Insertion professionnelle : 10 conseils de recruteurs aux universités

Marie-Anne Nourry Publié le
Insertion professionnelle : 10 conseils de recruteurs aux universités
Forum Job dating à Marseille co-organisé par l'université. // ©  Romain Beurrier / R.E.A
Améliorer l'accompagnement des étudiants vers l'emploi, dans un contexte économique fragilisé. C'est un des nombreux défis auxquels les universités doivent aujourd'hui répondre. Inspirés de leurs relations avec l'enseignement supérieur, des représentants du monde de l'entreprise livrent leurs conseils, testés et approuvés.
Les 10 conseils des recruteurs
1. Afficher une entrée unique
2. Se rapprocher des campus managers
3. Cibler des entreprises partenaires
4. S'intéresser aux petites entreprises
5. Raisonner en termes de compétences
6. Investir les réseaux sociaux
7. Mener des actions collectives
8. Partager les bonnes pratiques
9. Relayer les événements des entreprises
10. Développer les forums thématiques

#1 Afficher une entrée unique

La multitude d'entrées dans les universités est un point qui revient souvent dans le discours des entreprises. "Nous avons dû passer par la personne en charge des relations entreprises à l'UPMC, des responsables de master à Orsay et de l'IUT à Aix-Marseille, détaille Catherine Buche-Andrieux, responsable relations écoles de Safran. Le plus simple pour nous serait d'avoir un point d'entrée unique qui puisse nous orienter vers les bons contacts en interne."

"Le BAIP (Bureau d'aide à l'insertion professionnelle) est le centre névralgique des relations entreprises, mais il a besoin d'être soutenu par la présidence de l'université pour être performant, renchérit Laurence Lavanant, responsable campus management et prérecrutement chez Société générale. Dans le cas contraire, il n'a pas suffisamment de poids." Malgré la bonne volonté des équipes.

#2 Se rapprocher des campus managers

Nouer des relations étroites avec des campus managers est indispensable pour établir des partenariats avec des entreprises. C'est le meilleur moyen de pouvoir les inviter à participer à des rencontres ou animer des conférences. "D'autant que ces campus managers ont des objectifs en termes d'étudiants et d'établissements rencontrés", souligne Pierre-Gaël Pasquiou, responsable partenariats et business development #rmstouch.

L'identification des campus managers peut néanmoins s'avérer chronophage. Pierre-Gaël Pasquiou recommande de recourir au moteur de recherche de LinkedIn : "Il suffit d'effectuer une recherche 'campus manager' dans la région visée pour obtenir la liste des contacts."

Le BAIP a besoin d'être soutenu par la présidence pour être innovant.
(L. Lavanant)

#3 Cibler des entreprises partenaires

La mise en place de partenariats avec des entreprises est une condition absolue pour bénéficier de leur mécénat de compétences (présentation de métiers, coaching, etc.). Mais il est préférable de sélectionner quelques entreprises plutôt que de vouloir multiplier les partenariats tous azimuts, la tâche pouvant vite s'avérer chronophage. "Le nombre de nos partenaires est limité à une dizaine mais ce sont des partenaires cibles, nuance Philippe Bizeul, vice-président en charge des partenariats économiques à l'Upec. Si un responsable de master a besoin d'intervenants pour organiser des entretiens blancs pendant deux jours, nous lançons une recherche dans notre réseau."

Ce qui implique un véritable travail de terrain. "Les universités qui veulent nous contacter passent souvent par une de nos filiales implantée sur leur tissu local et qui fait le lien vers nous, expose la responsable relations écoles de Safran. Cela a, par exemple, été le cas de l'université d'Évry avec Snecma, dans l'Essonne."

#4 S'intéresser aux petites entreprises

À côté des grandes entreprises – qui ne sont pas celles qui recrutent le plus –, les TPE et PME sont souvent frustrées de ne pas intéresser les établissements du supérieur. Une carte à jouer pour les universités. "D'autant que certaines vont se développer et qu'il importe de les fidéliser dès maintenant", insiste Pierre-Gaël Pasquiou, de #rmstouch.

Pas évident, cependant, de se repérer dans le tissu économique. "On ne peut pas aller les voir une par une, donc le mieux est de passer par des relais, observe Philippe Bizeul, de l'Upec. Je travaille ainsi avec la CCI du Val-de-Marne, le Medef ou encore la CGPME."

Forum étudiants-entreprises à l'université Paris 13 – Campus de Villetaneuse © Université Paris 13

#5 Raisonner en termes de compétences

"Nous avons établi une cartographie de tous les masters qui nous intéressent pour répondre à nos managers en interne qui cherchent des compétences particulières, mais c'est un travail de fourmi au vu du nombre de formations par université", constate la responsable campus management et prérecrutement de la Société générale.

Même si des efforts de simplification sont faits, il reste difficile pour les entreprises de se repérer parmi les nombreux intitulés de masters. "Je recommanderais donc aux BAIP de préparer les futurs diplômés à traduire leur formation en des compétences qu'ils peuvent mettre au service de l'entreprise", indique Brigitte Durand, directrice promotion des métiers chez Veolia.

#6 Investir les réseaux sociaux

À l'heure où les universités s'interrogent sur le suivi de leurs diplômés, Pierre-Gaël Pasquiou les met en garde : "Plutôt que de créer une base de données propre, elles ont tout intérêt à utiliser LinkedIn et Viadeo, qui donnent gratuitement accès à des données actualisées en permanence."

Plus qu'un rôle de gestionnaire de base de données, l'université doit ainsi adopter un rôle d'animateur. "L'idée est de fédérer la communauté d'anciens autour de groupes de discussions thématiques, d'organiser des événement ou encore de les solliciter pour des interventions", poursuit Pierre-Gaël Pasquiou, qui forme les BAIP à l'utilisation des médias sociaux pour l'insertion professionnelle.

Les universités ont tout intérêt à utiliser LinkedIn et Viadeo, qui donnent gratuitement accès à des données actualisées en permanence.

#7 Mener des actions collectives

Pour renforcer leur actions auprès des grandes entreprises, les universités ont tout intérêt à unir leurs forces. En Île-de-France, le Cedipre (Cercle des directeurs à l'insertion professionnelle) réunit ainsi les responsables des relations entreprises des 17 universités franciliennes.

"L'idée de départ était de se réunir pour réfléchir à la manière d'aborder le monde socio-économique de façon plus collective et de créer au niveau des universités l'équivalent de ce que font les entreprises entre elles avec Synergies campus, l'association qui regroupe les campus managers", expose le vice-président en charge des partenariats économiques à l'Upec.

#8 Partager les bonnes pratiques

Autre avantage des collectifs d'universités : observer ce que font les autres et échanger les bonnes pratiques. "Pour que les BAIP puissent encore progresser, il ont tout intérêt à systématiser les benchmarks avec les autres établissements", confirme Laurence Lavanant, de la Société générale.

Elle-même s'est associée à "Atout jeunes universités", un collectif qui regroupe trois entreprises (Danone, L'Oréal, Société générale) et quatre universités (Upec, Upem, UCP, Paris 8).

Cap Avenir, le service dédié à l'orientation et à l'insertion professionnelle de l'université de Saint-Étienne

#9 Relayer les événements des entreprises

Si les grandes écoles n'hésitent pas à promouvoir les jeux concours, événements, graduate programs des entreprises auprès de leurs étudiants, ce rôle de relais ne fait pas partie des habitudes des universités. C'est pourtant l'occasion de multiplier les rencontres entre étudiants et entreprises.

"Nous invitons régulièrement des étudiants pour rencontrer des opérationnels auxquels ils peuvent poser des questions, relate la directrice promotion des métiers chez Veolia. Mais si je garde au moins 30% de places pour les universités, celles-ci se remplissent difficilement, faute de diffusion de l'information auprès des étudiants."

#10 Développer les forums thématiques

Difficile pour les universités d'organiser des forums à la manière des grandes écoles. D'autant que les entreprises ne sont pas forcément prêtes à se déplacer. "Nous participons déjà à une trentaine de forums en France donc il me paraît compliqué d'ajouter ceux des universités", confie sans détour Brigitte Durand, de Veolia.

Philippe Bizeul, vice-président en charge des partenariats économiques, a tenté l'expérience à l'Upec. S'il a rencontré quelques difficultés pour attirer les entreprises, il se félicite néanmoins de ses relations institutionnelles : "Les entreprises avec lesquelles nous travaillons de manière étroite étaient là. Nous réitérerons l'exercice mais en développant en parallèle les rencontres thématiques."

Baromètre EducPros 2015. Les universitaires plutôt impliqués  sur l’insertion professionnelle 
D’après les résultats de notre baromètre EducPros 2015, deux tiers des professionnels de l’enseignement supérieur considèrent que  leur établissement est volontaire pour aider à l’insertion professionnelle de ses étudiants.  Ils se disent eux-mêmes à 67% personnellement "impliqués" dans ce soutien apporté aux étudiants.

A la lecture des réponses apportées à notre questionnaire, les écoles sont les établissements qui se disent le plus concernés dans le soutien apporté à leurs étudiants. En effet, 87,5% des enseignants de grandes écoles  assurent que celle où ils travaillent apporte une aide concrète à ses étudiants pour favoriser leur insertion professionnelle.

Les universités se placent dans la moyenne globale avec un taux de réponse de 65% de répondants qui se disent "d’accord" pour considérer que leur établissement met en place des actions pour faciliter l’insertion professionnelle des étudiants.

Marie-Anne Nourry | Publié le