Le CNRS, cette "entreprise" qui fait rêver les jeunes ingénieurs

Erwin Canard Publié le
Le CNRS, cette "entreprise" qui fait rêver les jeunes ingénieurs
Les principaux critères de choix des jeunes ingénieurs qui plébiscitent le CNRS sont la recherche de sens et l'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. // ©  Kaksonen - CNRS Photothèque
Dans le palmarès Trendence, rendu public le 12 avril 2016, le CNRS prend la sixième place des entreprises préférées des jeunes ingénieurs, soit un saut de cinq rangs par rapport à 2015. Une évolution qui s’explique notamment par la recherche de sens de ces jeunes diplômés.

C’est l'une des plus fortes progressions du palmarès 2016. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) est passé, dans le baromètre de l’institut allemand Trendence des entreprises préférées des jeunes ingénieurs, de la 11e place en 2015 à la 6e place en 2016. L'organisme de recherche est ainsi classé loin devant de nombreux grands groupes, tels Dassault Systèmes (12e), Apple (16e) ou encore Air France (17e).

Le métier d'ingénieur de recherche ou de technicien en vue

Une attractivité plutôt inattendue, étant donné le faible attrait des jeunes diplômés d'un cursus d'ingénieur pour le monde de la recherche. En effet, dans un autre palmarès Trendence, la recherche arrive en dernière position des secteurs attractifs.

"J’ai été un peu surpris par ce baromètre, reconnaît Jacques Fayolle, président de la commission recherche de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) et directeur de Télécom Saint-Étienne. Car cela ne correspond pas à ce qu’on a en tête. Intuitivement, on pense plutôt que les ingénieurs souhaitent se diriger vers les entreprises."

Toutefois, ce n’est pas la recherche scientifique au sens traditionnel qui attire les jeunes ingénieurs au CNRS. Ce sont plus précisément les postes d'ingénieurs de recherche ou de technicien que les jeunes diplômés espèrent emprunter au sein de l’organisme public de recherche. Et ce, alors même que le nombre de postes d’ingénieurs ouverts chaque année au CNRS est relativement faible (environ 150) et que la rémunération est généralement moins élevée que dans le privé.

Les critères : le sens et l'équilibre vie professionnelle-vie privée

Qu’est-ce qui explique ce plébiscite ? "Les principaux critères de choix des jeunes diplômés interrogés ont été le bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et la recherche de sens, explique Isabelle Longin, directrice des ressources humaines adjointe au CNRS.

"De ce point de vue, la progression du CNRS est logique", estime-t-elle. Une analyse que partagent les responsables des écoles d’ingénieurs. "Dans le choix du métier, la qualité de vie est désormais un paramètre tout aussi important que les paramètres financiers", relève Jean-François Joanny, directeur général de l’ESPCI ParisTech.

Et s'agissant de ce critère comme celui de l'intérêt pour le travail et la recherche de sens, "le CNRS a des atouts très importants", estime Jacques Fayolle, de la Cdefi. Outre la sécurité de l'emploi, l'attrait de l'excellence peut expliquer cette envie de rejoindre le CNRS. "Ce qui excite les neurones des jeunes ingénieurs, c’est de travailler sur des sujets de pointe", souligne Jacques Fayolle.

"Il y a aussi l’idée de travailler pour la beauté de la science, ajoute Mathilde Lecompte, diplômée ESPCI actuellement en deuxième année de thèse, et qui souhaite entrer au CNRS. Et quand on passe quarante ou cinquante années de sa vie au travail, il vaut mieux en faire un que l’on aime !"

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