Une rentrée universitaire "charnière" pour le gouvernement

Camille Stromboni Publié le
Une rentrée universitaire "charnière" pour le gouvernement
Thierry Mandon et Najat Vallaud-Belkacem ont détaillé les chantiers à venir sans préciser les moyens dont ils disposeront, lors de la conférence de rentrée universitaire, mercredi 16 septembre 2015. // ©  Nicolas Tavernier / R.E.A
Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon ont fait leur conférence de rentrée universitaire le 16 septembre 2015. Leur priorité : répondre à l'afflux d'étudiants dans l'enseignement supérieur. Avec en toile de fond l'incertitude autour du budget 2016, en cours d’arbitrage.

C’est une "rentrée charnière", a avancé Thierry Mandon lors de la conférence de presse du 16 septembre 2015. Le secrétaire d’État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche a insisté sur le "choc démographique" auquel est confrontée l’université, avec "65.000 jeunes de plus qui frappent à sa porte" cette année.

Une pression qui se concentre pour moitié sur quatre filières universitaires, selon les premières estimations ministérielles : la paces (+16%), le droit (+12%), les staps (+10%) et psychologie (+8%). Et cela va continuer dans les années à venir. Trois millions d'étudiants sont attendus dans dix ans. Un défi et surtout une "chance", a tenu à souligner la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.

Améliorer l'orientation post-bac

L’amélioration d’APB (Admission post-bac) et de l’orientation dans l’enseignement supérieur constitue l’un des principaux défis de l’année à venir. "Ce logiciel a été un grand progrès. Il faut maintenant l’améliorer, en informant mieux les lycéens sur les filières, les débouchés, et les chances de réussite", a déclaré la ministre de l’Éducation nationale, rappelant l’objectif fixé par la Stranes (Stratégie nationale de l’enseignement supérieur) d’atteindre 60% d’une classe d’âge diplômée du supérieur.

Premier chantier urgent : les recalés de septembre. Najat Vallaud-Belkacem a promis que chaque cas problématique serait traité. Une centaine d’étudiants seraient encore sans affectation, à l’issue de la phase complémentaire, contre 7.000 en juillet.

En finir avec le flou de la sélection en master 

Autre dossier sur la table pour ces deux dernières années du quinquennat : la sélection en master. Les recours d'étudiants refusés en master 2 se multiplient et les tribunaux penchent alternativement du côté de l'étudiant ou de celui des établissements. "Il est temps de régler un problème qui n’a que trop duré, a assuré Thierry Mandon. Le régime juridique des masters doit être précisé. D’ici la fin de l’année, ce sera tranché." Najat Vallaud-Belkacem s’est dite bien consciente des difficultés des présidents d’université, face aux diverses interprétations des tribunaux. "Ce qui montre bien que les textes doivent être repris", a-t-elle souligné.

Pour Thierry Mandon, pas de doute : "le master est un bloc, il n’y a pas de master 1 ou de master 2. C’est dans un master que doit s’engager l’étudiant. Il s'agit d'un moment important dans la vie de l'étudiant et il faut des outils, non pas pour les sélectionner, mais afin de leur donner un certain nombre d'informations pour faire leur choix."

Le master est un bloc.
(T. Mandon)

Quid du budget ?

Quant au budget 2016 pour l’enseignement supérieur et la recherche, les "arbitrages sont en cours", a indiqué Najat Vallaud-Belkacem. "Nous avons obtenu que l’enseignement supérieur et la recherche soient préservés, c'est-à-dire épargnés des économies demandées aux autres ministères, a simplement rappelé Thierry Mandon. Maintenant, nous espérons plus."

Le secrétaire d'État a également évoqué la nécessité de remettre à plat le modèle d'allocation des moyens aux établissements. "[Les moyens attribués à] ceux qui accueillent beaucoup d'étudiants et avec qualité doivent être un peu plus élevés que pour ceux qui donnent parfois le sentiment de se protéger face à l'afflux de nouveaux étudiants", a-t-il affirmé.

Reste à savoir si la "stabilité" budgétaire annoncée passera par un auto-financement permis par une nouvelle ponction de 100 millions d'euros sur les fonds de roulement, ou si les universités et les écoles d'ingénieurs vont cette fois-ci y échapper.

Camille Stromboni | Publié le