Sorbonne Universités poursuit sa route sans Paris 2

Camille Stromboni Publié le
Sorbonne Universités poursuit sa route sans Paris 2
Université UPMC-Jussieu - Fresque Post-it symbolisant la connaissance - WelcomeWeek ©C.Stromboni oct.2012 // © 
Sorbonne Universités veut se remettre en marche. Après le conflit qui a abouti à la sortie de Paris 2 du regroupement parisien en septembre 2013, les deux universités membres, Paris 4 et l'UPMC, se dirigent vers une communauté. Avec un projet clé pour janvier 2014 : le lancement du collège des licences.

"Nous sommes sortis des crises existentielles, nous savons qui nous sommes et nous nous sommes remis en mouvement." Le président de Sorbonne Universités, Thierry Tuot, en est convaincu : la machine est repartie, assure-t-il début décembre 2013. La page serait donc tournée, après la crise vécue par le pôle parisien à la rentrée 2013, lorsque Paris 2 Assas, l'une de ses universités fondatrices, avait annoncé qu'elle claquait la porte.

Une communauté avec l'ensemble des partenaires volontaires

Prochaine étape en vue : la création de la communauté d'universités et établissements. C'est l'option choisie pour la suite par les universités Paris 4 et l'UPMC (université Pierre et Marie Curie), jusqu'ici regroupées au sein d'une FCS (fondation de coopération scientifique), avec plusieurs partenaires, notamment les fondateurs que sont l'Insead, le Museum et l'UTC (université de technologie de Compiègne). Aucune fusion n'est à l'ordre du jour, contrairement à son homologue Sorbonne Paris Cité (Paris 3, 5, 7, 13).

"Les statuts sont déjà prêts, se réjouit Thierry Tuot. Tous nos partenaires qui le souhaitent pourront en devenir membres." L'horizon pour la constitution de la communauté est celui fixé par la loi ESR : juillet 2014.

La poursuite de l'Idex

Autre timing important pour Sorbonne Universités : l'Idex (Initiative d'excellence) obtenue par le pôle parisien achève sa période probatoire fin 2015. "Nous aurons d'ici là rempli nos objectifs, avec évidemment des ajustements", promet Thierry Tuot.

Un ajustement de taille intervenu entre temps, la sortie de Paris 2 du projet, n'inquiète cependant pas le responsable. "Cela ne change pas énormément les choses, défend-il. L'Idex reflétait en effet bien la place, à part entière mais entièrement à part, de cette grande faculté de droit dans notre regroupement." Soit une place limitée, dans les projets communs de l'Idex. Seule l'école du droit, "qui concernait uniquement Paris 2", ne fait plus partie de Sorbonne Universités.

L'Idex reflétait bien la place, à part entière mais entièrement à part, de Paris 2, cette grande faculté de droit dans notre regroupement (T.Tuot)

Paris 2 reviendra… ou pas

Pour l'avenir commun avec la rue d'Assas, le conseiller d'Etat se dit confiant. "Paris 2 reviendra, nous ne sommes pas inquiets. C'est fort dommage pour l'interdisciplinarité avec les juristes, qui a été suspendue. Mais quand l'émotion sera passée, je suis certain que nous pourrons discuter de la place d'Assas dans Sorbonne Universités. Ce qui nous permettra de retrouver un chemin commun, ce sont les projets, plutôt que de s'étriper sur des questions de gouvernance", espère-t-il.

Thierry Tuot - Sorbonne universités - ©C.Stromboni dec2013Thierry Tuot, président de Sorbonne universités (décembre 2013)

Du côté de la rue d'Assas en revanche, on est loin de cette idée. "Rien n'a changé, nous restons sur la même ligne", contredit en effet le président Guillaume Leyte, qui compte présenter les nouveaux partenaires de son université début 2014.

Seules survivantes du divorce : les doubles licences montées entre Assas et l'UPMC ou Paris 4 perdurent, bien qu'elle ne figurent plus dans le "collège des licences de Sorbonne Universités", nouveau projet de la communauté, qui remplacera notamment le "collège des doubles licences" créé initialement sous la marque du PRES.

Le collège des licences de Sorbonne universités

C'est en effet la prochaine échéance concrète de Sorbonne Universités. En janvier 2014 sera lancé un collège des licences, ainsi qu'un collège doctoral. Chacun sera doté d'un directeur, d'une gouvernance – "légère", indique-t-on – et surtout de près de 4 millions d'euros pour les deux années à venir, provenant de l'enveloppe "Idex".

"L'objectif, à terme, est d'intégrer l'ensemble des licences, qui seront des diplômes délivrés par la communauté Sorbonne Universités", espère Thierry Tuot concernant le collège des licences. Pour l'instant, il s'agit d'abord de réunir sous cette marque les huit doubles licences proposées par les établissements du pôle, les bi-licences existantes, les parcours mêlant une discipline majeure et une mineure, en cours de développement à l'UPMC, et les futurs projets que pourront proposer les enseignants, une fois que le collège sera officiellement lancé.

Une démarche qui se rapproche des réformes en cours, avec le nouveau cadre national des formations et la spécialisation progressive en licence que souhaite mettre en place Geneviève Fioraso.

Innovation pédagogique et interdisciplinarité

"Il s'agira d'un lieu d'innovation pédagogique, avec l'ambition d'apporter de nouvelles manières d'enseigner, en abolissant les frontières disciplinaires. Nous espérons participer ainsi à la réduction de l'échec en première année", explique Thierry Tuot.

Parmi les projets annoncés : un MOOC Sorbonne Universités sur la plateforme EdX, des emplois-étudiants promis pour le tutorat, un soutien renforcé pour la mobilité des étudiants de licence à l'étranger, afin que la moitié d'entre eux, d'ici deux ans, aient accès à un semestre chez un partenaire international de manière véritablement accompagnée…

En médecine, où la question de l'échec est primordiale, la réflexion est en cours afin de proposer un nombre suffisant d'enseignements d'ouverture en première année, pour permettre aux étudiants recalés à l'issue de la PACES de rejoindre directement une L2 très renforcée.

"Nous souhaitons apporter un cadre et des outils aux établissements. Notre projet n'est ni la fusion, ni le commandement, ni la rationalisation", promet le président. Reste à voir comment les communautés vont s'en emparer.

Camille Stromboni | Publié le