Une deuxième fusillade au coeur du modèle finlandais

Fabienne Guimont Publié le

En Finlande, une fusillade dans un lycée d’enseignement professionnel a fait au moins onze morts le 23 septembre 2008 parmi les 150 élèves de l’établissement. Le tireur, Matti Juhani S., étudiant de 22 ans en deuxième année dans ce centre d’apprentissage en hôtellerie-restauration est également mort. Il est entré dans une salle d’examen vers 11 heures et a tiré sur les étudiants avant de se retrancher plusieurs heures dans l’établissement en continuant de tirer. Le drame s’est déroulé dans la petite ville de Kauhajoki, à l’ouest du pays. Une vidéo postée sur Youtube montrant le jeune homme en train de s’entraîner avec une arme avait alerté la police. Il avait été interrogé la veille avant d’être relâché. 

Apologie de la violence sur Youtube

Cette tuerie intervient moins d’un an après le drame du lycée de Jokela, au nord d’Helsinki. Cette première tuerie, en novembre 2007, dans un établissement scolaire finlandais avait fait neuf morts et le tueur s’était également suicidé. Il avait aussi diffusé des videos présentant ses intentions sur Youtube. Ce fait divers avait conduit le gouvernement à relever l’âge de la permission de détention d'armes de 15 à 18 ans.

Le modèle finlandais remis en cause ?

Paul Robert était en train de rédiger son livre « La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? Les secrets de la réussite » (ESF éditeur, 2008) au moment de la première fusillade, en novembre 2007. « Les Finlandais étaient extrêmement choqués car ce n’était jamais arrivé, nous confie-t-il. Les collègues finlandais pensaient que cela constituait un fait isolé. L’élève était un jeune homme très renfermé sur lui-même, branché sur la culture qui faisait l’apologie de la violence et venait d’une famille sans problème. Après cet événement, les autorités n’avaient pas mis de barrières électroniques à l’entrée des établissements. Cela fait partie de leur culture basée sur la confiance et la liberté de mouvement. Les abords des établissements ne sont pas surveillés et les élèves y accèdent très facilement. A moins d’une année d’intervalle, le débat sur la surveillance des accès va se reposer. J’espère que le système éducatif pourra surmonter cet épisode et conserver ses caractéristiques ».

Fabienne Guimont | Publié le