Sélection en master : l'université Toulouse-Jean-Jaurès dans "une impasse" après l'afflux d'étudiants

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Sélection en master : l'université Toulouse-Jean-Jaurès dans "une impasse" après l'afflux d'étudiants
Le master 1 de psychologie de Toulouse 2 a reçu près de 1.800 candidatures pour 1.000 étudiants accueillis en 2016. // ©  Mathieu Oui
Environ 1.800 étudiants souhaitent s'inscrire en M1 psychologie à l'université Toulouse-Jean-Jaurès, à la rentrée 2017. Seule université de la région à n'avoir pas mis en place de sélection, l'établissement est désormais dans "une situation explosive" en raison de cet afflux de candidatures.

"Nous sommes actuellement dans une impasse. La situation est explosive. Nous n'avons aucun moyen juridique nous permettant de sélectionner les étudiants à l'entrée du master de psychologie – puisque nous n'avons pas voté de capacités d'accueil. Mais, dans le même temps, logistiquement, l'université ne pourra pas accueillir les quelque 1.800 étudiants qui souhaitent s'y inscrire."

À en croire Ollivier Haemmerle, vice-président de la commission formation et vie universitaire de l'université Toulouse-Jean-Jaurès (Toulouse 2), l'établissement se trouve dans une bien étrange situation depuis mercredi 5 juillet 2017. Ce jour-là, le seul où les étudiants extérieurs à l'université pouvaient retirer un dossier de pré-inscription en master 1 de psychologie, près de 500 candidats ont fait le déplacement.

L'université avait pourtant refusé d'envoyer les dossiers par la poste ou en format électronique, afin de décourager les moins motivés, mais rien n'y a fait. Malgré cette contrainte de taille, ils étaient bien au rendez-vous : "Nous nous attendions à ce qu'il y ait du monde, mais pas à ce point", s'alarme le vice-président toulousain.

Au final, d'après des premiers chiffres non définitifs, l'université risque de se retrouver avec "près de 1.800 demandes" pour 1.000 étudiants accueillis en 2016 : outre les 500 candidatures extérieures, l'université devra également traiter les demandes d'inscription des 900 étudiants ayant obtenu leur licence en interne, ainsi que celles des 300 redoublants de M1 et de 200 étudiants étrangers.

Une majorité de masters 1 de psycho instaurent une sélection

Ce boom sans précédent de l'attractivité du master de psychologie s'inscrit dans un contexte particulier, marqué par la mise en œuvre de la réforme de l'accès en master au sein des universités. Pour la première fois en 2017, la sélection à l'entrée des M2 a été remplacée par une sélection à l'entrée de la première année de master, sauf en droit et en psychologie. Ces cursus bénéficient d'une dérogation, leur permettant de rester sous l'ancien système, avec une sélection en M2.

Si on nous oblige à prendre tous les candidats, nous ne pourrons pas ouvrir, tout simplement.
(O. Haemmerle)

Mais, contre toute attente, près de la moitié des universités ont finalement décidé d'instaurer une sélection dès le M1 en psychologie, ainsi que le relevait un premier état des lieux de la Fédération française des psychologues et de psychologie, publié en février 2017.

De plus, la crainte – apparemment justifiée – d'être dans l'obligation d'accueillir tous les candidats de la région, dans l'hypothèse où les autres universités mettraient en place une sélection, a poussé les acteurs à prendre les devants. Les autres établissements de la région Occitanie (Montpellier, Nîmes) ont donc voté des capacités d'accueil.

Toulouse 2, variable d'ajustement des masters de psycho

"Nous avons été extrêmement surpris de ce revirement. Nous pensions vraiment que les choses seraient coordonnées au niveau national, pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation. Nous payons les conséquences de la mise en place précipitée de la réforme", analyse le vice-président toulousain.

Pour justifier sa décision de ne pas mettre en place de capacités d'accueil, l'université fait valoir qu'elle ne voulait "pas changer les règles du jeu en cours de route, pour les étudiants redoublant leur L3 ou leur M1".

Quid des étudiants déjà inscrits ?

Face à cette situation, Toulouse 2 a désormais demandé l'aide de sa tutelle, le rectorat, mais aussi celle de la Dgesip (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle). L'université prévient déjà qu'elle ne pourra pas jouer le rôle de "variable d'ajustement" pour les masters de psychologie : "Si nous sommes obligés de prendre tous les candidats, nous ne pourrons pas ouvrir, tout simplement", met-elle en garde.

Ollivier Haemmerle demande en particulier que les étudiants déjà inscrits à Toulouse-Jean-Jaurès soient prioritaires sur les candidatures extérieures. Rien ne permet, pour autant, au niveau juridique de légitimer une telle demande. Alors que la période d'examens prend fin, c'est désormais au tour du ministère de plancher sur la résolution de ce casse-tête local.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le