Recomposition en vue des concours d'écoles d'ingénieurs

Laura Makary Publié le
Recomposition en vue des concours d'écoles d'ingénieurs
À partir de la rentrée 2019, 320 étudiants seront recrutés par Arts et Métiers via le concours Centrale-Supélec. // ©  Arts et Métiers ParisTech
L'école d'ingénieurs Arts et Métiers intégrera le concours Centrale-Supélec dès la session 2019. Elle sort du concours E3A, qu'elle co-organisait depuis des années. Une annonce qui pose la question de son avenir.

Le transfert se préparait depuis plusieurs mois, il est désormais acté. Le 15 février 2018, Arts et Métiers a annoncé, dans un communiqué, rejoindre le concours Centrale-Supélec, officiellement dès la session 2019. L'école d'ingénieurs multicampus recrute donc cette année pour la dernière fois via le concours E3A pour les filières MP, PC et PSI. Soit 330 places. En revanche, ses 550 et 35 places sur la banque PT et le concours TSI demeurent inchangées.

L'objectif, pour l'école ? "Continuer de recruter au meilleur niveau ses élèves, notamment pour la filière PSI, tout en permettant une réduction du nombre de jours d'écrits". En somme, alléger le calendrier d'épreuves des élèves de CPGE, en superposant les concours E3A et X-ENS qui n'attirent pas tout à fait le même public.

"Afin de [le] permettre, Arts et Métiers a décidé de sortir du concours E3A. En effet, l'ENS recrute sur le même vivier que les Arts et Métiers dans la filière PSI", justifie l'établissement dans son communiqué. Elle a choisi le concours Centrale-Supélec, qui est, selon elle, "le plus proche en termes d'épreuves et de niveau de recrutement". Un transfert acté par les Écoles centrales, qui ont donné leur accord en janvier 2018.

L'avenir incertain d'E3A

Arts et Métiers étant très investie dans l'organisation du concours E3A, les 74 autres établissements doivent rapidement réfléchir à de nouvelles modalités. Joint par EducPros, Laurent Champaney, directeur général de l'école, précise que ceux-ci pourront compter sur son soutien durant une période de transition. "Nous leur avons proposé de continuer à assurer la gestion du concours temporairement, pour qu'ils puissent s'organiser. Cependant, si d'autres écoles venaient à également à en sortir, cela modifiera l'équilibre financier. Nous avons donc présenté un calendrier, avec des simulations de coûts. L'objectif est d'avoir des engagements fermes en juin 2018, afin de savoir si nous participons à la tenue du concours E3A en 2019", déclare-t-il, expliquant avoir eu, pour le moment, peu de retours des écoles partenaires.

Si la transition est assurée, en revanche, sur le long terme, la question de l'avenir du concours est posée. Tout dépendra des positions des établissements qui y recrutent d'importants flux d'étudiants, comme le réseau Polytech (14 écoles), ou encore l'ESTP (École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie). Contactée par EducPros, cette dernière n'a pas souhaité communiquer sur le sujet. Quant à Gilles Dussap, président du concours E3A, il reste prudent : "Après presque vingt ans de stabilité, nous sommes à une période charnière pour les concours CPGE. Nous allons commencer une concertation, entre écoles concernées, pour décider de notre future organisation."

Ce départ interroge toutes les écoles d'E3A. L'Efrei Paris étudie ainsi différentes pistes. Un enjeu important, puisque l'établissement, basé à Villejuif (Val-de-Marne), recrute environ 60 élèves de CPGE chaque année. "Mon souhait serait que les écoles d'E3A puissent collectivement se rapprocher d'un autre concours, en tant que banque de notes. Nous respecterions ainsi la volonté du ministère de réduire le nombre de semaines d'épreuves pour les élèves de CPGE", souligne Frédéric Meunier, directeur de l'Efrei. L'autre option : conserver malgré tout une semaine d'épreuves, au même moment que le concours X/ENS.

Les écoles ont donc un an, éventuellement un peu plus grâce au soutien transitoire d'Arts et Métiers, pour trouver une solution pérenne, collectivement ou individuellement. Premières réponses d'ici à la fin de l'année scolaire.

Laura Makary | Publié le