SPÉCIAL BOSTON (2/6). MIT Media Lab : les secrets d’un des labos les plus créatifs du monde

De notre envoyée spéciale à Boston, Jessica Gourdon Publié le
SPÉCIAL BOSTON (2/6). MIT Media Lab : les secrets d’un des labos les plus créatifs du monde
Le MediaLab du MIT ©J.Gourdon - janvier 2014 // © 
Le 27 avril 2014, EducPros vous emmène à Boston. En amont de cette learning expedition, reportage au Media Lab du MIT, où ont éclos des technologies révolutionnaires. Un grand bouillon de créativité, dans une ambiance ludique et libertaire : depuis 30 ans, ce laboratoire mythique ne fait rien comme les autres. Visite guidée.

Une voiture pliable. Le jeu Guitar Hero. L'encre utilisée dans les liseuses électroniques. Un tissu permettant de charger son téléphone portable. Un logiciel reconnaissant les émotions des personnes ou les facteurs du stress dans son environnement. Autant d'idées qui ont germé dans ce bâtiment moderne et transparent, situé au cœur du campus du MIT.

On entre dans le Media Lab comme dans un moulin. Point d'accueil, de tourniquet, de badge à présenter : toutes les portes sont ouvertes. Déjà, une impression de liberté flotte dans l'air, appuyée par une architecture qui laisse passer partout la lumière. On vogue d'espaces en espaces, certains dédiés à l'exposition des projets, à la détente (canapés et tables de ping-pong), et, bien sûr au travail – de salles en joyeux bazar remplies de maquettes en lego, prototypes en cartons, imprimantes 3D, machines électroniques.

"Le Media Lab, c'est à la fois un musée, un environnement de création et d'amusement. Je n'ai rien vu de tel en Europe. Les locaux sont ouvert 24 heures sur 24 – et il y a souvent plus de monde à minuit qu'à 9h", observe Federico Casalegno, directeur du Mobile Experience Lab, un laboratoire hébergé dans le Media Lab.

Le MediaLab du MIT ©J.Gourdon - janvier 2014

Aux interstices des disciplines

Créé en 1985 par Nicolas Negroponte, le Media Lab avait une ambition : produire de nouvelles idées sur les interfaces entre les hommes, les machines et l'environnement, afin de changer la vie des gens. Pour cela, le laboratoire a prêché le mélange des genres, ou plutôt une culture "antidisciplinaire", selon les mots de Joi Ito, directeur du Media Lab, entrepreneur et décrocheur universitaire. "L'idée est de remplir le vide qu'il existe entre les différentes disciplines", affirme-t-il au Financial Times.

Les 25 groupes de recherche, qui travaillent sur 350 projets, mêlent des anthropologues, des architectes, des graphistes, des spécialistes de jeux vidéo, des designers, des biologistes, des musiciens... Soit au total, une centaine de chercheurs, ainsi que 300 étudiants, durement sélectionnés.

Un important budget, non fléché

Autre secret de la créativité du Media Lab : sa puissance et son indépendance. Son budget annuel atteint 45 millions de dollars. Une centaine d'entreprises y contribuent, mais les financements ne sont pas dirigés vers des projets spécifiques – de quoi débrider la créativité.

Les entreprises participent à un consortium, et peuvent ensuite piocher les bonnes idées parmi les projets. "Elles y voient clairement leur intérêt, en termes de recherche, et aussi pour repérer des étudiants. La majorité des étudiants de mon labo partent travailler en entreprise", souligne Federico Casalegno.

Le Media Lab doit aussi sa réussite à un de ses principes fondateur : le culte de l'expérience, du test, du prototype ("demo or die")

L'expérimentation reine

Le Media Lab doit aussi sa réussite à un de ses principes fondateur : le culte de l'expérience, du test, du prototype ("demo or die"). Un esprit Fab Lab avant l'heure. Les appareils électroniques les plus avancés se mêlent à des ateliers remplis de scies, de marteaux et de clous.

Sheng-Ying étudiante du MediaLab du MIT ©J.Gourdon - janvier 2014Sheng-Ying, étudiante en doctorat au Media Lab, a construit un appareil de bois "qui permet de lire des SMS non pas sur un écran, mais sur un mur, grâce à des signaux de lumière. C'est vraiment cette possibilité de construire et tester les choses qui rend ce laboratoire passionnant", juge-t-elle. Elle a aussi mis au point une encre qui permet de numériser des notes prises à la main sur un papier, en temps réel.

L'expérimentation s'applique à tous les domaines, jusqu'à l'agriculture. Ama, étudiante en mécanique, travaille sur un projet de ferme du futur (City Farm), avec des informaticiens et des ingénieurs agricoles. Caleb Harper, responsable du projet, fait visiter sa serre à tous les curieux. "Nous imaginons des systèmes permettant de contrôler l'activité des plantes via des capteurs, et cultiver des légumes sur les parois des tours, afin de rendre un immeuble auto-suffisant". Bienvenue dans le futur.

Learning expedition Boston 2014
Après la Silicon Valley, la route 128 ! Du 27 avril au 2 mai 2014, EducPros organise un voyage d'études à Boston, réunissant une quinzaine de participants, représentants de grandes écoles, d'universités et du ministère de l'Enseignement supérieur. Véritable plongée au coeur de l'innovation ! Cette excursion transatlantique est l'occasion de rencontrer les équipes du MIT, de Harvard, de découvrir edX, le Broad Institute, le campus Dassault System, le CIC et de nombreux autres lieux d'innovation, et d'échanger avec des représentants d'entreprises emblématiques du secteur.

Retrouvez le programme détaillé ici.
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