir des étudiants américains en France sur nos campus. Donc elles ont du mal en retour à obtenir des places assez nombreuses pour nos élèves aux Etats-Unis, explique le directeur. A partir de la rentrée prochaine, nous pourrons offrir aux universités américaines nos plates-formes chinoises : leurs étudiants viendront passer un semestre sur notre campus en Chine et en échange, nous obtiendrons des places pour envoyer les nôtres dans les universités américaines." Reste à voir si ce pari se révèlera en effet gagnant.

Étienne Gless | Publié le