Les universités américaines passent à la réalité virtuelle

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon Publié le
Les universités américaines passent à la réalité virtuelle
Des étudiants de Penn State suivent un cours online en réalité virtuelle avec casque et gants connectés. // ©  Penn State
La réalité virtuelle n'en est qu'à ses débuts. Mais partout aux États-Unis, des universités tentent d'expérimenter ses potentialités et de voir comment la virtualité "immersive" peut créer de nouvelles manières d'apprendre ou de faire de la recherche.

#1 À Virginia Tech, un "Cube" dédié aux expériences

Une vaste pièce vide et sans fenêtres de 200 m2, dotée d'un système de son élaboré (140 enceintes, qui projettent le son de manière ultraciblée) et de 24 caméras qui captent les mouvements : voilà le concept du Cube, un bâtiment cubique dédié à la VR ("virtual reality") qui a coûté plus de 15 millions de dollars à Virginia Tech.

Le Cube est utilisé par les chercheurs et les étudiants pour des expériences immersives (et parfois collectives) à l'aide de casques Oculus Rift. Des chercheurs et des étudiants en géographie ont, par exemple, mis au point ensemble un programme reconstituant une tornade qui s'est produite dans l'Oklahoma (et avait fait plusieurs morts), grâce à des données issues de radars. La visualisation en 3D permet d'approcher la tornade (chose impossible dans la réalité) et de mieux en comprendre le fonctionnement, afin d'en limiter les dégâts. Le Cube est aussi utilisé par des étudiants en art de l'université pour des performances.

#2 à l'université du Maryland, entraîner les médecins

Fin 2014, l'université du Maryland a reçu un gros chèque de 31 millions de dollars, signé Brendan Iribe, le fondateur d'Oculus Rift, afin de développer son expertise dans le domaine de la réalité virtuelle. L'un de ses champs d'études : la pédagogie, en particulier pour les étudiants en médecine. L'université met au point des applications permettant aux étudiants de s'entraîner virtuellement à des opérations, "comme un simulateur de vol, mais pour chirurgiens". Elle travaille aussi sur des applications de réalité augmentée qui permettront à des chirurgiens de recevoir en temps réel des informations sur des lunettes ou de transmettre des images de façon instantanée tout en opérant quelqu'un.

Pour un exercice de mécanique, les étudiants disposant d'un casque de réalité virtuelle étaient deux fois plus rapides que ceux qui utilisaient un simple écran.

#3 À Penn State, améliorer les cours online

La VR améliore-t-elle l'efficacité d'un cours en ligne ? Telle est la problématique qu'explore Conrad Tucker, enseignant-chercheur en ingénierie à Penn State. Avec ses étudiants, il a mis au point un cours à suivre à l'aide d'un casque et de gants connectés. Pour un exercice de mécanique qui impliquait d'assembler une petite machine à café, les étudiants disposant d'un casque de réalité virtuelle étaient deux fois plus rapides que ceux qui utilisaient un simple écran.

Selon Conrad Tucker, si les cours en ligne sont une immense opportunité pour le monde de l'enseignement supérieur, ils ont aussi leurs limites : il y a peu de possibilités d'immersion ou d'interaction par le toucher, et parfois, les étudiants ont du mal à s'impliquer. Au contraire, les systèmes de réalité virtuelle permettent d'avoir une expérience beaucoup plus naturelle et proche de la réalité.

#4 À Stanford, reproduire une classe ou entraîner les sportifs

Pour reproduire un environnement de classe dans une formation à distance, la business school de Stanford a développé en réalité virtuelle un cours proposé à des cadres en executive education. Les élèves sont représentés par des avatars, et peuvent ainsi discuter entre eux, faire des présentations, etc. Le programme, développé avec le logiciel AvayaLive Engage, reste pour le moment très expérimental.

Stanford a également développé un programme permettant à ses étudiants "quarterbacks" (foot américain) de s'entraîner avec un casque dans des parties virtuelles, et de développer leurs réflexes dans différentes configurations de jeu. Certains ont beaucoup amélioré leurs performances.

#5 À la Navy School, simuler la vie sur un porte-avions

La Navy Post-Graduate School utilise la réalité virtuelle pour former ses élèves à la fonction de LSO ("landing signal officer", la personne qui aide avec des drapeaux les pilotes d'avion à atterrir). Les élèves peuvent ainsi "vivre" cette expérience, prendre conscience de l'enchaînement des procédures.

"La première fois que quelqu'un se rend sur un porte-avions, il ne comprend rien à ce qui se passe. Les avions arrivent, les gens crient, d'autres courent sur le pont... Tu ne sais pas quand traverser, ce que que tu peux faire ou ne pas faire", affirme le lieutenant Greunke, formateur à la NPS School, qui estime que cet entraînement virtuel est un véritable atout pour les étudiants, qui peuvent ainsi mieux tirer profit de l'inévitable formation sur le terrain.

La réalité virtuelle, un outil marketing
Beaucoup d'universités envisagent la "virtual reality" comme une nouvelle possibilité de toucher des candidats potentiels. Harvard, Yale, Columbia, Vanderbilt University ou encore Dartmouth proposent des "visites virtuelles" de leurs campus, à suivre avec un casque peu onéreux (type Google Cardboard, ou en fixant son téléphone sur une sangle), et en téléchargeant l'application YouVisit, une plateforme qui centralise des visites guidées virtuelles. De quoi permettre aux élèves de visiter les infrastructures, espaces verts, bibliothèques, labos, le tout à 360 degrés et en grappillant au passage de multiples infos... Et de voir un campus sous son meilleur jour.
De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon | Publié le