Sélection à l'université : le tirage au sort, un moindre mal ?

Camille Stromboni Publié le
Sélection à l'université : le tirage au sort, un moindre mal ?
A l'université de Caen, les filières Staps et sciences de l'éducation attirent trop d'étudiants pour le nombre de places disponibles. // © S.Chesnel (2013) // © 
Dans les filières universitaires en tension, lorsque l'offre dépasse la demande, le tri s'opère par tirage au sort. Une méthode assez largement dénoncée, sans pour autant qu'une alternative ne fasse consensus. Le point à l'occasion de la sortie de l'enquête de l'Unef s'opposant à cette pratique, le 15 juillet 2015.

Derrière le système des capacités d'accueil limitées dans les filières universitaires en tension, c’est la question du tirage au sort qui fait polémique. Lorsque le nombre de candidats est supérieur à celui des places disponibles, c’est en effet le hasard qui guide le tri effectué entre les prétendants, l'université étant par principe non sélective. Un phénomène qui provoque chaque année des réactions vives, bien que cela ne concerne qu’une minorité de bacheliers.

une "meilleure orientation" : seule réponse qui fait consensus

Dans la communauté universitaire, les avis divergent. "C’est le moins pire des systèmes", estime le doyen de la conférence des UFR de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), Didier Delignières. "La moins stigmatisante des solutions", confirme Alexandre Leroy (la Fage). Mais "comment expliquer cela à un jeune ?", souffle la directrice générale des services de Caen. "Nous sommes très hostiles à ce système inique, dénonce pour sa part Sandrine Clavel, présidente de la Conférence des doyens de droit et science politique. Tout le monde n’a pas les mêmes aptitudes ni la même volonté de rejoindre une filière d'études. C’est simplement un constat d’échec de la capacité à orienter."

La nécessité d'améliorer l’orientation et l’information des lycéens constitue la seule réponse recueillant l'unanimité. Un espoir se dessine en outre avec la mise en place d’une licence progressive et sa première année plus généraliste, permettant de limiter les phénomènes d’encombrement et les tirages au sort qui en découlent, jugent les principaux syndicats étudiants.

C’est un constat d’échec de la capacité à orienter.
(S. Clavel)

la règle de l'autobus

"Les capacités d’accueil existent depuis toujours. Avant, c’était la règle de l’autobus : premiers inscrits, premiers servis. Aujourd’hui, le tirage au sort est la seule méthode légale. Mais elle est détestable, juge pour sa part Jean-Loup Salzmann, à la tête des présidents d’université. La seule alternative est de permettre aux universités d’organiser l’orientation des candidats avec des prérequis et une analyse des dossiers à l’entrée de formations. Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux à vérifier le niveau d’anglais d’un bachelier qui veut entrer en LEA [langues étrangères appliquées]."

Une position contre laquelle s'élève vigoureusement l'Unef. "On sait très bien que restreindre l'entrée à l'université est synonyme d'accroissement des inégalités et de reproduction sociale, rétorque son président William Martinet. L'urgence est d'anticiper ces phénomènes d'afflux dans certaines filières et de donner les moyens financiers aux universités de remplir leur mission : accueillir tous les bacheliers." Et le débat sur la sélection à l'université repart de nouveau...

Camille Stromboni | Publié le