Priorité "Jeunesse" : François Hollande peine à convaincre

Camille Stromboni Publié le
Priorité "Jeunesse" : François Hollande peine à convaincre
François Hollande a affiché son ambition de porter à 60% la proportion d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieur. // ©  Denis Allard / R.E.A
François Hollande s’est déplacé à Saclay le 17 septembre 2015 pour défendre la priorité "Jeunesse" du gouvernement et annoncer l’objectif de 60% d’une classe d’âge diplômée de l'enseignement supérieur d’ici dix ans. Les syndicats dénoncent, eux, un décalage grandissant entre le discours et les actes.

L’enseignement supérieur est une priorité du gouvernement, a répété à plusieurs reprises François Hollande, lors de son déplacement à Saclay pour la rentrée universitaire, le 17 septembre 2015. Le président de la République est revenu sur la forte progression du nombre d’étudiants en cette rentrée.

"Pour des raisons démographiques, mais aussi de volonté politique, il y a de plus en plus d’étudiants dans notre pays. 150.000 de plus sur ces trois dernières années, a-t-il assuré. Ceux qui sont bons en calcul ont fait valoir que cela représentait 7 à 8 universités supplémentaires et que cela devrait être accompagné de moyens. C’est imparable !"

UN "BUDGET PRÉSERVÉ" ET 10 MILLIARD D'EUROS POUR LES INVESTISSEMENTS D'AVENIr


Le Président a justement assuré que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche sera préservé et confirmé le lancement d’un nouveau programme d’investissements d’avenir en 2016, de 10 milliards d’euros. "Le système d’enseignement supérieur veut avancer, mais à condition qu’on lui donne toutes les conditions pour y parvenir. Le budget sera sanctuarisé. Des financements, il y en aura par le programme des investissements d’avenir et la formation professionnelle", a-t-il déclaré.

François Hollande a partagé son ambition d’élever le niveau de connaissance, en fixant un objectif à la Nation, inscrit dans le rapport de la Stranes (Stratégie nationale de l’enseignement supérieur) : amener 60% d’une classe d’âge à un diplôme d’enseignement supérieur d'ici dix ans."J’attends que les ministres reprennent les conclusions de ce rapport et en fassent la traduction dans une langue financière et administrative", a-t-il indiqué.

Après le discours, les actes

Un ensemble d'ambitions et d'assurances qui provoque une incompréhension toujours plus grande dans la communauté universitaire. De manière quasi-unanime, les syndicats étudiants et enseignants – Snesup, Sgen-CFDT, SNPTES, Sup'Recherche Unsa, Fage, Unef – ont réagi en dénonçant le décalage entre le discours et la "situation qui ne cesse de se dégrader", avec une rentrée très tendue.

"Nous faisons appel à la raison et à la vérité, s'exclame Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen-CFDT, en charge du supérieur et de la recherche. La situation financière des universités n’est plus tenable, il faut arrêter avec ce discours mensonger et trompeur où l’on annonce un budget préservé, stable ou en hausse, alors que dans les faits, il ne cesse de diminuer."

"De nombreux collègues sont épuisés, en dépression, avec de plus en plus de phénomènes de burn-out. Les services de médecine préventive sont débordés", insiste Pascal Maillard (Snesup). Pourtant, le protocole social signé en février 2014 est resté "lettre morte", rappelle le secrétaire général du Sgen-CFDT, Frédéric Sève.

"Et le nombre d’agents dans l’enseignement supérieur et la recherche diminue toujours, renchérit le secrétaire général du Snesup, Hervé Christofol. Avec 700 équivalents temps plein en moins depuis 2012, alors qu'on nous assure sans arrêt que 1.000 postes sont créés chaque année !"

On trouve 10 milliards d'euros pour un PIA mais pas 500 millions d'euros pour que les universités puissent fonctionner normalement.
(F. Loureiro)

Les syndicats espèrent mobiliser

Quant aux 10 milliards d'euros promis par ce troisième programme d'investissements d'avenir, ils semblent bien loin des préoccupations actuelles des syndicats. "On trouve 10 milliards d'euros pour un PIA mais pas 500 millions d'euros pour que les universités puissent juste fonctionner normalement, s'énerve Franck Loureiro. Les établissements ferment des parcours, coupent dans les budgets des composantes, des labos fonctionnent avec 60% de précaires… Cette contradiction est de plus en plus insupportable pour les personnels." 

"La rentrée s'annonce chaude", résume Hervé Christofol. Un appel à la mobilisation des syndicats se prépare pour le 16 octobre, avec Sciences en marche, pour défendre le budget et l'emploi scientifique. "Et les mouvements ont déjà commencé", souligne le président de La Fage, Alexandre Leroy, citant les étudiants de staps, qui ont annoncé une manifestation pour fin septembre.

Camille Stromboni | Publié le