Université : que sont devenus les anciens présidents ?

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La CPU (Conférence des présidents d'université) organise, pour la première fois, une université d'été les 29 et 30 août 2012 afin de réunir les anciens et les nouveaux présidents d'université. L'occasion de dresser un panorama des différents "débouchés" empruntés par la cinquantaine de présidents d'université qui ont quitté cette fonction en 2012.

"Je pense qu'on a tous dans l'idée de se reposer quelque peu", sourit Jean-Claude Colliard , qui a passé le relais à Philippe Boutry à la présidence de l'université Paris 1.

Mise en place de la loi LRU, mouvement des enseignants-chercheurs en 2009, Opération Campus, Grand emprunt … Les mandats des présidents d'université qui ont passé la main en 2012 ont été intensifs. "Je me levais à 4h20 et terminais rarement avant 21h. Je n'ai jamais autant travaillé de toute ma vie", assure Axel Kahn , ancien président de l'université Paris 5.

La présidence des PRES


Si beaucoup ont évoqué leur souhait de prendre l'année sabbatique à laquelle peut prétendre un président d'université à l'issue de son mandat… peu semblent avoir mis réellement cette idée en pratique. Jean-Claude Colliard conserve la présidence du PRES Hésam (dont fait partie Paris 1) et celle de la fondation Santé des étudiants de France. "L'année suivante, je profiterai réellement de l'année sabbatique", promet le professeur de science politique.

Plusieurs occupent d'ailleurs la tête du PRES auquel appartient l'établissement qu'ils présidait : Sylvie Faucheux (Versailles Saint-Quentin) et Françoise Moulin Civil (Cergy-Pontoise), respectivement présidente et vice-présidente du PRES du Grand ouest parisien (UPGO), Farid Ouabdesselam à Grenoble (administrateur provisoire), Christian Morzewski dans le Nord, ou encore Louis Vogel pour le PRES Sorbonne Universités (Paris 2-4-6).

Le juriste, président de la CPU jusqu'à décembre 2012, a repris son master 2 en droit européen des affaires, avec une charge de cours qui débutera au second semestre, et reprendra son activité de recherche après avoir terminé son mandat à la CPU.

L'enseignement, la recherche ... et la CPU

Plusieurs présidents ont eux aussi -naturellement- retrouvé leurs fonctions d'enseignement et de recherche. "C'est une période de transition, explique Olivier Sire , qui a quitté la tête de l'université Bretagne-Sud en mars 2012. J'avais moins d'appétit pour l'enseignement après mon mandat donc je profite de l'année sabbatique en reprenant seulement mes activités de recherche et l'encadrement de mon laboratoire."

Le professeur de biophysique envisage tout de même de créer un cours en version numérique, et de poursuivre son travail sur les liens et la mise en réseau entre universités, entreprises et collectivités, notamment en mettant son expertise au service des nouveaux présidents à la CPU.

Plusieurs anciens présidents vont ainsi rester proches de la CPU. Jean-Pierre Finance (Lorraine) y occupe lui une fonction permanente : délégué permanent de la CPU à Bruxelles. D'autres ont rejoint des postes de responsabilité dans des organismes en lien avec l'enseignement supérieur, comme Camille Galap , ancien président de l'université du Havre, devenu directeur adjoint de l'ESEN (Ecole supérieure de l'Education nationale) en charge de l'enseignement supérieur et la recherche, ou Gilbert Casamatta , en charge de l'IRT (Institut de recherche technologique) toulousain.

Le monde politique... jamais très loin de l'université

Autre débouché de taille : le monde de la politique et des ministères. Axel Kahn (Paris 5) s'est engagé en politique de manière militante, en défendant les couleurs du parti socialiste à Paris lors des élections législatives 2012 , après s'être mobilisé auprès de Martine Aubry lors des primaires puis François Hollande durant la campagne présidentielle.

"C'était une expérience intense et riche qui m'a beaucoup plu. J'ai marché près de 1.200 kms dans ma circonscription ! Cela m'a permis de connaître un monde qui m'était jusqu'ici inconnu", se réjouit le généticien, retraité, actuellement en période d'écriture (deux ouvrages en cours) et de réflexion sur un engagement à venir dans la campagne municipale pour la mairie du Ve (Paris).

D'autres ont pris des responsabilités au sein de la haute administration. François Weil , à la tête de l'EHESS depuis 2009, est devenu recteur de Paris durant l'été 2012, tandis que Simone Bonnafous , ancienne présidente de l'UPEC et vice-présidente de la CPU (2008-2010), a été nommée DGESIP (Directrice générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle).

Le cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur

Ils sont également plusieurs à avoir intégré le cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur. "C'est déstabilisant car la fonction n'a rien à voir avec la présidence d'une université, reconnaît Jacques Fontanille (Limoges), conseiller SHS de Geneviève Fioraso. On ne dispose plus de l'indépendance d'un enseignant-chercheur, ni de l'autonomie d'un président d'université. Mais c'est une nouvelle expérience passionnante".

Lionel Collet (Lyon 1), ancien président de la CPU, ou encore Daniel Filatre (Toulouse 2), sont respectivement devenus directeur de cabinet et conseiller "premier cycle et formation des enseignants". "Notre ministre a fait le choix de l'expérience. Ce qui n'est pas forcément naturel, les cabinets ministériels étant le plus souvent composés d'abord de jeunes, sur-diplômés", sourit Jacques Fontanille.

Cela tombait bien pour le professeur de linguistique qui ne se voyait pas retourner à ses fonctions antérieures d'enseignant-chercheur à Limoges. "Dans mon domaine, j'ai créé les formations et les laboratoires que j'ai dirigés, avant de passer le relais. Ce serait difficile d'y revenir", estime le conseiller, qui a tout de même conservé une activité de recherche - moins intense -, le suivi de 7 doctorants et une petite charge de cours. "C'est vital de garder le contact avec les étudiants", estime-t-il.


Anciens et nouveaux présidents réunis à l'université de la CPU

Avec le profond renouvellement qui a eu lieu en 2012 à la tête des universités françaises - une cinquantaine de nouveaux présidents -, la CPU organise, pour la première fois, une université d'été réunissant les nouveaux et anciens présidents les 29 et 30 août 2012. Objectif : accompagner le passage de relais et former les nouveaux présidents.

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