Prix Arces : la communication du supérieur à l'heure du numérique

Sylvie Lecherbonnier Publié le
Prix Arces : la communication du supérieur à l'heure du numérique
Le site "Tu fais quoi après le bac", créé par l'IUT d'Aix-Marseille, permet aux jeunes internautes d'être guidés dans leur orientation. // ©  Capture d'écran
Plus de vidéos, plus de produits ciblés, plus de numérique. Sans surprise, la communication des écoles et universités s'adapte aux nouveaux usages et se diversifie. Revue de tendance avec les prix de l'Arces, dévoilés vendredi 9 juin 2017, à l'occasion de l'assemblée générale de l'association.

Parmi les 42 dossiers envoyés par les 23 écoles et universités ayant participé à la 8e édition des prix de l'Arces, aucune plaquette institutionnelle. À en croire la présidente de l'Association des responsables communication de l'enseignement supérieur, Claire Laval-Jocteur, c'est une première. Une anecdote révélatrice de l'évolution des supports de communication des établissements d'enseignement supérieur. "La communication des universités s'adapte aujourd'hui aux nouveaux modes de consommation. On assiste à un basculement vers la vidéo, les réseaux sociaux et, plus largement, le digital", analyse-t-elle.

En tout, 14 prix ont été décernés vendredi 9 juin 2017, par un jury composé de professionnels de la communication et de journalistes spécialisés, dans six catégories : digital, vidéo, action de communication, corporate, édition et futur étudiant. Claire Laval-Jocteur juge positivement cette édition 2017 : "On sent une montée en professionnalisme de l'ensemble des dossiers, avec un soin particulier apporté à la forme, au graphisme, au scénario. Les réflexions sont plus abouties sur les stratégies de marque." Ces dernières années, les services communication des établissements d'enseignement supérieur se sont étoffés : ils comptent désormais en moyenne sept à huit personnes.

Faire rayonner la marque 

Dans la catégorie "corporate", l'université de Nanterre reçoit le premier prix pour son changement de nom et d'identité visuelle. Dénommée Paris 10-Nanterre pendant quarante ans, puis Paris-Ouest-Nanterre-la-Défense depuis 2007, l'université s'est rebaptisée Paris-Nanterre à l'été 2016 et a changé de logo après un vote de sa communauté.

Le deuxième prix de la catégorie "corporate" est attribué à l'université de Lille pour l'identité visuelle de Lilliad, son learning center.

Quand au "coup de cœur", il revient à la Comue Université Côte d'Azur et à "son poster scientifique". Un outil de communication scientifique simple et ingénieux, qui tient dans une pochette plastique. Son objectif ? Faire rayonner la marque de l'établissement partout dans le monde et développer le sentiment d'appartenance à cette nouvelle entité. Les chercheurs qui en ont besoin pour leur colloque et autres déplacements, envoient le PDF de leur poster au service reprographie de l'établissement qui l'imprime sur du tissu pour 29 euros l'unité.

Un seul prix a été décerné pour les "actions de communication". Il revient à l'université Grenoble-Alpes, pour son événement de rentrée, "UGA, c'est party". Une journée festive, avec course d'orientation, concert et animations sportives, pour marquer la première rentrée de l'établissement issu de la fusion des trois universités grenobloises. Là encore, une manière de faire connaître une nouvelle identité et de fédérer.

La vidéo, le format star

Dans la catégorie digitale, l'IUT d'Aix-Marseille reçoit le premier prix pour sa plate-forme d'orientation des lycéens. Baptisée "tu fais quoi après le bac ?", elle se présente sous la forme d'un test ludique de 50 questions sur les métiers, relié ensuite aux formations proposées par l'IUT. Réalisé en interne par des étudiants, elle devrait par la suite se déployer dans d'autres IUT.

Le coup de cœur revient à l'université de Montpellier, là aussi récemment fusionnée, pour son nouveau site web, entièrement développé sous Wordpress. Son ergonomie, avec ses menus sous forme de mapping, a été particulièrement appréciée par les membres du jury.

En matière de vidéo, Sciences po obtient le premier prix pour sa web-série "Profs". Chacun des 21 épisodes présente un cours, avec des interviews croisées de l'enseignant qui le dispense et des étudiants qui le suivent. Casting étudié, réalisation léchée... Le jury s'est enthousiasmé pour ces vidéos grand public.

Le deuxième prix revient à l'ESC Troyes pour sa vidéo institutionnelle de présentation "The choice is yours", vue près de 70.000 fois sur YouTube. Avec un texte slamé et une réalisation soignée, le jury a estimé qu'elle collait à l'identité de l'établissement et de son territoire.

Quant au coup de cœur de la catégorie vidéo, il est attribué à UniLasalle pour son clip de remerciements aux donateurs de sa campagne de levée de fonds. Intitulé "Les mécènes à la ferme", il s'inspire de "The Artist".

Deux prix ont été remis dans la catégorie "futur étudiant". L'IMT reçoit le premier pour sa plate-forme dédiée à l'apprentissage. Les écoles de l'Institut Mines-Télécom se sont regroupées pour proposer un site web répertoriant toutes leurs formations en alternance. Le portail permet aussi de déposer sa candidature. Une vitrine commune qui porte ses fruits. Ces cursus ont vu leur nombre d'inscrits augmenté de 30 % en 2016.

L'ESC Troyes reçoit à nouveau le deuxième prix pour une autre vidéo: son film admissibles 2016, intitulé "Se révéler", qui a cumulé plus de 120.000 vues sur YouTube.

Des éditions plus qualitatives

À l'heure du numérique, les éditions ne sont pas en reste et font même un bond qualitatif. L'Institut catholique de Paris obtient le premier prix pour l'"Esprit des lieux". Un recueil de témoignages destiné aux alumni, très haut de gamme, réalisé par l'agence Porte-Plume. L'université de Grenoble-Alpes reçoit le deuxième prix pour le premier numéro de son magazine (H)auteurs, qui met en avant les liens entre sciences et société, et en particulier entre l'établissement et son territoire. Il a été diffusé à 20.000 exemplaires, dans les rues de Grenoble et de Valence notamment.

Quant au coup de cœur, il revient à l'université de Paris 8 pour ses outils de communication autour de l'apprentissage, dans un univers "où il est difficile de se démarquer", fait savoir le jury. Des supports ciblés qui font dire à Claire Laval-Jocteur que "les établissements d'enseignement supérieur ne sont pas des électrons libres. Ils ont besoin d'un retour sur investissements. Ces outils de communication prouvent qu'universités et écoles sont au cœur de leur écosystème." Avec des communicants fiers de leurs établissements.

Cédric Villani, personnalité de l'année de l'enseignement supérieur pour l'Arces
Pour la huitième édition des prix de l'Arces, l'association a ouvert une nouvelle catégorie : "la personnalité de l'année". Le premier prix est décerné à Cédric Villani, proposé par l'université Claude-Bernard Lyon 1. Il a "beaucoup œuvré aux côtés de la direction de la communication pour l'image de l'université. Et il a ainsi contribué à faire rayonner l'enseignement supérieur auprès du grand public, explique le jury. C'est la réussite d'un duo communication-chercheur qui est mise en lumière."

Un coup de cœur a été décerné à Maxime de Simone, élève ingénieur à l'UTT (Université de technologie de Troyes) : "Très impliqué auprès de la direction de la communication, il est le relais au niveau national du projet Mind pour repenser la formation d'ingénieur et les pratiques pédagogiques."

Sylvie Lecherbonnier | Publié le