Idex "prometteurs" : Lyon et Hésam prennent des routes différentes

Camille Stromboni Publié le
Idex "prometteurs" : Lyon et Hésam prennent des routes différentes
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon // ©  Camille Stromboni
Deux sites universitaires ont obtenu un statut un peu particulier lors de la première compétition des Investissements d’avenir en 2012 : Lyon et Hésam avaient été labellisés "Initiative d'excellence"… mais seulement à moitié ! Pour cette saison 2 des Idex, ils retournent au combat, chacun à sa manière.

Idex "prometteurs", "semi-Idex"… Le projet lyonnais et celui du pôle parisien Hésam n’ont pas obtenu le label d'initiative d’excellence en 2012, mais tout de même un soutien de l’État sur trois ans, au vu de la qualité des dossiers. Pour cette nouvelle compétition des Idex (Initiatives d'excellence), dont les auditions débutent le 20 avril 2015, ils sont de nouveau sur les rangs, mais ce sont deux chemins différents qu'ils empruntent pour décrocher une partie du capital de 3,1 milliards d'euros mis en jeu.

Lyon en route pour 2016

Le site lyonnais n’entrera dans la danse qu’en 2016, pour la seconde vague de sélection, comme le permet l'appel à projets pour ces deux sites "prometteurs". Ce qui lui permettra d’être arrivé au bout des trois ans du premier projet, soutenu par une enveloppe de 27 millions d’euros.

Jean-François PINTON - ENS Lyon"Notre dossier de candidature sera prêt fin 2015, explique Jean-François Pinton, directeur de l’ENS Lyon et chef du projet Idex. Nous avons décidé ainsi d’allier le bilan et le projet." Les universités et les écoles lyonnaises repartent sur les mêmes thématiques – bio-santé, sciences et ingénierie – avec un axe supplémentaire sur les humanités et urbanités. L'Inria et l’Inserm devraient intégrer le projet.

Gouvernance : la preuve par l’expérience

Quant à la gouvernance, qui était le principal point faible soulevé par le jury en 2012, les Lyonnais ont choisi de rester sur la même ligne. "Cette question de gouvernance n’est plus un problème : elle fonctionne ! Nous sommes un ensemble fédéral d’établissements très divers, tout est piloté par le bureau de l’université de Lyon. Nous avons pris de nombreux arbitrages sur des millions d’euros, de manière remarquablement intégrée", soutient Jean-François Pinton.

Et c’est justement cette expérience qui fera la différence, espère-t-il. "Nous avons gagné une très forte crédibilité sur notre capacité à travailler ensemble, avec de nombreuses réalisations tout à fait comparables à celles des Idex de plein exercice", juge-t-il.

Les établissements travaillent à l'amélioration du dossier sur un autre volet : le lien avec les collectivités et le monde économique. "Certaines de nos actions y gagneraient beaucoup. Il faut passer de la compatibilité à la synergie avec l’ensemble des acteurs du territoire, et éviter les stratégies conflictuelles. D'où les concertations que nous menons depuis plusieurs mois pour dégager des priorités communes", décrit-il.

Le domaine scientifique de la Doua - Université Lyon 1 © S.Blitman - mai 2013

Hésam prend un nouveau départ 

Côté parisien, Hésam, qui réunit notamment l’université Paris 1, le Cnam ou encore l’ENA et l’ESCP, a décidé de candidater dès le premier tour des Idex. Le dossier n'est en effet plus le même : le pôle a éclaté à la rentrée 2014, avec le départ de cinq écoles, dont l’EHESS et l’EPHE. Terminé le projet PNM (Paris Nouveaux Mondes) récompensé en 2012, place à Confluence !

"Plutôt que de prendre le temps de cautériser nos plaies avant de repartir, nous avons préféré nous lancer dans ce projet et montrer qu’on a des choses à faire ensemble !, explique Laurent Carraro, à la tête d'Arts et Métiers ParisTech et du regroupement d’établissements. L’engagement des personnels prouve que c’était la bonne stratégie. Je ne suis pas certain que beaucoup de Comue (communautés d'universités et établissements) se seraient relevées aussi vite d’une telle crise."

S'appuyer sur le premier projet

Que reste-t-il de l’Idex PNM, pour lequel Hésam avait obtenu 18 millions d’euros ? À la suite du départ des écoles, le soutien de l'État a été revu à la baisse, à 14,5 millions d’euros jusqu'en 2016.

Laurent Carraro, directeur général d’Arts et Métiers ParisTech et membre de la commission permanente de la Cdefi"Beaucoup de nos actions ont été des succès, estime Laurent Carraro, citant notamment le Centre Michel Serres, "où l’interdisciplinarité n’est pas qu’un mot" et qui "positionne Hésam comme un acteur social et économique", souligne-t-il.

Le nouveau dossier ne part donc pas de zéro : l’interdisciplinarité reste un axe central, les sciences humaines et sociales également. En revanche, le projet se structure désormais autour de cinq thématiques et l’ambition est de "dépasser le volet académique pour se placer en acteur global", décrit le directeur d’Arts et Métiers ParisTech.

Tirer les leçons de la crise

Pas question non plus de reproduire les erreurs de cette première expérience. "Nous avons tiré les leçons de l’échec de la dualité entre le pôle Hésam et l’Idex PNM, qui avaient chacun une gouvernance. Dans notre projet Confluence, les gouvernances sont fusionnées et l’Idex sera au cœur de la Comue."

Quant à savoir s’il est encore possible de prétendre à un Idex après avoir perdu plusieurs poids lourds comme l'EHESS, et connu des tensions importantes entre membres du regroupement, le directeur n'a pas d'inquiétude : "Nous avons passé le cap des discussions plus ou moins stériles et conflictuelles, comme celles des statuts de la Comue, souligne-t-il. Quant à notre potentiel scientifique, il est tout à fait à la hauteur."

La compétition est lancée.

La saison 1 des Idex : huit lauréats et deux semi-Idex
Les Initiatives d'excellence sont l'un des appels à projets lancés avec le Grand Emprunt, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. L'objectif étant de sélectionner des projets "transformants" de grandes universités internationales. Pour la première saison, qui s'est achevée en 2012, huit pôles universitaires ont été retenus : Bordeaux, Strasbourg, Paris Sciences et Lettres, Aix-Marseille, Sorbonne Universités, Sorbonne Paris Cité, Saclay et Toulouse.

Chacun a obtenu les intérêts d'un capital de 750 à 900 millions d'euros, pour une période de quatre ans. Chaque projet sera évalué de nouveau en 2016, afin de reconduire ou non ces financements.

Bien qu'ils n'aient pas été retenus comme Idex, Lyon et Hésam ont eux été distingués comme des "Idex prometteurs", c'est-à-dire qu'ils ont obtenu une enveloppe pour développer leurs projets sur trois ans.
Les membres des Idex prometteurs
– Les établissements qui portent le dossier de l'Idex Lyon Saint-Étienne : université Lyon 1 Claude-Bernard, université Lyon 2 Lumière, université Lyon 3 Jean-Moulin, université de Saint-Étienne Jean-Monnet, ENS de Lyon, École centrale de Lyon, Insa de Lyon, IEP de Lyon, VetAgroSup, École nationale des travaux publics de l'État, École nationale d'ingénieurs de Saint-Étienne, CNRS.

– Les établissements qui portent le dossier de l'Idex d'Hésam : Cnam, CNRS, École du Louvre, ENA, Ensam, ENSAPLV, Ensci‐Les Ateliers, ESCP Europe, Ined, Inha, INP, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

– La biographie EducPros de Laurent Carraro
– La biographie EducPros de Jean-François Pinton

Camille Stromboni | Publié le