Sciences humaines et sociales : les bonnes intentions de Thierry Mandon

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Sciences humaines et sociales : les bonnes intentions de Thierry Mandon
Hormis la création de licences "humanités numériques", la grande partie du plan de Thierry Mandon est dédiée au soutien de la recherche en SHS. // ©  Jean Luc LUYSSEN/REA
Le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche a présenté, lundi 4 juillet 2016, 29 mesures en faveur des SHS. Très axé sur la recherche, le plan prévoit aussi l'expérimentation d'une licence "humanités numériques", la rédaction d'un rapport sur les formations interdisciplinaires, le tout à moyens constants.

Soutien à la recherche en sciences humaines et sociales, accès aux financements, diffusion de la recherche et  insertion professionnelle des docteurs... Le plan en faveur des sciences humaines et sociales présenté par Thierry Mandon, vise "à soutenir celles et ceux qui font des SHS".

Ces actions seront financées par "les enveloppes prévues dans le cadre du budget actuel", précise le cabinet du secrétaire d’État, qui "espère des mesures plus étendues au sein du budget 2017".

des licences "humanités numériques"

Concrètement, la majorité des 29 mesures de ce plan portent sur la recherche. Seules quelques-unes concernent les formations à proprement parler, dont l’expérimentation par des universités volontaires d’une licence "humanités numériques". "Ces licences coupleraient l’étude des techniques numériques au service des SHS et l’étude de la numérisation de nos sociétés." D'ores et déjà, Jean-François Balaudé, président de l'université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense se dit intéressé par une telle expérimentation, son établissement proposant déjà une licence et un master "Humanités".

Deux autres mesures visent à "favoriser l’interdisciplinarité" dans l’enseignement. Il s’agit de l’installation d’"un référent pour l’interdisciplinarité SHS au sein du HCERES [Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur]" dès 2016, et de la commande d’un rapport sur les formations interdisciplinaires dans l’enseignement supérieur.

Sont également prévus une meilleure détection des disciplines en tension et "un état des lieux et un suivi de l’emploi scientifique SHS en France", et ce dès l’année prochaine. Objectif affiché : "poursuivre la politique d’emplois dédiés aux disciplines rares, émergentes ou  intersectorielles" et "améliorer les taux d’encadrement dans les disciplines sous-dotées".

Enfin, en termes d’insertion professionnelle, le secrétariat d’État lance l'expérimentation de "dispositifs d’appui à l’insertion des étudiants et diplômés en SHS via la création de nouveaux postes d’ingénierie pédagogique qualifiés". Une mesure qui suscite la curiosité du président de Nanterre, qui regrette cependant l'absence de précisions sur le contenu de tels postes.

"Dans l'ensemble, estime Jean-François Balaudé, les mesures annoncées soulèvent de nombreuses questions. On ne peut que se réjouir de l'attention portée aux SHS mais le projet doit encore acquérir de la consistance - peu de mesures apparaissent très concrètes -, et des moyens afférents."

transférer la recherche en SHS vers la Société 

Un deuxième volet de mesures portant sur "l’organisation d’une politique de transfert" de la recherche en SHS vers la société sera annoncé "au plus tard à la rentrée 2016", précise Thierry Mandon à EducPros.

Un chantier qui soulève deux autres questions : celle de "la formation des élites administratives et politiques" et celle de "l’organisation de la recherche sur l’action publique". "Le fait qu’il n’y ait pas de recherche à l’ENA (École nationale d’administration) est une incongruité", relève le secrétaire d’État, qui annonce "une initiative visant à repositionner la France en matière de recherche sur l’action publique avant la fin de l’année".

"Aujourd’hui, tous les concepts utilisés viennent du monde anglo-saxon. Il faut se réarmer en matière de recherche en politique publique", conclut-il.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le