À Bordeaux, l'université fait feu de tout bois pour stabiliser ses effectifs

Morgane Taquet Publié le
À Bordeaux, l'université fait feu de tout bois pour stabiliser ses effectifs
Comme l'an dernier, l'université de Bordeaux accueille près de 54.000 étudiants. // ©  Université de Bordeaux - O.Got
Inscriptions dématérialisées, gestion des capacités d'accueil, travail sur l'orientation des lycéens ou développement des cours en ligne. L'université de Bordeaux met tout en œuvre pour réguler les flux d'étudiants, y compris dans les filières en tension.

"Nous sommes aux limites du fonctionnement, mais nous ne sommes pas dans le rouge." C'est ainsi qu'Achille Braquelaire, vice-président formation et vie universitaire, résume la question des effectifs à l'université de Bordeaux, alors qu'une majeure partie des étudiants de première année ont fait leur rentrée.

"Les chiffres sont relativement stables à ce stade, notamment en licence, assure-t-il. Nous étions à 54.000 étudiants l'année dernière, les effectifs auront à peu près les mêmes proportions cette année."

Les effectifs définitifs seront connus en octobre : "l'université a généralisé l'inscription dématerialisée en licence cette année, rappelle le vice-président. Les taux d'inscription sont donc difficilement comparables de date à date". Près de 8.000 néobacheliers se sont inscrits cette année.

Gérer les capacités d'accueil

En 2015, l'université avait connu une hausse de plusieurs centaines d'étudiants, notamment en sciences et technologie, ainsi qu'en Staps, "car nous avions augmenté les capacités d'accueil", indique Achille Braquelaire. En cette rentrée, ce sont les filières sciences et techno, sciences de la vie (quelques dizaines de plus), ainsi que Paces qui voient leurs effectifs croître. Quatre filières sont à capacité limitée : Staps, psychologie, sociologie et Paces.

Trop d'étudiants ? "Pour l'instant on ne craque pas, mais du point de vue pédagogique, je ne vais pas vous dire que c'est satisfaisant partout, concède-t-il. La vraie problématique, c'est que nous n'avons pas les moyens de garantir une place à tout le monde."

Comme dans beaucoup d'universités, c'est le cas de la filière Staps. En juin dernier, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé la décision de refus d'inscription dans cette filière d'un candidat recalé au tirage au sort dans la filière Staps bordelaise.

Une offre de formations repensée

Pour optimiser les flux d'étudiants, l'université de Bordeaux travaille sur diverses solutions. En psychologie, où la question des flux est problématique, les capacités d'accueil ont été réduites en première année de licence et l'offre repensée : "L'université propose des L3 plus professionnalisantes pour permettre des sorties à ce stade. À terme, nous devons arriver à un flux que nous pourrons maîtriser en master."

Autre piste : développer l'immersion des lycéens à la fac, en collaboration avec les professeurs principaux des lycées. Objectif : "Les sensibiliser à l'université et mettre un terme aux fausses représentations de certaines filières, comme le droit ou la psycho", détaille Achille Braquelaire. À eux ensuite de voir si ces filières sont faites pour eux... Ou pas.

Enfin, parmi les autres axes stratégiques, figure le développement de l'offre en ligne. Une pratique qui permettrait d'accueillir un maximum d'étudiants tout en diminuant le volume des cours en présentiel. "Cela pourrait provoquer un désengorgement, mais notre projet a avant tout une vertu pédagogique : les enseignants partageraient leur vraie plus-value pendant les cours", précise le vice-président. Des pratiques testées cette année dans le cadre de la refondation de l'offre de formations.

La fac d'éco facilite les réorientations
L'UFR de sciences économiques a vu ses effectifs grossir de 450 à plus de 900 L1 en une dizaine d'années. Pour autant, "nous avons voulu conserver des TD à 35 élèves en moyenne. Nous créons ainsi cette année une classe de TD supplémentaire, soit 24 au total", déclare André Meunier, directeur des études de la licence économie/gestion.

L'UFR travaille beaucoup sur l'orientation, voire la réorientation en cours d'année, notamment pour répondre au taux d'échec en L1, qui s'élève à 42 %. Un bilan pour repérer les décrocheurs est réalisé début novembre avec les enseignants référents, rapporte le directeur des études. Ensuite, les conditions pour se réorienter ont été facilitées. "L'essentiel des orientations se fait de la filière économie vers celle d'AES. Désormais, nous conservons la moyenne du premier semestre lorsque les étudiants rejoignent une autre filière afin qu'ils ne perdent pas de temps", précise-t-il.

Une stratégie pour éviter que les étudiants ne baissent pas complètement les bras au premier semestre lorsqu'ils font fausse route qui semble fonctionner. "Depuis que nous conservons la moyenne du premier semestre, nous avons beaucoup moins d'abandon", assure le directeur des études.

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Morgane Taquet | Publié le