Financement des universités : les gagnantes et les perdantes

Fabienne Guimont Publié le
Financement des universités : les gagnantes et les perdantes
23361-euros2-original.jpg // © 
Les universités ont reçu fin 2008 leur budget, globalement en hausse historique, et leur nombre d'emplois (deux tiers des établissements sont touchés par des suppressions de postes). Pour les universités autonomes s'est ajoutée à la mi-janvier 2009 l'enveloppe budgétaire trimestrielle permettant de payer pour la première fois l'ensemble de leurs personnels. Derrière cette redistribution des moyens selon de nouveaux critères - remplaçant ceux du défunt San Remo - se dessine la carte de France des universités. Autour des perdants et des gagnants.

Small is not profitable, pourrait-on résumer pour qualifier cette nouvelle carte de France des moyens donnés aux universités. Les petites universités pluridisciplinaires (hors santé) plutôt jeunes en font en effet le plus les frais. « L’État nous étrangle pour nous faire disparaître. Il veut de grands centres universitaires spécialisés aux dépens des outils d’aménagement social des territoires que sont les petites universités pluridisciplinaires. Le gouvernement nous dit : “Vous voulez faire du social, faites-le vous-mêmes !” » s’étrangle Richard Messina, président d’Évry. À Marne-la-Vallée, on reconnaît que ce type d’établissements aura plus de mal à faire augmenter ses moyens, mais on envisage la stratégie de développement à adopter. « Cela nous incite à améliorer nos taux d’échec en licence, à délivrer davantage de masters, à obtenir des résultats visibles au niveau international et à augmenter la professionnalisation de nos formations », décline Laurence Bancel, la vice-présidente.


Autre point de pénalité : les universités qui ont intégré un IUFM passent artificiellement d’un taux de sous-encadrement à un taux de surencadrement. La CPU, qui analyse plus finement le modèle de répartition, voudrait pouvoir en faire des services interuniversitaires, à l’instar des bibliothèques.

Shanghai toute ?

À qui sourit le nouveau modèle ? Potentiellement, les universités de recherche dégageant un grand nombre de chercheurs publiant, comme Paris 7 qui obtient quasiment le plafond d’augmentation cette année (+ 23,5 %). Deux tiers de son budget viennent de la part recherche. « Ces marges de manœuvre vont nous permettre de renforcer le tutorat, de dédoubler des groupes de TP ou TD, de mettre l’accent sur l’accueil en L1 santé et d’améliorer la préprofessionnalisation. Cela permettra aussi de financer des décharges d’enseignement notamment pour les jeunes maîtres de conférences », se réjouit Guy Cousineau, son président.


Mais le nouveau modèle n’est pas un jackpot pour les universités primées au classement de Shanghai : ni Paris 6, ni Paris 11 ne décrochent d’augmentations records et elles perdent respectivement quatorze et onze postes.
En revanche, les universités thématiques, droit-santé comme Lille 2 ou sciences-santé, s’en sortent bien grâce à des pondérations disciplinaires qui leur sont plus favorables que dans l’ancien système.

La course aux étudiants.

Dernier critère très discriminant, celui des étudiants, à l’exemple de Lille 2 qui en a gagné 20 % en quatre ans. A contrario, les chiffres de la DEPP annonçant des baisses de l’ordre de 30 % en dix ans dans les disciplines littéraires et de sciences sociales (hors droit) (3) donnent déjà des sueurs froides aux universités. « Avec le nouveau modèle, il y a un danger, celui de vouloir remplir à tout prix les universités avec des étudiants », résume Jean-Pierre Gesson, président de l’université de Poitiers.

Valérie Pécresse défend son modèle primant les universités les plus dynamiques et demande à tous les établissements une dose de solidarité pour partager les postes via des redéploiements. « La pire des choses, c’est le modèle pseudo-égalitariste qui prévalait pour tous », soutient-elle. Après San Remo, tout le monde reconnaît une première vertu incontestable au nouveau modèle : les règles sont sur la table. La CPU et le ministère de l'Enseignement supérieur doivent discuter dans les semaines à venir des clés de répartition des moyens qui ont été utilisées cette année et des données sources utilisées. Le groupe de travail de la CPU est piloté par Sophie Béjean , présidente de l'université de Bourgogne.

Fabienne Guimont | Publié le