Sciences po ouvre une école de management 2.0

Natacha Lefauconnier Publié le
Sciences po ouvre une école de management 2.0
Sciences po a choisi deux personnalités pour diriger son école de management : Benoît Thieulin et Marie-Laure Djelic. // ©  Thomas Arrivé-Sciences po
Sciences po a annoncé, lundi 3 octobre 2016, l'ouverture de son "école du management et de l'innovation", dirigée par Marie-Laure Djelic et Benoît Thieulin. Une manière de se positionner sur le terrain des business schools, tout en cultivant sa différence.

Avec l’ouverture de l’école de management et de l’innovation, Sciences po poursuit la restructuration de ses formations de second cycle. L’actuelle école de la communication disparaît à la rentrée 2017, absorbée dans cette nouvelle structure, qui rassemblera aussi les masters actuels de "finance et stratégie", "economics and business", ou encore "organisations et management des ressources humaines". De nouveaux masters, encore en cours d’élaboration, seront lancés à l’ouverture officielle de l’école.

"73 % de nos jeunes diplômés se dirigent vers le secteur privé, rappelle Frédéric Mion, directeur de Sciences po. Nous avons donc repensé l’ensemble de nos formations qui préparent les étudiants à toutes les fonctions de l’entreprise, de manière à leur donner une meilleure visibilité auprès des candidats et une meilleure reconnaissance auprès des recruteurs."

Le directeur de Sciences po a choisi deux personnalités de l'enseignement supérieur et de l'innovation pour diriger l'école : Marie-Laure Djelic, ex-professeure à l’Essec, et Benoît Thieulin, doyen de l'école de la communication, ancien président du Conseil national du numérique et fondateur de La Netscouade. Une codirection qui doit permettre "aux élèves d'observer un mode de direction qui ne répond pas à une structure pyramidale", selon Frédéric Mion.

une business school pas comme les autres ?

Sciences po met en avant la différence de son offre par rapport aux business schools. "Cette nouvelle école s’inscrit dans l’université de recherche qu’est Sciences po, qui compte 11 centres de recherche et 220 enseignants-chercheurs, insiste Frédéric Mion. Nos masters doteront les étudiants d’une vision de l’entreprise qui ne sera jamais déconnectée de l’intérêt général."

"Autrefois, on voulait changer le monde par la politique. Aujourd’hui, on peut le faire en étant entrepreneur ou manager au sein d’une entreprise", complète Benoît Thieulin.

Complexité, créativité et "common good"

"La créativité et l’innovation redeviennent centrales dans les entreprises, ajoute-t-il. Il faut donc former des leaders différents, qui pourront appliquer l’évolution technologique à une vision sociale et politique."

Les étudiants seront ainsi formés au code, aux algorithmes, au design thinking… et pourront s’appuyer sur l’incubateur et le Medialab de Sciences po, qui deviennent le "Centre pour l’entreprenariat". "L’objectif n’est pas d’en faire des ingénieurs, mais de leur permettre de travailler avec des data scientists", précise le codoyen spécialiste des questions d’innovation numérique.

Le projet pédagogique de l’école du management et de l'innovation a été conçu autour de trois objectifs ("les trois 'C'") pour former les entrepreneurs du changement : complexité (comprendre les transformations de l'entreprise), créativité (imaginer de nouveaux business models) et "common good" – les entrepreneurs de demain devront se concevoir comme les acteurs du bien commun.

attirer des Étudiants internationaux

L'école se situera dans les murs parisiens de l’institut d’études politiques, en attendant de pouvoir rejoindre les nouveaux espaces de l’Hôtel de l’Artillerie, en cours d’acquisition. L’effectif de départ, autour d’un millier d’élèves, se stabilisera dans le futur autour de 1.200 étudiants.

Les codoyens de l’école, Marie-Laure Djelic et Benoît Thieulin veulent développer des doubles diplômes en partenariat avec des établissements offrant des complémentarités (écoles de design, d’ingénieurs…) à l’international. L'école espère accueillir une grande part de candidats internationaux. À terme, la totalité des enseignements de l’école de management et de l’innovation devrait d’ailleurs être dispensée en anglais.

Autre point différenciant avancé par les dirigeants de la rue Saint-Guillaume : la diversité de la population estudiantine actuelle, qui compte 50 % d’étudiants internationaux (tous cycles confondus) et 30 % d’élèves boursiers. Les droits annuels d’inscription des masters de l’école de management et de l’innovation seront, comme les autres formations, fonction des revenus du foyer fiscal, allant de 0 à 13.500 euros, avec une moyenne autour de 5.000 euros. Soit la moitié de la moyenne des frais d’inscription en programme master des écoles de commerce. Un argument qui pourrait faire la différence pour une partie des candidats.

Natacha Lefauconnier | Publié le