Saclay : Christian Blanc avance son cluster

Fabienne Guimont Publié le

L’aménagement du plateau de Saclay ne sera pas un long fleuve tranquille. En conseil des ministres du 12 novembre 2008, le secrétaire d’Etat chargé du développement de la région capitale, Christian Blanc a présenté une communication sur l’aménagement du plateau de Saclay qu’il définit comme un « cluster scientifique, technologique et d’innovation économique » qui serait « de rang mondial ».   

Une Silicon Valley à la française  

« Concernant le seul plateau de Saclay, il est envisagé le développement de plusieurs campus capables de rassembler plus de 100 000 chercheurs, élèves ingénieurs et étudiants dans les dix ans », indique le communiqué du secrétaire d’Etat. Un Etablissement public « d’un type nouveau » englobant 49 communes doit être créé par l’Etat début 2009. « Sa gouvernance sera partagée entre l’Etat, les collectivités territoriales, la communauté scientifique et les entreprises, avec un exécutif désigné par l’Etat », est-il précisé.  

De quoi répondre à l’ambition présidentielle affichée de faire de ce plateau une Silicon Valley à la française avec une concentration de centres de recherche, de grandes écoles, d’université et d’entreprises. Mais ce grand chantier suscite des rivalités entre les deux ministres concernés au premier chef, Christian Blanc et Valérie Pécresse. Chacun a donc nommé son chargé de mission - Vincent Pourquery de Boisserin et Jacques Glowinski - pour piloter le projet respectivement sur les parties aménagement et campus, après la démission de Philippe Lagayette, fin octobre 2008.  

L’enjeu de Paris 11

Christian Blanc - qui avait présenté quelques jours avant cette démission son projet aux élus du plateau - leur avait annoncé vouloir rassembler 25 000 étudiants et chercheurs et envisageait d’y déménager l’université Paris 11 Orsay, entre l’école Polytechnique et le Commissariat à l’énergie atomique.  

De son côté, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et l’une des candidates de l’UMP à la présidence de la région Ile-de-France, tient à défendre son projet de Campus face à l’ensemble du projet d’aménagement du site, soit 900 des 37000 hectares concernés par l’Opération d’intérêt national (OIN).

Saclay a été sélectionné par le jury de l'Opération campus et doit en effet recevoir une grande part des 5 milliards d’euros qui seront répartis entre les dix lauréats. Dans le projet déposé en juillet 2008 dans le cadre de ce concours, la construction de nouveaux bâtiments ainsi que la rénovation de la fac d’Orsay étaient prévues. Or un projet immobilier serait à l’étude en cas de déménagement de la fac d’Orsay sur le plateau… Les 21 partenaires du projet ont jusqu’en février 2009 pour remettre leur dossier déclinant les priorités à financer.    

Paris 11 : une université au milieu des tractations

Du côté de la communauté universitaire, le collectif Sauvons la recherche dénonce le plan Campus de Saclay comme « un coup de force du Président de la république et du gouvernement qui tentent dans l’urgence d’imposer à l’Université son avenir, avec le déménagement de la Fac d’Orsay et peut être d’autres centres, le tout pour réaliser une vaste opération immobilière et de prestige... ». Les facultés Jean Monnet (économie-droit) et de Châtenay-Malabry (pharmacie) seraient aussi concernées. Les versions sur le déménagement total ou partiel de l’université Paris 11 sur le plateau circulent, sans confirmation officielle ni concertation des personnels.

Le Snesup dénonce lui dans un communiqué du 13 novembre 2008 le projet présenté en conseil des ministres qui s’inscrit dans « une rentabilité plus économique que scientifique sur le court terme. Le déplacement, non concerté avec la communauté universitaire, de près de 100 000 étudiants, de milliers d’universitaires et chercheurs, répond à des ambitions politiciennes et ouvre une course au gigantisme (inspiré du classement de Shanghai) qui n’a rien à voir avec les missions de service public d’enseignement supérieur et de recherche ».

Fabienne Guimont | Publié le