Vers un concours de recrutement des enseignants en M2 et plus professionnalisant

Aude Lorriaux Publié le
Vers un concours de recrutement des enseignants en M2 et plus professionnalisant
Fin janvier, le ministre de l'Éducation nationale avait déjà signalé sa préférence pour un concours en M2 devant l’Assemblée nationale, alors même que les concertations sur le sujet n’avaient pas commencé. // ©  ©Romain GAILLARD/REA
Lors d'une réunion avec les syndicats, mercredi 20 février 2019, le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer, a déclaré vouloir placer le concours enseignant en M2. Il faudra cependant attendre jusqu'au mois de juillet, et la fin des discussions, pour que la décision soit définitivement entérinée.

L’idée d’un concours de recrutement placé en fin de M2 pour les professeurs du second degré se rapproche à grand pas. C’est la conclusion qui ressort d’une réunion, mercredi 20 février 2019, où étaient présents la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer et des représentants d'organisations syndicales. Ainsi que des invités surprises : Monique Ronzeau et Bernard Saint-Girons, coauteurs d’un rapport très attendu sur le sujet, déjà rédigé mais pas encore rendu public.

"Les conclusions du rapport Ronzeau-Saint-Girons sur l’intérêt de placer le concours en fin de M2 pour pallier les désavantages du concours en M1 sont claires, et les ministres ont décidé de retenir cette orientation”, indique, au lendemain de cette réunion, une note aux rédactions. Une concertation doit quand même avoir lieu rapidement sur “le format et la place du nouveau concours”.

L’ex-inspectrice de l'IGAENR (Inspection générale de l'Éducation nationale et de la Recherche) et l’ancien recteur ont présenté aux syndicats les conclusions de leur texte, qui avance deux autres propositions : placer au même moment les épreuves d’admission et d’admissibilité, vers mars ou avril ; et réorienter le concours sur les aspects professionnels et la transmission des savoirs, l’évaluation des connaissances et de la discipline étant laissée aux universités.

La première session n’aura pas lieu avant 2022, ont promis les ministres ; ce qui laisserait le temps aux universités de modifier leurs maquettes.

Fin janvier, une petite phrase lâchée à l’Assemblée nationale laissait déjà entrevoir la préférence du ministre de l’Éducation nationale : "La vocation normale c’est que le concours se passe en M2", avait déclaré Jean-Michel Blanquer. Une annonce qui avait été mal perçue par plusieurs organisations syndicales, alors même que les concertations sur le sujet n’avaient pas encore commencé.

Consensus sur la professionnalisation

Cette fois, la méthode a aussi surpris le SE-UNSA : "On ne nous propose pas des pistes argumentées, mais une seule solution ! Nous aurions souhaité avoir le rapport avant pour avoir le temps de le lire. En matière de dialogue social, c’est quand même un peu dur à avaler, la démarche est cavalière…" s’insurge Karine Lamoureux, responsable formation et développement professionnel au sein de l'organisation syndicale.

Nous aurions souhaité avoir le rapport avant pour avoir le temps de le lire. En matière de dialogue social, c’est quand même un peu dur à avaler, la démarche est cavalière…
(K. Lamoureux)

Sur le fond, la professionnalisation du concours semble faire consensus. Charge aux universités d’évaluer les connaissances en maths, par exemple, et à l’Éducation nationale, comme futur employeur, de tester la capacité à les transmettre. "Ce n’est pas baisser le niveau d’exigence, c’est concevoir un concours permettant de reconnaître les compétences de tout le monde", argumente Franck Loureiro, secrétaire général adjoint du SGEN-CFDT.

Perte potentielle de salaire

Si le fait de placer le concours en fin de M2 ne semble plus soulever de franche opposition, les syndicats mettent en avant plusieurs conditions, pour une transition sereine. "Il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de surcharge de travail. Avoir un concours en M2, cela veut dire passer le concours et finir son master en même temps", prévient Karine Lamoureux.

Repousser d’un an le concours signifie aussi une perte potentielle de salaire, à moins de rémunérer correctement la formation en alternance. Si le Sgen-CFDT croit avoir compris qu’il n’y aurait "pas de baisse de cette rémunération", le SE-UNSA se montre beaucoup plus prudent, soulignant que "rien n’est acté".

Une année de stage en plus ?

Enfin, faut-il garder une année de stage post-concours, si le master comprend deux années professionnalisantes, en alternance ? Dans ce cas, "pas besoin d’une année complète", estime Franck Loureiro, qui souligne que "dans beaucoup d’autres corps de fonctionnaires, la période de stage est de trois mois".

Inacceptable en revanche pour le Snes-FSU : "L'année de stage complète est un moment qui doit permettre de prendre du recul par rapport à ses débuts. Si l’objectif est pour vérifier que l'on sait nager, c’est de balancer les gens au milieu du grand bain, pour voir s’ils reviennent au bord… Nous, nous sommes pas d’accord. Les stagiaires comme ressources enseignantes, nous y sommes farouchement opposés", tempête Xavier Marand, le secrétaire général adjoint.

Les discussions doivent démarrer en mars.

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