Sans la CCI, Centrale Marseille poursuit sa route

Céline Authemayou Publié le
Sans la CCI, Centrale Marseille poursuit sa route
À compter du 1er août, Centrale Marseille n'aura plus de personnels mis à disposition par la CCI. // ©  Pinting Lin
Dès le 31 juillet 2015, l'École centrale de Marseille ne pourra plus compter sur le soutien de la CCI Marseille Provence. Faute de moyens, la chambre de commerce et d’industrie ne reconduit pas les 31 postes mis à disposition de l’établissement. Pour compenser cette perte, l’école d’ingénieurs vient d’obtenir des garanties de la part du ministère.

Ne dites pas "31" à Centrale Marseille. Depuis plusieurs semaines, ce nombre est au cœur de toutes les discussions. Au 31 juillet 2015, l'école d'ingénieurs ne pourra plus compter sur l'aide financière de la chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence. Une aide financière de 2,8 millions d'euros par an, qui se matérialisait par la mise à disposition de 31 personnels consulaires, parmi lesquels une large majorité d'enseignants.

"Nous devons faire face à une double contrainte, argumente Jacques Betbedé, directeur de la CCI régionale. Après avoir diminué les ressources fiscales des chambres, le gouvernement a décidé de prélever sur nos réserves propres. Ce qui représente, pour nous, 17 millions d'euros. Bien que nous contestions ces décisions, tant sur le principe que sur la méthode, nous sommes obligés de revisiter tous nos partenariats pour absorber cette diminution des ressources." La collaboration avec Centrale Marseille se retrouve ainsi mise à mal.

Après avoir accusé le coup, l'école marseillaise est partie à la recherche de solutions. "Nous subissons les dégâts collatéraux de la réduction du financement des chambres par l'État", regrette Frédéric Fotiadu. En 2004, lorsque l'école consulaire de la CCI rejoint la future Centrale Marseille, 69 postes sont mis à disposition. Année après année, l'établissement a vu ce partenariat s'amenuiser... pour disparaître totalement à partir du 1er août 2015. "Nous sortons finalement d'une convention qui aura été une longue période de transition", note le directeur.

15 postes intégrés

Sur les 31 postes perdus, 12 vont pouvoir être réintégrés à Centrale : six ont été fléchés dans le cadre de l'association avec Aix-Marseille Université, au titre de la politique de site. Six autres seront affectés exceptionnellement par le ministère, au regard de la situation particulière de l'école. "Notre région est très déficitaire en termes d'offre de formations ingénieurs, constate Frédéric Fotiadu. Or le besoin des industriels est très important, et notre établissement tient toutes ses promesses, avec de bons résultats. La Dgesip a donc tenu compte de cette situation." Trois autres personnes retrouveront un poste via divers montages financiers.

Après 3 départs en retraite et 6 départs en préretraite prévus, il reste tout de même sept collaborateurs sans proposition. Une situation que regrettent les élèves ingénieurs. "L'école porte dans son identité la culture du projet et de l'accompagnement, raconte Gaëtan Wittebolle, président de l'association des élèves de Centrale. Nous connaissons donc très bien les profs. Le vide va être grand l'année prochaine..." À l'origine d'une pétition visant à défendre l'avenir de leur école, les étudiants se mobilisent depuis plusieurs semaines aux côtés de leur direction. "Nous espérons débloquer la situation pour quelques collaborateurs", note Frédéric Fotiadu.

Les six postes promis par la tutelle seront financés à partir de la rentrée 2016. En attendant, Centrale a obtenu l'autorisation, si besoin était, de prélever sur ses fonds de roulement pour financer transitoirement la masse salariale. L'école a ainsi échappé au prélévement qui a touché une vingtaine d'écoles d'ingénieurs.

En PACA, d'autres établissements d'enseignement supérieur impactés
L'École centrale de Marseille n'est pas la seule à subir la baisse de ressources de la chambre de commerce et d'industrie locale. L'École des mines de Saint-Étienne, qui dispose d'un campus à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, va également devoir composer avec la fin de la mise à disposition de sept personnels consulaires.

À Kedge, ce sont près de 70 postes qui sont concernés. La situation est différente pour l'école de commerce, qui prenait déjà en charge la masse salariale. Tous les personnels pourront être intégrés à l'établissement, dès la fin de l'engagement de la CCI, intervenant au 31 décembre 2015.

Céline Authemayou | Publié le