Université : la transformation numérique aura son appel à projets

Géraldine Dauvergne Publié le
Université : la transformation numérique aura son appel à projets
L'"UEB C@mpus" de l'Université Bretagne-Loire est l'une des initiatives citées par le CNNum dans son rapport de mai 2016. // © 
Pour accompagner les universités dans leur transformation numérique, un appel à projets financé dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir va être lancé au cours des prochaines semaines.

D'ici fin décembre, quatre à six projets "ambitieux et innovants de transformation numérique" se partageront une enveloppe de 8 millions d'euros. Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et la Recherche, appuyé par le Commissaire général à l'investissement, Louis Schweitzer, a annoncé, le 2 septembre 2016, la création d’un appel à projets, baptisé Dune, pour "Développement d'universités numériques expérimentales". Ce dernier concernera les universités, mais aussi les écoles publiques, privées ou consulaires.

Lancé au cours des prochaines semaines, il sera financé dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir. D'une durée de deux à trois ans, les projets pourront être portés par un ou plusieurs établissements d'enseignement supérieur.

Un test grandeur nature

L'opération Dune est la suite des travaux du CNNum (Conseil national du numérique) qui, le 24 mai 2016, avait présenté aux acteurs de l'enseignement supérieur une note de vision prospective sur la place de l'université dans une société en transformation.

"Partout, des initiatives émergent dans les établissements, mais elles ne concernent qu’un domaine limité : informatisation, numérisation de documents, amélioration des services… expose Sophie Pene, vice-présidente du CNNum. À ce jour, aucune université française n'a de politique complète de transition numérique. Il faudrait par exemple que les établissements se dotent de responsables de la transformation digitale, en marge de leur DSI [direction des services d’informations]."

Vers une transformation numérique "massive"

Pour être éligibles à Dune, les projets auront pour cible une transformation numérique "massive" et "multidimensionnelle" des cursus et comporteront un dispositif d'observation et de mesure de l'impact. "Trois boussoles doivent permettre aux établissements de définir leur projet de transformations : le service aux étudiants ou aux communautés d'enseignants, la pédagogie et le management, explique Thierry Mandon. Mais chacune de ces catégories reste très ouverte, et les déclinaisons infinies."

Le projet peut en effet s'inscrire de manière transversale dans les cinq "polarités" identifiées par le CNNum dans son référentiel : lieux d'apprentissage, contenus pédagogiques et données, recherche concernant l'éducation, services numériques et modèles économiques numériques. Pour avoir une chance d'être sélectionnés, les dossiers devront mettre en avant des actions déjà mises en œuvre, ayant un impact visible.

"L'intérêt de cet appel à projets est qu'il capitalise sur les initiatives existantes, sans chercher à réinventer la roue", constate Yves Condemine, vice-président numérique de l'université Jean-Moulin Lyon 3. L'établissement pourrait déposer un dossier, porté par l'Université de Lyon, dans le cadre d'une approche de site. "Toute la difficulté des bonnes pratiques consiste souvent à les diffuser au sein d'un réseau. Cette initiative donne l'occasion de le faire."

Des ateliers de "design participatif" pour les dirigeants des établissements
En marge de cette "expérimentation", Thierry Mandon invite tous les acteurs de l'enseignement supérieur à prendre part aux ateliers de design participatif, organisés d'octobre à décembre 2016 par le Conseil national du numérique, en collaboration avec la CPU, la CGE et la Cdefi. "Il s'agit, à partir des méthodes de design thinking, d'introduire de la prospective et de fabriquer des scénarios stratégiques", précise Sophie Pene, vice-présidente du CNNum. Car une véritable politique numérique dépasse le seul champ de l'informatique.

"Aujourd'hui, les salles de cours, les espaces de coworking ou les cafétérias deviennent des composantes essentielles de la vie numérique, estime Sophie Pene. À mesure que la ressource s'organise et se fait accessible en ligne, les locaux de l'université deviennent un carrefour de rencontres."

Géraldine Dauvergne | Publié le