Thierry Mandon suscite l'espoir dans la communauté universitaire

Camille Stromboni Publié le
Thierry Mandon suscite l'espoir dans la communauté universitaire
Thierry Mandon, nommé secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche le 17 juin 2015 // ©  Lionel Antoni
La nomination d'un secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche provoque un soulagement dans la communauté universitaire. Si les attentes demeurent profondes, le profil du nouveau locataire de la rue Descartes, Thierry Mandon, est en tout cas perçu comme un signal positif.

Enfin ! Les représentants du monde universitaire confient avant tout leur soulagement suite à la nomination d'un secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, intervenue le 17 juin 2015. Après trois mois et demi de vacance rue Descartes, marquant pour beaucoup l'abandon de ce secteur par le gouvernement, ce ne sont pas les dossiers en suspens qui manquent.

Au-delà du sens de cette nomination, le profil du nouveau locataire suscite l'espoir dans une communauté au moral en berne, après une année rythmée par diverses mobilisations contre le manque de moyens et pour la défense de l'emploi scientifique.

un expert aux manettes

Tout d’abord, il s'agit d'un connaisseur de l’enseignement supérieur et de la recherche. Outre la présidence du Genopole d'Évry, Thierry Mandon a, en effet, été rapporteur spécial sur le budget de l’enseignement supérieur et de la vie étudiante en 2013.

"Il est conscient de nos problématiques, réagit William Martinet, président de l'Unef. Qu’il s’agisse des difficultés autour de l’autonomie des universités ou des 1.000 emplois officiellement créés chaque année mais que les établissements ne créent pas dans les faits."

"Il est directement opérationnel et dispose d'une vraie technicité sur le budget, confirme Jean-Loup Salzmann, à la tête de la CPU (Conférence des présidents d’université). Il a par ailleurs toujours défendu une augmentation de nos moyens, tout en critiquant les mauvais coups que pouvait nous faire Bercy."

Journée Journée "Repenser l'autonomie - Assemblée nationale// © CS

Outre cette maîtrise de la question cruciale du budget, c’est aussi une oreille attentive qu'a tendue Thierry Mandon aux mouvements qui ont pu s'élever dans la communauté contre la politique gouvernementale. Il a, par exemple, ouvert les portes de l’Assemblée nationale aux acteurs du mouvement "Nous sommes l’université et la recherche", qui organisaient une journée pour repenser l’autonomie, le 10 juin 2014. Et promis une attention toute particulière aux conclusions de cette journée, se disant bien conscient des difficultés des universitaires alors rassemblés.

"Thierry Mandon est conscient des réalités du terrain. Nous pouvons déjà espérer de sa part un bon diagnostic de la situation, plutôt que la prétendue connaissance, ou même l’ignorance volontaire entretenues jusqu’ici", réagit Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public, qui faisait partie des initiateurs du mouvement.

Un poids politique suffisant ?

D'un point de vue politique enfin, le nouveau secrétaire d'État semble aussi avoir sa carte à jouer. "L'enseignement supérieur et la recherche ont besoin de quelqu’un qui connaît déjà les arcanes du gouvernement, comme Thierry Mandon, un ‘politique’, estime Pierre Mathiot, directeur de Sciences po Lille. Car la question de l’ESR est devenue éminemment politique : il faut avoir du poids face à Bercy, d’autant plus au moment où le supérieur a quasiment disparu de l’agenda gouvernemental."

Des signaux positifs qui arrivent néanmoins après des mois de déception chez les universitaires. "Aura-t-il les marges de manœuvre nécessaires pour opérer le véritable revirement qui s'impose afin de sauver l’enseignement supérieur et la recherche… Beaucoup d’espoirs reposent en tous cas sur lui", note Marie-Laure Basilien-Gainche. "Arrive-t-il avec des moyens et une ambition ou bien pour gérer la pénurie ? Nous aurons très vite la réponse avec le budget 2016", renchérit William Martinet.

La réaction du directeur général du Genopole d'Évry
"Thierry Mandon a démontré, pendant ces 16 années à la présidence de Genopole, un attachement profond à la recherche et à l’innovation, estime Pierre Tambourin, directeur général du groupement d’intérêt public. Il est probablement l’homme qui a permis au biocluster de bénéficier d’un soutien politique et financier pérenne des collectivités publiques et de l’État."

"Il connaît également très bien l’enseignement supérieur pour avoir entretenu, pendant ces années de présidence, des liens étroits avec les universités d’Évry et de Paris Sud", ajoute-t-il.

Camille Stromboni | Publié le