Sélection en master, classement de Shanghai, APB : ce qui s'est passé cet été

Céline Authemayou, Sylvie Lecherbonnier, Natacha Lefauconnier, Laura Taillandier Publié le
Sélection en master, classement de Shanghai, APB : ce qui s'est passé cet été
Sélection en master, classement de Shanghai, budget des universités auront été au programme de l'été 2017. // ©  Lydie Lecarpentier / Nicolas Tavernier / Myr Muratet / UR1
Si, comme chaque été, le classement de Shanghai est sorti le 15 août, la trêve estivale a également été marquée par les premiers jugements des tribunaux sur la sélection en M1, la suite du feuilleton APB, un classement des villes universitaires en fonction du coût de la vie étudiante, ainsi que par plusieurs nominations, dont celle de Patrick Gérard à la tête de l'ENA.

Sélection en M1 : les premiers jugements tombent

Les recours contre la sélection en master 1 se multiplient. © Lydie Lecarpentier/REA

Le tribunal administratif de Toulouse a ouvert le bal en suspendant, le 19 juillet 2017, la décision d’une université de refuser l’inscription d’un étudiant à l’entrée d’un M1. Il s’agit de l’université Toulouse 1 Capitole qui a rejeté, fin juin 2017, une candidature au master 1 mention marketing vente, parcours type marketing.

Cette année, les universités ont en effet la possibilité de sélectionner les élèves qui entreront en M1 en septembre 2017. "Nous sommes sur une mauvaise application de la loi et une méconnaissance de la manière dont sont fixés les capacités d’accueil et les processus de sélection", pointe Florent Verdier, l’avocat spécialiste de ce type de litiges qui a plaidé cette affaire. "C’est au conseil d’administration de définir ces critères. Or, comme c’est le cas ici, c’est souvent le président de l’université qui a arrêté cette décision. Mais il n’a pas de compétences en la matière", détaille le juriste. Dans cette ordonnance, le juge des référés suspend cette décision "dans l’attente d’une décision sur le fond". Il donne à l'université un mois pour réévaluer la demande de l'étudiant.

D'autres verdicts, en référé, ont été rendus tout le mois d'août à Paris, Nice, Grenoble ou Bordeaux. Certains concernent le M1, d'autres le M2. "À chaque fois, c'est la même question qui se pose, même pour les M2 figurant sur la liste des masters ayant le droit de sélectionner, analyse Florent Verdier. Le conseil d'administration de l'université a-t-il fixé les capacités d'accueil et les critères de sélection ? Si l'université ne peut pas le prouver, les décisions sont suspendues." L'avocat assure avoir 30 dossiers en cours, les jugements sur le fond étant attendus d'ici à fin 2017 ou début 2018.

L’instauration de la sélection à l’entrée du M1 s’est accompagnée d’un droit à la poursuite d’études pour les titulaires d’une licence. Pour faire valoir ce droit les étudiants doivent saisir le recteur de région sur la plate-forme en ligne, trouvermonmaster.gouv.fr. Ce site est encore "peu utilisé", selon la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui ne "préjuge pas qu'il ne le sera pas massivement lorsque les étudiants seront rentrés de vacances". "Ce sont deux choses différentes", à en croire Florent Verdier :"quand l’université n’a pas le droit de refuser la demande d’un étudiant ou quand les conditions ne sont pas remplies, rien n’empêche l’étudiant de saisir le juge avant."

Pour faciliter leur mobilité, le ministère a, par ailleurs, mis en place une nouvelle aide de 1.000 euros pour les étudiants boursiers contraints de changer de région avec la réforme.

Sélection en master : un arrêté liste les compatibilités L3 et M1

Vendredi 4 août 2017, est parue au Journal officiel la liste des compatibilités entre mention de L3 et de M1. Ce document doit permettre aux recteurs de région académique d'établir des propositions d'admission en M1 cohérentes avec le parcours de l'étudiant. "Cette liste constitue une aide à la préparation de ces propositions d'admission en lien avec les chefs d'établissement supérieur concernés", est-il précisé dans le texte. Avant d'ajouter que d'autres propositions, qui ne sont pas recensées dans l'arrêté, peuvent tout de même être faites aux candidats.

APB : encore 6.000 candidats sans place à quinze jours de la rentrée

À l'issue des trois phases de la session 2017 d'Admission postbac, clôturée le 19 juillet, 65.000 candidats n'avaient pas de proposition à l'un de leurs vœux d'orientation. Onze mille d'entre eux ont abandonné la procédure, et 48.000 ont trouvé une solution grâce à la procédure complémentaire d'APB, ouverte depuis le 27 juin. Au 22 août, soit à quinze jours de la rentrée et à un mois de la clôture d'APB, il reste encore 6.010 candidats qui ne sont accueillis dans aucune formation relevant d'APB. Parmi eux : 4.380 néobacheliers et 1.570 étudiants en réorientation. Près de la moitié (43 %) de ces candidats encore en attente est titulaire d'un bac professionnel, 38 % d'un bac technologique et 10 % d'un bac général.

Face à l'augmentation de l'effectif des bacheliers et devant le tollé soulevé par le recours au tirage au sort pour affecter les candidats dans les licences sous tension (169 formations concernées à la phase 1 d'APB 2017, notamment en filière Staps), Frédérique Vidal a lancé, le 17 juillet 2017, une concertation sur l'entrée en premier cycle. Vingt-cinq organisations font alors entendre leur voix sur l'épineux sujet des prérequis et du contrat de réussite étudiant : lycéennes (Fidl, SGL...), étudiantes (Fage, Unef, UNI...), syndicales (Sgen-CFDT, Sup'Recherche-Unsa, SNPTES, FO, Snesup-FSU...), acteurs de l'enseignement supérieur (CPU, Cdefi, Curif...), représentants de parents d'élèves (Peep et FCPE) ainsi que le Medef.

Une autre réunion se tiendra la dernière semaine du mois d'août pour déterminer les thèmes et constituer des groupes de travail qui se retrouveront tout au long du mois de septembre. Objectif : aboutir à des propositions en octobre, en vue de "renouveler notre manière d'accueillir et d'accompagner les étudiants avant la rentrée 2018 et en finir ainsi avec le tirage au sort", martèle Frédérique Vidal.

Brexit : les meilleures universités britanniques se mobilisent


Les universités britanniques montent au créneau pour limiter les effets négatifs du Brexit. // © Tim Ireland/XINHUA-REA/XINHUA-REA

Les universités britanniques avaient déjà lancé un premier appel en juin 2017. Désormais, c'est au tour des meilleurs établissements du pays, réunis au sein du groupe Russel – qui compte 24 universités, dont Oxford et Cambridge – de s'inquiéter des conséquences du Brexit sur l'enseignement supérieur. Dans un document publié le 3 août 2017, ils dressent une liste de dix demandes faites à Theresa May, qui, si elles sont suivies, éviterait à l'enseignement supérieur de subir les conséquences négatives du Brexit.

Cette prise de position fait suite à la publication du document d'orientation du gouvernement sur le sujet, que le groupe Russel juge flou, notamment en matière de droits des ressortissants de l'Union européenne. "Ce manque de clarté suscite une grande inquiétude chez les ressortissants européens de nos universités et cela a une incidence sur nos capacités à recruter du personnel talentueux", notent les établissements.

Ces derniers demandent plus de clarté sur dix points, parmi lesquels la possibilité pour les étudiants de l'Union européenne engagés dans des études pour les années 2017-2018 et 2018-2019 de pouvoir ensuite rester au Royaume-Uni pour travailler.

Classement de Shanghai : la France reste stable


L'UPMC est la première université française dans le classement de Shanghai depuis quatre ans. © Nicolas Tavernier/REA

Depuis quinze ans, c'est devenu une tradition : le classement de Shanghai a été dévoilé le 15 août. Avec 20 universités françaises présentes dans le top 500 de cette édition 2017, le niveau des établissements français reste comparable à celui des éditions précédentes. L'UPMC conserve la première place française depuis 2013.
Comme chaque année également, la publication de ce palmarès suscite la controverse. Dans un communiqué, Michel Deneken, le président de l'université de Strasbourg, pourtant 5e établissement français du classement, rappelle que ce dernier ne "concerne que les sciences exactes. Les sciences humaines et sociales sont ignorées, il en va de même pour la vie universitaire, la vulgarisation scientifique, ou l'insertion professionnelle".

Un classement des villes selon le coût de la vie étudiante

Paris 13 Nord - BU Sciences étudiants en révision ©Myr Muratet - décembre 2013
La ville où le coût de la vie étudiante est le moins cher, selon l'enquête de l'Unef, est Poitiers. © Myr Muratet

Autre tradition estivale : les enquêtes sur le coût de la vie étudiante. Celle de l'Unef, publiée le 20 août 2017, dénonce une hausse du coût de la vie de 2,09 % pour les étudiants en cette rentrée. En cause, essentiellement : le prix des loyers. De ces données, le syndicat étudiant a tiré un classement des villes étudiantes. Sans surprise, l'Unef place Paris comme ville la plus chère, avec 1.193 euros par mois de dépenses, tandis qu'un étudiant à Poitiers ne dépensera que 714 euros par mois.
Ce classement révèle également des écarts importants sur le plan des abonnements étudiants des transports en commun. En région, c'est à Tours que l'abonnement est le plus cher (331,20 euros), soit plus de trois fois le tarif pratiqué à Limoges (90 euros).

Les nominations de l'été
- Jean-Marc Huart a été nommé Dgesco lors du Conseil des ministres du 2 août 2017. Il succède à ce poste à Florence Robine, désormais rectrice de la région académique Grand-Est.

Thomas Froehlicher, directeur général de Kedge Business School, a annoncé fin juillet son départ de l'école de commerce. Il sera remplacé le 1er septembre 2017 par José Milano.

- Pascal Pinot a été nommé directeur de l'Ensta Bretagne, par décret ministériel du 31 juillet 2017.

- Élisabeth Crépon a été reconduite à la tête de l'Ensta ParisTech par décret ministériel du 31 juillet 2017.

- Olivier Lesbre a été reconduit à la tête de l'Isae par décret du président de la République, le 1er août 2017.

- Conseiller d'État, ancien recteur et directeur de cabinet, Patrick Gérard a été nommé directeur de l'ENA (École nationale d'administration) lors du Conseil des ministres du 9 août 2017.
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