TICE : les collectivités territoriales cherchent des solutions… de financement

Fabienne Guimont Publié le
TICE : les collectivités territoriales cherchent des solutions… de financement
Sur le salon Educatec/Educatice // © 
Comment continuer à investir dans les technologies éducatives en temps de crise pour équiper collèges et lycées ? La conférence «Constructeurs/éditeurs : quels projets pour l’école ?», qui s’est tenue le 23 novembre 2011 sur le salon Educatec-Educatice, a implicitement posé la question, alors que les collectivités territoriales éprouvent des difficultés financières.

«Les capacités des collectivités sont exsangues. Bientôt, l’essentiel des financements seront consacrés aux bâtiments pour qu’ils ne s’effondrent pas et aux augmentations de dépenses énergétiques. Nous ne pouvons plus faire d’investissements pédagogiques.» Qui parle ainsi ? Un des responsables du conseil général de Moselle. «Que ferez-vous, constructeurs, pour solvabiliser ce marché ?» Qui interpelle-t-il ? Les constructeurs et éditeurs de matériels pédagogiques numériques rassemblés au salon Educatec-Educatice.

La question du «qui finance ?» les investissements numériques dans les établissements a figuré, cette année, au cœur des discussions entre constructeurs et les acteurs éducatifs, alors que la France est quatrième pour les investissements numériques et seulement vingt-quatrième pour les usages en Europe. Le représentant de Texas Instruments le reconnaît également : «Il y a moins de moyens et l’on doit adapter nos projets.»

Les familles mises à contribution ?

Parmi les solutions proposées par les constructeurs, la participation des familles aux investissements informatiques et numériques est revenue en force. «Selon une enquête réalisée par Ipsos et Microsoft en juin 2011, 80% des familles sont prêtes à payer une partie de l’équipement des élèves», souligne Angelica Reyes-Matiz, responsable de la marque américaine. «Il y a une pression des familles et des équipes pédagogiques pour que les établissements soient équipés et certains paient même de leur poche un TBI», renchérit Jacqueline Cazeaux, de Smart technologies. Des chèques numériques, utilisés en Grande-Bretagne auprès des élèves boursiers, ont également été évoqués pour concentrer une partie des financements des collectivités.

Pour un autre constructeur, l’utilisation des Smartphones personnels des élèves peut aussi être une solution pour expérimenter l’utilisation de TICE, alors que «40% d’entre eux ont un Smartphone dans la poche et que, s’il tombe en panne, ils n’hésiteront pas à le faire réparer car il fait partie de leur vie quotidienne».

Louer plutôt qu’investir ?

Encore peu usuelle dans le domaine de l’équipement informatique pour les collectivités territoriales, la location plutôt que l’achat de matériel est une piste envisagée. Une solution avantageuse pour résoudre la question récurrente de la maintenance des équipements et surtout du financement toujours discuté entre l’Éducation nationale et les collectivités territoriales. La location comprendrait non seulement des prestations de maintenance, mais aussi de la formation des enseignants aux équipements. L’abonnement à l’accès à un service en somme.

La formation, nerf de l'usage

Les constructeurs ont tous marqué leur préoccupation des nécessaires formation et accompagnement des enseignants dans l’utilisation de ces nouvelles technologies. En garantissant que l’intégration des usages des TICE se faisait d’autant plus efficacement que les enseignants travaillent en équipe. «Le TBI change le périmètre des interactions entre collègues et avec l’établissement. Là où on observe une dynamique de groupe, les usages sont plus cohérents et plus rapides. Cela remet en cause le schéma de l’enseignant seul dans sa classe», explique Jacqueline Cazeaux. Sur la formation, comme sur la maintenance des équipements, la même question revient : «Entre Éducation nationale et collectivités territoriales, qui finance ?» La crise risque de reposer la question de façon encore plus cruciale.

Fabienne Guimont | Publié le