USA : des étudiants journalistes couvrent la campagne

De notre correspondant à Boston, Guillaume Gauchois Publié le
USA : des étudiants journalistes couvrent la campagne
Maggie Cassidy dans la rédaction // © 
A la veille du scrutin fatidique, retrouvez les chroniques de notre journaliste, Guillaume Cauchois, qui s’est immergé pour vous dans la société américaine. Basé à Boston, il part à la rencontre des jeunes et étudiants pour nous faire partager leur vision des deux candidats à la Maison Blanche, et prend chaque jour le pouls de leur place dans la campagne sur letudiant.fr . Au jour J, plongeon dans la rédaction d'un bihebdomadaire créé par des étudiants en journalisme pour couvrir l'événement sur leur campus.

Le compte à rebours s'est brutalement accéléré cette semaine. A Boston, l'élection présidentielle est devenue le sujet de conservation numéro un. Loin devant Halloween (sauf au sein des gigantesques files d'attente des magasins de déguisement). Dans le métro (le « T »), aux comptoirs des bars, après la projection du dernier film d'Oliver Stone, W., au concert d'Of Montreal, dans un salon d'une résidence du MIT occupé par deux Français en quête de Wifi gratuit... les noms des deux grands candidats résonnent toutes les trois secondes. Les postes de télévision sont branchés sur les chaînes d'information en continu.

Une couverture médiatique démentielle

Sur CNN, les téléspectateurs peuvent suivre la campagne minute par minute. Le dispositif donne le vertige. Les présentateurs sont azimutés. Les envoyés spéciaux dans les Etats les plus indécis beuglent dans leur micro. Tous les discours de Barack Obama et John McCain sont diffusés en direct. Puis, après un jingle tonitruant, des spécialistes, plutôt efficaces, s'en donnent à cœur joie. La couverture médiatique de cet événement « historique » est un peu folle. Comment a-t-il été traité par des étudiants qui souhaitent faire carrière dans le monde (impitoyable) de la presse américaine ?

La campagne vue du Huntington News

Comme chaque dimanche après-midi, l'équipe du Huntington News est réuni dans son local spacieux et très bien doté en matériel informatique dernier cri. C'est l'heure de la conférence de rédaction, étape vitale avant la publication des 8.000 exemplaires du bihebdomadaire conçu et intégralement géré (financement compris) par une cinquantaine d'élèves de l'école de journalisme de la Northeastern University (cinq ans de formation).

Le contenu de l'édition prévue pour le lendemain est validé alors que celui de jeudi est débattu. Entre la proposition d'un sujet sur l'émergence d'un marché du « revival » incarné par le retour des Spice Girls (complexe du rétroviseur ?) et l'annonce des résultats de l'équipe de hockey de la fac (les Huskies), surgit le traitement du scrutin électoral du mardi 4 novembre. Kate Augusto, rédactrice en chef, tranche. « La veille, un sondage exclusif sera disponible sur le site Internet (www.huntington-news.com) et deux jours après, des papiers seront consacrés aux réactions des étudiants du campus. » Solide. Mais rien de très novateur.

L'indépendance, un principe sacré

Depuis le lancement des hostilités entre démocrates et républicains, le journal s'est efforcé de tout aborder à travers un prisme étudiant. « Nous essayons d'être le plus agressif et le plus pointilleux possible. Personne ne bénéficie d'une tribune libre. Nous avons enquêté sur les stratégies des différents clubs politiques. Les partisans de Barack Obama ont oeuvré pour inciter les étudiants à s'inscrire dans leur Etat d'origine puisque le Massachusetts ne représente aucun enjeu. Nous sommes aussi attachés à notre indépendance, arrachée cet été pour ne plus subir de pression de l'université. Cette semaine, un article a évoqué la décision de la direction d'interdire le report de certains cours qui aurait permis à certains jeunes d'aller voter. Un choix critiqué par les associations, les élèves et certains professeurs », précise Maggie Cassidy, énergique et captivante coordinatrice de la rédaction.

D'autres thèmes ont mobilisé les reporters. Ils ont consacré de nombreuses pages à la crise financière afin de répondre à l'inquiétude des étudiants qui ont beaucoup emprunté pour payer les 47.000 $ de frais de scolarité annuels.

Une génération engagée ?

Très critiques à l'égard du choix des grands quotidiens de soutenir ouvertement un candidat (le Los Angeles Times ou le New York Times ont par exemple déclaré leur flamme pour Barack Obama) et de la tyrannie des experts à la télévision, les futurs journalistes ont pu constater la frénésie qui s'est emparée de la jeunesse américaine lors de ces élections. Selon Anne Baker, Californienne de 20 ans, « les générations qui ont connu la contestation des années 1960 ont un peu vite conclu que nous étions paresseux. Une grande partie des élèves ont déjà voté.

Les mouvements politiques sont très actifs. Un groupe de conservateurs publie un journal (The Patriot) et organise des débats. Les démocrates sont bien sûr très présents. Le campus bouge énormément ! » It's time to vote Autre signe de l'engagement de ces jeunes : les lettres que le Huntington News publie en intégralité dans un coin de ses seize pages. Les signataires expliquent pourquoi « Barack Obama va apporter un nouveau souffle à la nation » ou racontent leurs aventures électorales dans le New Hampshire. Et un groupement, le "NU Votes", profite de cet espace pour encourager les étudiants à jouer leur rôle de citoyen à temps plein. Now, it's time to vote. 

Des sites pour suivre les résultats

www.barackobama.com
www.johnmccain.com
www.gallup.com/poll/election2008.aspx

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