Des bibliothèques ouvertes, mais pas à n'importe quel prix

Marie-Anne Nourry Publié le
Des bibliothèques ouvertes, mais pas à n'importe quel prix
Retenue dans le cadre de ce premier appel à projets, l'université Paris-Dauphine prévoit, à terme, l'extension des horaires d’ouverture jusqu'à 22 heures sur les 32 semaines de cours et d’examens. © M.-A. Nourry // © 
Le plan ministériel "Bibliothèques ouvertes" vise l'extension des horaires d'ouverture, en faisant appel à des étudiants contractuels pour assurer les heures "extrêmes". Une initiative qui inquiète les personnels de bibliothèque, soucieux de maintenir le niveau de qualité des services.

Le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a lancé en février 2016 le plan pluriannuel "Bibliothèques ouvertes" qui va s'étendre jusqu'en 2019. L'objectif est d'élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques universitaires le soir, le week-end et pendant les vacances scolaires. Budget de l'opération : 12,7 millions d'euros.

Vingt et un projets portés par des établissements ou regroupements d'établissements ont été retenus dans le cadre de la première vague du plan. Ils seront déployés sur les campus à la rentrée 2016. Le nombre de bibliothèques ouvertes le dimanche va ainsi passer de 7 à 15, et celui des bibliothèques ouvertes en soirée sera porté à 73, contre 52 aujourd'hui. Le prochain appel à projets sera lancé en septembre pour une prise d'effet des mesures en janvier 2017.

Pour une qualité de service identique

Le point qui fâche la communauté des bibliothécaires est le recours aux moniteurs étudiants pour assurer les heures complémentaires, le plan du ministère ne prévoyant pas de création de postes pour renforcer les équipes titulaires. "Nous sommes pour une bibliothèque ouverte largement mais pas pour une garderie, la qualité du service doit être identique à 14 heures ou à 21 heures", s'insurge Béatrice Bonneau, conservateur à la BPI (Bibliothèque publique d’information) et représentante Snasub-FSU. Fin avril, elle avait lancé une pétition contre le plan du ministère qui a enregistré plus de 1.000 signatures au sein de la communauté des personnels de bibliothèque.

Même son de cloche côté Sgen-CFDT : "Pour des raisons de qualité du service et de sécurité, nous souhaitons maintenir une présence de personnels qualifiés, en plus des moniteurs étudiants, indique Gilles Russeil, responsable du pôle documentaire humanités de Bordeaux Montaigne. Les contractuels restent au plus un ou deux ans, il est difficile de leur confier à eux seuls la sécurité des personnes et des collections."

Récupération, indemnisation : deux points de vigilance

Si le regroupement Université de Bordeaux a obtenu l'ouverture de deux bibliothèques jusqu'à 22 heures, Bordeaux Montaigne s'est octroyé encore une année pour poursuivre les négociations. "Passer à des horaires étendus ne s'improvise pas : à quel régime de récupération les personnels peuvent-ils prétendre ? Quelle indemnisation pour le travail effectué en dehors des heures classiques ?", énumère Gilles Russeil.

Seules des conditions avantageuses sauront convaincre les personnels de bibliothèque. "Il faut qu'ils y trouvent leur compte", résume la représentante Snasub-FSU, qui tient à rappeler que l'amplitude d'ouverture des bibliothèques est déjà supérieure à celle de toutes les autres entités universitaires.

Marie-Anne Nourry | Publié le