Rentrée universitaire. Najat Vallaud-Belkacem défend son budget

Camille Stromboni Publié le
Rentrée universitaire. Najat Vallaud-Belkacem défend son budget
Najat Vallaud-Belkacem et Geneviève Fioraso - conférence de presse de la rentrée universitaire - 24 septembre 2014 // ©Nicolas TAVERNIER/REA // © 
Lors de la conférence de presse de la rentrée universitaire 2014-2015, Najat Vallaud-Belkacem et Geneviève Fioraso ont donné les premiers chiffres du budget 2015 et mis en avant les efforts du gouvernement en faveur de l'enseignement supérieur et de la recherche, dans un contexte contraint. Suffisant pour la communauté universitaire ?

"Nous avions promis la sérénité après le quinquennat précédent, nous l'avons rétablie tout en étant exigeants", affirme Geneviève Fioraso. La secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche et la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, ont tenu leur conférence de rentrée le 24 septembre 2014, avec pour leitmotiv la "priorité à la réussite pour tous".

"L’université est en mouvement", se réjouit la secrétaire d’État, accompagnée de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. En plus d'énumérer des différents chantiers en cours, entrepris à la suite de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de l’été 2013, les deux responsables ont défendu leur budget. Au moment où les présidents d’université dénoncent le manque de moyens de leurs établissements et à la veille des manifestations prévues par le mouvement "Sciences en marche".

45 millions d'euros de plus pour 2015

"Notre budget a progressé de 600 millions d’euros depuis 2012, ce n’est pas anodin. Et ce sera 45 millions d'euros de plus l’an prochain pour l’enseignement supérieur et la recherche, a tenu à souligner Najat Vallaud-Belkacem, une semaine avant les annonces officielles sur le budget. "Sans oublier les créations d’emplois : 3.000 jusqu’ici dans l’enseignement supérieur", a-t-elle poursuivi.

L’augmentation serait donc d’environ +0,2% en 2015 pour la Mires (Mission interministérielle recherche et enseignement supérieur, qui représentait 26,06 milliards d’euros en 2014).

"On peut dire qu’on a tenu nos engagements, a-t-elle insisté. Même si je ne méconnais pas les difficultés de gestion que peuvent rencontrer les universités, je ne peux laisser dire que nous n’aurions pas fait les efforts nécessaires sur le budget."

"Il est d’usage de demander des moyens supplémentaires en cette période de négociation, a renchéri Geneviève Fioraso. C’est de bonne guerre. Nous répondrons en partie aux attentes [des présidents d'université] concernant la compensation du GVT [glissement vieillesse-technicité] et la compensation des exonérations des boursiers."

Je ne peux laisser dire que nous n’aurions pas fait les efforts nécessaires sur le budget.
(Najat Vallaud-Belkacem)

De moins en moins d'universités en déficit

La secrétaire d’État s’est en outre félicitée de la bonne trajectoire financière des universités : si 16 universités étaient en déficit pour l’exercice budgétaire 2012, elles ne sont que 8 en 2013, dont 4 en déficit deux années de suite.

"C’est une bonne nouvelle. La situation était très difficile quand nous sommes arrivés [au ministère], car la loi LRU a organisé les transferts sans l’accompagnement, et nous réussissons peu à peu à rétablir les choses. Nous avons mis en place une cellule de crise, des formations en gestion pour les équipes universitaires, instauré un dialogue de confiance", développe la secrétaire d'État, qui a salué le retour à l'équilibre de l’université de Versailles-Saint-Quentin, proche de la cessation de paiements l'an dernier.

"Nous avons créé 1.000 postes par an. Quant aux postes gelés, ils ont tout de même été créés", a-t-elle tenu à préciser.

Université Versailles-Saint-Quentin - UVSQ - Amphi Licence 1 Droit - Septembre 2014 ©Camille Stromboni

Amphithéatre de licence 1 de droit à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines - Septembre 2014// ©C.Stromboni

Si de moins en moins d'universités sont en déficit, c'est parce qu'elles sont de plus en plus nombreuses à faire des coupes budgétaires dans les formations.
(W. Martinet - Unef)

Une manière de voir qui dérange l'Unef. "Si de moins en moins d'universités sont en déficit, c'est parce qu'elles sont de plus en plus nombreuses à faire des coupes budgétaires dans les formations. C'est comme ça qu'elles retrouvent l'équilibre, par exemple en remplaçant les TD [travaux dirigés] par des cours magistraux ! Les conditions d'études se sont dégradées. L'augmentation minime du budget n'est pas acceptable", s'énerve William Martinet, président du syndicat étudiant.

"Quant aux 1.000 emplois de plus par an, il faut arrêter l'hypocrisie qui  consiste à les annoncer sans donner les moyens aux universités de les créer", ajoute-t-il.

Pour Jean-Loup Salzmann, président de la CPU (Conférence des présidents d'université), "le compte n'y est pas du tout" non plus. "Les présidents d'université sont de bons gestionnaires, même dans les situations difficiles, estime le responsable à propos de la diminution du nombre d'établissements en déficit. Mais nous pourrions être plus efficaces si nous n'étions pas obligés de geler des postes, couper dans les investissements ou encore dans les heures complémtaires", insiste le président de Paris 13.

emploi scientifique : une "difficulté démographique"

Interpellée sur le mouvement "Sciences en marche" et leur demande d'un plan pluriannuel de création d'emplois scientifiques, Geneviève Fioraso a rappelé que les lettres de cadrage budgétaire seraient communiquées début octobre. Elle a affirmé néanmoins que les effectifs et le budget de la recherche restaient constants.

"La difficulté est démographique, a-t-elle expliqué. Il y avait auparavant environ 800 départs en retraite par an, il y en a actuellement 400. Cela signifie mécaniquement moins de recrutements. Cela fait neuf mois que nous travaillons avec les organismes pour qu’il portent leurs efforts sur l’insertion professionnelle des postdoc. Ce qu’ils ont fait, nous arrivons à des campagnes de recrutements tout à fait significatives, même si chacun souhaiterait toujours davantage."

Le point sensible des regroupements universitaires
La secrétaire d'État défend également le "système plus lisible" en cours de mise en place grâce aux regroupements universitaires, avec les Comue, "qui ne seront pas une strate de plus mais de vraies stratégies de site".

Interpellée sur les difficultés d'Hésam, pôle parisien dont quatre établissements ont claqué la porte mi-septembre 2014, et sur celles de la Bourgogne-Franche-Comté, Geneviève Fioraso argue de la liberté des acteurs.

"C’est une démarche qui vient du terrain,  justifie-t-elle. Il peut donc y avoir des moments où l'on n’arrive pas à un accord, où certains décident que ce serait mieux de rejoindre un autre regroupement. Personne au ministère n’a jamais dicté les regroupements, il faut laisser l’initiative aux acteurs, et donc accepter que ces derniers soient 'vivants'."

Et de préciser que, dans le cas de la Bourgogne-Franche-Comté et l'Ensam, il s'agissait d'une question de principe juridique pour laquelle une solution était recherchée. "Il n'y a pas eu divorce", assure la secrétaire d'État.

Camille Stromboni | Publié le