Sélection en master : la hausse des M2 sélectifs à la rentrée 2017 ne passe pas

Aurore Abdoul-Maninroudine - Mis à jour le
Sélection en master : la hausse des M2 sélectifs à la rentrée 2017 ne passe pas
À la rentrée 2017, les étudiants pourraient être sélectionnés à l'entrée de 1.473 masters 2 sur près de 3.000 // ©  Fred MARVAUX/REA
Le Cneser du mardi 16 mai 2017 aurait dû examiner la liste des masters 2 autorisés à sélectionner à la rentrée 2017. Avec 1.473 sur 3.000, ce document comprend près de 200 formations supplémentaires par rapport à l'an dernier. Une évolution dénoncée par la Fage, qui a obtenu le retrait du texte de l'ordre du jour.

La Fage a eu gain de cause in extremis. L'examen de la liste des M2 sélectifs à la rentrée 2017 ne sera pas à l'ordre du jour du Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) du mardi 16 mai mais est reporté à celui de juin 2017. L'organisation étudiante dénonçait l'augmentation sensible du nombre de masters inscrits sur cette liste.

Celle-ci recense 1.473 masters 2 sur près de 3.000, soit 166 formations supplémentaires par rapport à la liste de 2016 qui comprenait 1.307 mentions de M2. Établie pour la première fois l'an dernier, ce document a été publié à la suite des nombreux litiges opposant étudiants et universités. En son absence, le Conseil d'État avait alors jugé illégale la sélection à l'entrée des masters 2.

Des discussions à mener avec le futur ministre

La Fage et l'Unef souhaitent aujourd'hui comprendre cette augmentation des masters 2 sélectifs, jugeant l'évolution "inquiétante". "Le report nous permettra d'en discuter avec le cabinet du futur ministre et d'amender la liste", indique Tarek Mahraoui, en charge des affaires académiques.

Lara Bakech, en charge des questions universitaires à l'Unef, craint également que cette évolution n'augure d'une tendance future. "Selon l'accord sur la réforme de l'accès au master, les dérogations permettant à des masters 2 de continuer à sélectionner à la rentrée 2018 devraient principalement concerner le droit, la psychologie et les masters Meef. Mais les textes de loi ne sont pas très précis sur ce point", regrette-t-elle.

Certaines universités ont listé tous leurs M2

"Comme l'an dernier, certaines universités ont fait remonter l'ensemble de leurs M2, et, en raison de la vacance politique actuelle et d'un manque de temps, les allers-retours habituels avec la Dgesip n'ont pas eu lieu", justifie François Germinet, président de la commission formation de la CPU (Conférence des présidents d'universités)  et de l'université de Cergy-Pontoise.

Les universités d'Aix-Marseille, Brest, Bretagne-Sud, Caen, Grenoble-Alpes, Lille 1, Lyon 2 et Paris 1, ont ainsi répertorié, chacune, plus de 40 mentions de M2 sélectives. Et les évolutions au sein des universités de Brest et de Bretagne-Sud sont notables : le nombre de M2 sélectifs pourrait passer de 15 à 48 à Brest et de 5 à 49 à l'université de Bretagne-Sud.

Pour Gilles Roussel, président de la CPU et président de l'Upem (université Paris-Est-Marne-la-Vallée) "cette situation est normale". Il rappelle que "la sélection en M2 reste autorisée cette année". C'est, selon lui, à la rentrée 2018 que la liste des M2 sélectifs sera "profondément remaniée et réduite à peau de chagrin".

Face au boycott de plusieurs organisations, le Cneser du mardi 17 mai est reporté
A la suite de l'appel au boycott de l'Unef, la FSU, l'Unsa, la CGT et du SNPTES, et faute d'un nombre suffisant de participants, le Cneser du mardi 16 mai 2017 sera reconvoqué dans les huit jours.

Les organisations dénoncent les méthodes du ministère : "Les textes nous sont envoyés de plus en plus tardivement et cela fait plusieurs fois que le Cneser se voit forcer la main sur les ordres du jour", regrette Maxime Bureau, élu au Cneser pour l'Unef.

"Ce n'est pas possible d'examiner des textes aussi importants, en particulier celui sur les M2 sélectifs mais aussi celui sur la Comue de Lille, sans qu'aucun interlocuteur politique ne soit pas présent", souligne également Lara Bakech, responsable des questions universitaires à l'Unef.

Aurore Abdoul-Maninroudine | - Mis à jour le