Présidentielles, sélection, APB... Ce qui attend l'université en 2016

Camille Stromboni Publié le
Présidentielles, sélection, APB... Ce qui attend l'université en 2016
2016 sera une année électorale dans les universités : une majorité d'entre elles vont renouveler leurs présidents et leurs conseils centraux. (Paris 4 Paris Sorbonne) // ©  Camille Stromboni
2016 sera un test pour l'université : sera-t-elle en mesure d'accueillir tous les bacheliers candidats, en échappant à la crise de la rentrée dernière ? C'est aussi la question sensible de la sélection en master qui risque d'être enfin tranchée, tandis qu'en toile de fond, la compétition des Idex et les élections des présidents dans la majorité des facs promettent une année... électrique.

Une année électorale

Campagnes et débats à l'horizon. La majorité des 68 universités du territoire métropolitain vont renouveler leurs présidents en 2016. Plus de huit ans après la loi LRU, il s'agira, pour la communauté universitaire, de choisir la deuxième génération de présidents à la tête d'universités "autonomes".

Paris 5, Aix-Marseille et Marne-la-Vallée ont ouvert le bal dès l'automne 2015, en élisant leurs conseils centraux. Strasbourg le fermera à l’hiver 2016. Moins d’une dizaine d’universités échappent à ce renouvellement. Avec de nouveaux visages à venir : une quinzaine de présidents achèvent leur second mandat de quatre ans et ne pourront donc pas se représenter. 

Les fusions à venir bouleversent le cycle d’élections. À Clermont-Ferrand, où les deux universités doivent ne faire qu'une au 1er janvier 2017, un nouveau président a été élu dès décembre 2015 à l’université d’Auvergne, pour cette période de transition. La question d'un administrateur provisoire est à l'étude à l'université Blaise-Pascal, le président actuel achevant son mandat en mars.

À Grenoble, les conseils centraux de la nouvelle université unique se réuniront le 7 janvier 2015 pour élire leur président. Très certainement une présidente : les listes de Lise Dumasy, jusqu'ici à la tête de Stendhal-Grenoble 3, sont arrivées en tête chez les enseignants-chercheurs.

l'université va-t-elle résister au choc démographique ?

La rentrée 2015 n'était qu'un avant-goût. Le boom démographique, avec l'arrivée d'un nombre de bacheliers toujours plus élevé sur les bancs de l'université, ne fait que commencer. Les difficultés rencontrées pour trouver une place à tous les jeunes qui souhaitent étudier à la fac – qui plus est dans la filière demandée – vont donc se reproduire. Avec, pour certaines disciplines, un tirage au sort entre candidats fortement décrié.

D'où une batterie de mesures qui vont être testées dans le système APB (Admission post-bac) en 2016. "L’objectif, pour la rentrée 2016, est que tous les bacheliers aient une proposition qui réponde à leurs aspirations et qu’ils soient mieux informés sur ce qui les attend", a promis Najat Vallaud-Belkacem en décembre 2015.

Avec une nouveauté : pour les quatre licences les plus demandées – Paces, Staps, psychologie et droit — les candidats devront désormais formuler une seule candidature par académie, ou à l'échelle de la région pour l'Île-de-France. Des vœux groupés qui permettront "maximiser les chances" de chacun, espère la ministre de l'Éducation nationale.

En toile de fond demeure cependant la question du manque de moyens des universités pour accueillir cet afflux de nouveaux étudiants. Un manque que ne cesse de dénoncer l'ensemble la communauté universitaire : le Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) a voté, à une très large majorité, contre le budget 2016 de l'enseignement supérieur.

Idex : le dernier round

La saison 2 des Idex va battre son plein en 2016. D'un côté, les huit premiers lauréats de la compétition des Idex (Aix-Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Sorbonne Universités, Sorbonne Paris-Cité, Saclay et Paris Sciences et Lettres) repassent devant le jury international, quatre ans après avoir obtenu le label et la manne d'excellence.

Avec une forte incertitude autour du projet phare de Saclay, après la séquence de hautes tensions de l'hiver 2015 entre écoles — particulièrement Polytechnique — et universités. Les 18 membres de l’Université Paris-Saclay ont finalement déposé, ensemble, leur dossier d'Idex, en décembre 2015. Un accord trouvé sur le fil, qui devra faire ses preuves en 2016.

De l'autre, les 20 pôles universitaires qui n'ont pas été retenus en 2011-2012 participent à une nouvelle vague de sélection pour un Idex ou un Isite, lancée en 2015. Huit candidats ont déjà été présélectionnés : Lille, Grenoble, Nice, Montpellier, Bourgogne-Franche Comté, Paris-Est, Clermont-Ferrand et la Lorraine.

Université de Bordeaux, bibliothèque du site de la VictoireLa première condamnation sur le fond est tombée en décembre 2015 au tribunal administratif de Bordeaux : l'université n'a pas le droit de refuser un étudiant à l'entrée du master 2. // Université de Bordeaux ©CS

Sélection en master : en attendant le ministère...

Les condamnations d'universités se succèdent depuis plusieurs mois. En référé, mais aussi sur le fond, à Bordeaux, en décembre 2015. Les tribunaux jugent la sélection en master illégale, entre le M1 et le M2, et enjoignent les facs poursuivies à inscrire les étudiants concernés dans les master 2 demandés.

Un serpent qui se mord la queue : les universités n'ont pas les moyens d'accepter, dans un certain nombre de filières de master 2, tous les étudiants candidats. Sans compter que les débouchés sur le marché du travail ne seraient pas toujours au rendez-vous.

Thierry Mandon s'est dit conscient de la situation. Sa promesse de trouver une solution avant la fin 2015 devrait finalement se concrétiser en 2016. Le secrétariat d'État à l'Enseignement supérieur attend notamment la décision du Conseil d'État, qui doit être rendue durant le premier semestre. L'opposition à toute sélection à l'université, en licence comme en master, a été tout de même rappelée à de nombreuses reprises par la rue Descartes. Et l'idée d'une solution ciblée seulement sur les filières les plus en tension – droit et psychologie principalement évoquée.

Ce qui laisse présager des mesures limitées sur ce sujet sensible, qui oppose présidents d'université et syndicats étudiants, d'autant plus à la veille d'une autre campagne électorale qui va s'ouvrir : la présidentielle 2017.

Et aussi...
- Évaluation continue et rattrapages : présidents vs Unef
Un second dossier, opposant présidents d'université et étudiants, et ayant donné lieu à des condamnations en justice des facs, attend lui aussi sur le bureau du secrétaire d'État : celui de l'évaluation continue intégrale, que les universités veulent développer en supprimant les rattrapages.
Les présidents défendent l'impossibilité de mettre en place un tel système de contrôle continu en conservant une deuxième session d'examens, quand l'Unef est farouchement opposée à toute remise en question de ce droit à une seconde chance. L'expérimentation d'un système hybride a été envisagée rue Descartes. Reste à savoir si le ministère décidera d'avancer sur ce sujet sensible.

- Vers des Bachelors en écoles d’ingénieurs
Après un débat de plusieurs années, 2016 devrait accueillir les premiers Bachelors ingénieurs. Si Arts et Métiers ParisTech s’est déjà lancé sur le créneau, d’autres ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de proposer un diplôme de niveau bac+3, à l’image de Centrale Nantes, de l’ESEO ou encore de l’École polytechnique. Avec une interrogation : ces cursus réussiront-ils à décrocher le grade de licence ?
Notre article : Assistant-ingénieur, le nouveau filon des écoles d’ingénieurs

- Les premiers labels "Grande école du numérique"
Annoncée en février 2015 par François Hollande et lancée en septembre, la "Grande école du numérique" prendra la forme d’un label. Attendue pour fin 2015, la publication des structures labellisées devrait intervenir dans les premières semaines de 2016.
Notre article : Grande école du numérique : un label déjà convoité

- Des expérimentations sur la formation continue
C'est l'une des principales sources de financement régulièrement brandie pour répondre aux difficultés budgétaires des universités : la formation continue. Dans son rapport remis en novembre 2015, François Germinet fixe un objectif d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2020 et dessine pour l'atteindre un nouveau modèle. Une dizaine d'établissements volontaires vont l'expérimenter en 2016.
Notre article : Formation continue : les universités veulent décrocher le milliard

- Un nouvel arrêté pour encadrer le doctorat
La réforme du statut du doctorat, initiée en 2015, a été reportée en 2016. Après la fuite du texte début avril 2015 et les premières réactions négatives qui ont suivi, le ministère a finalement décidé de prendre le temps de la concertation.
Notre article : Doctorat : un projet d'arrêté qui ne passe pas
Camille Stromboni | Publié le