Quand l'intelligence collective rebat les cartes de l'orientation

Isabelle Maradan Publié le
Quand l'intelligence collective rebat les cartes de l'orientation
Les équipes du Hackathon ont planché pendant un jour et demi sur des applis pour aider les citoyens à mieux décider de leur orientation. // ©  Isabelle Maradan
Mettre ensemble des participants très variés pour réaliser un projet innovant autour des questions d'orientation et d'emploi. Tel est le principe du Hackathon organisé par Cartes Blanches avec Orange, les 4 et 5 juin 2015 à Paris.

Le prix de l'Éducation et le premier prix du Public ont été décernés vendredi 5 juin 2015 au projet "SoPro" de JobIRL, à l'issue du Hackathon consacré à l'orientation et l'emploi. Un rendez-vous Cartes Blanches, dont l'Etudiant était partenaire, qui avait débuté la veille. L'initiative lauréate invite les professionnels à se filmer avec une GoPro (mini-caméra mains-libres) pour faire découvrir la réalité de leurs métiers.

La plateforme en ligne d'aide à l'orientation scolaire et professionnelle "MyFuture" a remporté le prix de l'Innovation et le 2e prix du Public. Quant à l'application "Activ'Emploi" de l'association "Activ'Action", qui veut permettre aux personnes en recherche d'emploi d'optimiser cette période pour avancer dans leur projet de vie, elle est repartie avec le prix "Emploi" et le 3e prix du Public.

Pas de hiérarchie

Depuis jeudi 4 juin, 11 équipes planchaient sur les problématiques liées à l'orientation et à l'emploi. Ici, pas de hiérarchie, pas de chef et aucun badge estampillé d'une marque, d'un nom ou d'une fonction plus ou moins gratifiante. Chacun des participants arborait simplement une étiquette blanche avec son prénom.

Un parti pris pour mettre tous les participants sur un pied d'égalité. "Les gens y trouvent ce qui n'est pas forcément possible au sein de leur entreprise : faire tomber les cloisons, la hiérarchie, et lâcher vraiment prise dans le travail d'idéation. Ici, personne ne sait ou ne sait pas. C'est bénéfique pour tout le monde. Même le boss dans la vie peut dire des bêtises, alors que ses fonctions le placent souvent dans la posture de celui qui doit maîtriser son sujet !", s'enthousiasme Emmanuelle Jardat, directrice "Innovation et responsabilité sociale d'entreprise" chez Orange, co-organisatrice de l'événement avec Léa Peersman.

des participants venus "PAR CURIOSITé"

Dans l'après-midi du vendredi 5 juin, Slimane, 28 ans, répétait le pitch que le groupe de JobIRL allait présenter au jury. Traducteur titulaire d'une licence en LEA (lettres étrangères appliquées), il est venu à l'informatique et a appris à coder sans passer par une formation en particulier, par curiosité à l'égard des traducteurs automatiques.

Slimane, 28 ans, Laurent, 23 ans et Serge, 32 ans (de gauche à droite), fignole le pitch du projet de JobIRL, grand vainqueur de ce Hackathon.

À l'instar de Slimane, nombreux sont les participants qui vivaient à cette occasion leur premier Hackathon "par curiosité", comme Caroline. Ex-professeur d'anglais, bénévole très active dans une association communautaire et "mère de cinq enfant de 5 à 11 ans", elle est venue "pour expérimenter, parce que je ne vis pas forcément ce ping-pong intellectuel dans ma vie de tous les jours". Un peu plus loin, Arthur, 24 ans, qui a déjà monté "une boîte de clubbing et un restaurant", est habitué à ce genre d'événements pour "continuer à apprendre" et "se former en faisant". Ce titulaire d'un bac STG s'estime d'ailleurs mieux formé par ses expériences d'entrepreneur que "ceux qui sortent de master". 

"Le monde change. Et avec le big data et le numérique, il faut savoir coder et pitcher. C'est précisément ce qu'on retrouve dans les techniques du Hackathon", conclut Emmanuelle Jardat, qui organise régulièrement des Hackathons "nouvelle génération" réunissant aussi bien des étudiants et des startuppers que des super gradés ou des personnes en recherche d'emploi. S'alléger du poids de la hiérarchie et réunir des profils très différents pour "faire ensemble" : ce serait donc ça le secret de l'intelligence collective ?

Isabelle Maradan | Publié le