Des MBA gratuits, le nouveau pari de University of the People

Nathalie Hamou Publié le
Des MBA gratuits, le nouveau pari de University of the People
Shai Reshef, créateur de University of the People, dont la dernière conférence TED a été visionnée par plus d'un million d'internautes // ©  S.R.
Née en 2009, "UoPeople" est la première université à but non lucratif sur le Net qui délivre des bachelors de gestion ou d'informatique reconnus aux États-Unis. Le promoteur du projet, qui compte 2.500 étudiants dans 151 pays, récidive sur le front des MBA.

Shai Reshef persiste et signe. En 2009, cet entrepreneur avait fait sensation en lançant University of the People, dont le siège social est basé à Pasadena en Californie. À savoir la première université en ligne à but non lucratif sur le Net, permettant aux étudiants les plus démunis de préparer un bachelor de gestion ou d'informatique, pour un prix symbolique (excepté les examens payants). Celui dont la dernière conférence TED a été visionnée par plus d'un million d'internautes, récidive en annonçant son intention de proposer les premiers MBA en ligne dépourvus de frais de scolarité.

Une initiative sans précédent, selon Shai Reshef, dont l'équipe s'attelle à la conception de deux MBA, l'un en management, l'autre en entrepreneuriat, en collaboration avec l'école de business Stern de l'université de New York. But de la manœuvre : soumettre une demande d'accréditation auprès des instances américaines à l'été 2015.

3.000 enseignants bénévoles


L'éducation en ligne est un champ que ce diplômé de politique chinoise, âgé de 59 ans, laboure depuis de nombreuses années. Au début des années 2000, il a participé depuis les Pays-Bas au lancement de KIT e-learning, la première université en ligne payante d'Europe. Après avoir fait évoluer cette académie virtuelle pour employés du secteur high-tech, qui a reçu l'appui de l'université de Liverpool, Shai Reshef a recherché un modèle permettant de démocratiser les formations assorties d'un diplôme.

"UoPeople" dispose d'un budget annuel de 1,2 million de dollars, dont 1 million injecté par son créateur, et parrainé par les fondations Gates ou Hewlett et des firmes comme Google,  Intel ou Estée Lauder...

L'université en ligne totalise aujourd'hui 2.500 étudiants dans 151 pays, dont un tiers aux États-Unis et une grande partie en Afrique ou au Moyen-Orient. Elle permet aux plus démunis de décrocher un bachelor agréé depuis février 2014 par l'agence américaine d'accréditation de l'enseignement supérieur. Université of the People n'opère aucune sélection : il faut juste parler anglais et posséder l'équivalent du niveau bac. Les réfugiés ont un accès prioritaire aux bourses dans le cadre de l'accord passé avec l'UNHCR mais ne sont pas le profil le plus courant.

Sur ce campus virtuel, dont les cours sont dispensés par 3.000 enseignants bénévoles issus des rangs de Yale, Berkeley ou Oxford, seuls les examens sont payants et des systèmes de bourses peuvnet adoucir la facture, d'un montant total de 4.000 dollars sur quatre ans.

"Parmi nos étudiants, on compte aussi bien des rescapés du génocide rwandais que des survivants du tremblement de terre de Haïti. Nous n'offrons pas une alternative à Harvard mais une alternative pour tous ceux qui n'ont pas d'autre choix", pointe Shai Reshef, dont le projet a reçu l'appui des Nations Unies. Et qui se réjouit de l'annonce faite récemment par le président Barack Obama de rendre certaines universités publiques gratuites.

Nathalie Hamou | Publié le