Voilà un ouvrage d’actualité à l’heure où les directeurs de laboratoire veulent se faire entendre sur l’évolution de la politique de recherche. Cet opus propose une bilan des réformes des trois dernières années et des recommandations pour le futur. Avec une légitimité incontestable, puisqu’il est issu de travaux menés au sein de FutuRIS (Recherche Innovation Société), la plateforme de réflexion qui rassemble acteurs économiques et experts de la recherche au sein de l’Association nationale de la recherche technique (ANRT).
Un ouvrage programmatique. Dès la préface, Jean-François Dehecq, président du comité d’orientation de FutuRIS et président de Sanofi-Aventis, donne le ton : « Le mouvement de réformes lancé en 2005 ne s’arrêtera pas. » Dans ce texte programmatique, il défend l’importance de distinguer ( et de gratifier à leur juste valeur) les meilleures équipes de la recherche publique, de valoriser « une vraie gestion des ressources humaines » (ce qui sous-entend un changement profond dans les pratiques d’évaluation) et d’impliquer plus encore les entreprises dans la recherche et le développement (RD). Tous ces éléments se trouvent développés et étayés au fil des neuf chapitres thématiques qui constituent le corps de l’ouvrage.
Un premier cadrage d’ordre financier. « Estimation à l’appui, on a quelques raisons de penser que la période 2006-2010 marquera un rebond significatif de l’activité RD en France, notamment au regard du PIB », écrivent les auteurs, reconnaissant tout de même que l’hypothèse des 3% du PIB à l’horizon 2020 paraît peu réaliste. Mais l’argent ne fait pas tout, semblent dire les acteurs de FutuRIS, qui déclinent leurs recommandations sous la forme de « dix commandements » conclusifs, parmi lesquels le renforcement du pilotage stratégique de la recherche et de l’innovation au niveau de l’Etat, une meilleure coordination des nouveaux instruments du SFRI (Haut Conseil de la science et de la technologie, AERES, ANR, AII et le promotion de l’échelon européen. Les auteurs insistent aussi sur l’importance de donner une plus grande autonomie aux universités en matière de gouvernance et de gestion des ressources humaines. Il est intéressant de noter que ce livre était sous presse avant l’adoption de la loi LRU. IL reste désormais à attendre le prochain opus pour espérer y lire un premier bilan.
Frédérique Letourneux
"La recherche et l’innovation en France", de Jacques Lesourne et Denis Randet, Odile Jacob, décembre 2007, 469 pages, 27 €.
