Thecamp, le futur campus à l’américaine... à Aix-en-Provence

Morgane Taquet Publié le
Thecamp, le futur campus à l’américaine... à Aix-en-Provence
Le futur campus de Thecamp à Aix-en-Provence // ©  thecamp
Lancé le 5 juillet 2015 à Aix-en-Provence, Thecamp se positionne comme le futur campus d’innovation dédié à la ville intelligente et durable. Un campus où se mêlent des financements publics et privés, pour lequel les fondateurs revendiquent leurs inspirations d’outre-Atlantique.

Sur le papier, le projet Thecamp a tout du campus idéal. "Sept hectares de nature, 12.000 m2 de bâtiments, 250 chambres et 2 restaurants." C'est ainsi que s'affiche le futur campus d’innovation dédié à la ville intelligente et durable à Aix-en-Provence, sur le technopôle de l’environnement Arbois Méditerranée.

Le projet, à l’initiative de Frédéric Chevalier, fondateur de l’entreprise en marketing HighCo, a un objectif : faire collaborer acteurs publics et privés sur la thématique de la ville intelligente pour faire face à l’urbanisation progressive de la population. Lancé le 5 juillet 2015 en présence d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, le projet attire les financeurs privés. Cisco, Sodexo, Steelcase ou encore Vinci sont parties prenantes du projet.

Le budget annoncé a de quoi faire des envieux. La phase d’amorçage est évaluée à 75 millions d’euros dont 12 millions apportés par Frédéric Chevalier lui-même. 35 millions d’euros seront consacrés à la construction des bâtiments, prise en charge notamment par la Caisse des dépôts, la Caisse d’Épargne et Frédéric Chevalier. Les 40 millions restants seront consacrés au lancement du projet, et notamment "à faire venir les meilleurs experts internationaux dès le lancement", précise Lionel Minassian. Ils seront financés par les collectivités territoriales sous forme de prêts à taux zéro, et par certains partenaires privés qui entrent ainsi au capital comme le Crédit agricole, qui abondera notamment l’incubateur à hauteur de 5 millions d’euros, ainsi qu’une mutuelle d’assurance. Des conventions de partenariats seront signées avec les autres partenaires privés.

Le modèle américain clairement revendiqué

Le modèle du campus américain est clairement revendiqué dans l'élaboration de cet écosystème. Mais pas question de s’afficher comme une Singularity University à la française. "Nous avons des points communs avec eux sur la partie accompagnement de start-up, sur les programmes à destination des entreprises, explique Lionel Minassian, en charge du développement de Thecamp. Mais nous voulons nous concentrer sur une seule thématique : la ville intelligente. De ce fait, nous avons aussi des similarités avec le Center for Urban Science and Progress qui utilise la ville de New York comme laboratoire pour les start-up."

Thecamp, qui participe au projet FrenchTech d'Aix-Marseille, mise sur la diversité des publics. Pour la première année, les dirigeants prévoient d'accueillir environ 150 étudiants en master class de 4 mois, 350 jeunes de 9 à 18 ans en summer camp et 2.500 managers du public et du privé en formation continue payante. Pour les master class, l’idée est d’attirer les meilleurs étudiants français et internationaux, mais aucun niveau d’études minimal ne sera requis, explique Lionel Minassian, qui indique que "le modèle de sélection est en cours d’élaboration". Concernant le coût des formations payantes, aucun montant n’est arrêté, affirme également Lionel Minassian. "Mais nous avons le projet de créer une fondation pour aider financièrement les étudiants de master class et de summer school notamment."

Côté innovation, Thecamp prévoit d’accueillir une soixantaine de start-up et PME chaque année, toujours autour de la thématique de la ville intelligente. Une vingtaine pourront être incubées, tandis qu’une quarantaine de places seront réservées à des entreprises qui ont deux ou trois années d’existence et qui ont besoin d’être "accélérées". "Nous voulons aider ce type d’entreprises présentes sur le territoire à dépasser le plafond de verre en leur apportant des financements supplémentaires", explique Lionel Minassian.

Nous voulons nous concentrer sur une seule thématique : la ville intelligente.
(L. Minassian)

Pas de laboratoires de recherche 

Le corps enseignant sera composé "d’experts, d’enseignants et de chefs d’entreprise", précise Lionel Minassian. En revanche, Thecamp ne s’appuiera sur aucun laboratoire de recherche. "Il existe déjà une recherche de qualité en France, ce n'est pas notre ambition. En revanche, nous nous appuierons bien sûr sur des écoles ou universités, notamment pour faire venir des intervenants", explique-t-il.

"Nous n'avons pour l'instant pas été approchés par les dirigeants de Thecamp, mais je ne doute pas que cela arrive", indique de son côté Frédéric Fotiadu, directeur de Centrale Marseille. "C'est un projet très séduisant et atypique sur lequel nous portons un regard d'observateur attentif et bienveillant. C'est aussi un projet très original car très peu d'acteurs privés se penchent sur des projets d'une telle envergure pour l'enseignement supérieur", poursuit-il.

Pour Frédéric Fotiadu, se pose tout de même la question de la participation de fonds publics à ce projet. "Il ne faudrait pas que ces financements se fassent au détriment des établissements publics", estime le directeur, évoquant le projet Marseille Creativity Center, qu'il développe pour 2017 via le CPER.

En attendant, il faudra encore patienter avant de voir Thecamp sortir de terre. La pose de la première pierre est prévue pour octobre 2015, pour une livraison des bâtiments attendue début 2017. 

Morgane Taquet | Publié le