Prépas - universités : les frais de scolarité au cœur de la discorde

Morgane Taquet Publié le
Prépas - universités : les frais de scolarité au cœur de la discorde
Touls les lycées à classes préparatoires doivent signer des conventions avec les universités selon la loi ESR de juillet 2013. // ©  Stéphane Audras / R.E.A
La double inscription lycée-université, désormais obligatoire pour tous les élèves de classes préparatoires, doit faciliter le parcours de formation des étudiants. Une mesure prévue par la loi ESR de juillet 2013 qui peine à se mettre en place et achoppe sur la question des frais de scolarité.

Le rapprochement entre les universités et les classes préparatoires, inscrit dans la loi ESR de juillet 2013, se fait toujours attendre. Des conventions doivent régir les modalités du partenariat et notamment la double inscription lycée-université, mais peu ont été signées début 2015. Et ce alors même que les élèves ont entamé leurs vœux sur Admission-postbac depuis le 20 janvier et que chaque établissement devait annoncer, au plus tard en décembre 2014, le partenaire avec lequel il comptait conventionner.

"Les choses n'ont pas énormément avancé par rapport à l'automne. Le travail n'est pas finalisé du tout", admet Gilles Roussel, président de la commission formation et insertion professionnelle à la CPU (Conférence des présidents d'université).

En cause notamment : le nombre conséquent de conventions à élaborer. "Il ne s'agit pas de signer un accord entre une université et un lycée, mais bien que chaque filière signe une convention avec chaque filière de prépa." Des milliers de conventions à établir entre établissements qui n'ont pas forcément l'habitude de se parler, argue Gilles Roussel.

Qui inscrit, comment et à qui reviennent les sommes collectées ?

Pour autant, c'est bien la question des droits d'inscription qui pose problème. Pour Gilles Roussel, c'est au lycée de procéder à l'inscription, puis de reverser les sommes correspondantes aux universités partenaires. "Un montant forfaitaire de 5% peut être prélevé sur ces sommes pour financer les frais de gestion assurés par le lycée, mais pas pour faire des photocopies, précise Gilles Roussel. Nous sommes totalement opposés à ce que cela puisse servir aux lycées s'il n'y a pas de projet commun."

Côté prépas, Michel Bouchaud, président de l'Association des proviseurs de lycées ayant des classes préparatoires, se dit "en complet désaccord". S'il estime que le paiement de droits de scolarité par les élèves de prépas est légitime, il demande un geste de la part des universités. Les lycées sollicitent ainsi le reversement de 30% des sommes afin de couvrir les frais de gestion mais aussi les dépenses (de photocopies, par exemple) qui ne sont pas prises en charge par les subventions régionales allouées aux lycées et souvent demandées aux familles.  "N'oublions pas que certains étudiants vont payer des droits à une université où ils ne vont pas mettre les pieds", affirme le proviseur.

Et d'assurer : "S'il n'y a pas de reversement prévu, les conseils d'administration ne voteront pas spontanément les conventions. Ce sera aux recteurs d'imposer une règle, certes légitime mais peu propice au rapprochement que nous souhaitons."

Le ministère ne veut pas trancher : "Nous n'avons pas vocation à imposer une modalité plutôt qu'une autre. Nous devons simplement faire en sorte que la réglementation permette les différentes solutions."

En attendant, seules les conventions qui existaient déjà avec les prépas littéraires sont inscrites, à titre d'information, sur Admission-postbac. Cependant, pas d'inquiétude pour les futurs préparationnaires, l'inscription à l'université devra intervenir au plus tard le 15 janvier suivant la rentrée en prépa. Un temps inscrit dans la loi, qui servira cette année à trouver un compromis.

184 euros ou moins ?
Les étudiants de prépas devront-ils payer la même somme que les étudiants entrant en L1, à savoir 184 euros ? La question là non plus n'est pas réglée, même si un tarif réduit comme le régime cumulatif  actuel (étudiant inscrit à la fois en prépa et à l'université) pourrait être appliqué. Cette question devrait être réglée au cas par cas.
Morgane Taquet | Publié le