À l'université de Strasbourg, deux enseignants-chercheurs détricotent les idées reçues

Philippe Bohlinger Publié le
À l'université de Strasbourg, deux enseignants-chercheurs détricotent les idées reçues
Les deux enseignants ont lancé le 18 septembre un cycle de 14 conférences. // ©  Bernard Braesch
Pour éclairer les enjeux de société à la lumière des savoirs universitaires, deux enseignants-chercheurs de l'université de Strasbourg ont lancé "L'université en campagne… contre les idées reçues". Ce cycle de conférences a débuté le 18 septembre 2017. Philippe Gillig, professeur agrégé en sciences économiques et sociales, revient sur les objectifs de cette demande.

Pourquoi lancez-vous ce cycle de conférences-débats ?

Nous vivons une époque où la recherche est extrêmement prolifique, où les scientifiques explorent une grande variété de domaines. Pourtant, leurs connaissances restent peu diffusées. Sur les plateaux télévisés, ce sont les mêmes experts qui livrent leurs points de vue à longueur d'émission, et ce, quelles que soient les thématiques. En parallèle, les thèses complotistes et les "fake news" prolifèrent sur Internet.

Mais pour nous, le véritable déclic a été de constater que le vote d'extrême droite en Alsace et ailleurs progressait d'autant plus qu'on s'éloignait des villes, de leurs universités, de leurs centres socioculturels, etc.

En quoi votre projet consiste-t-il ?

Avec Fleur Laronze, maître de conférences en droit privé, nous avons voulu bâtir un vrai projet de vulgarisation. Nous avions pris goût ces deux dernières années à l'animation de conférences-débats sur la loi El Khomri ou encore sur le revenu universel.

Grâce au soutien de l'université de Strasbourg dans le cadre de son Idex, nous avons pu aller plus loin et imaginer ce cycle de 14 conférences-débats sur deux ans. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'idée de favoriser les échanges entre le public et des universitaires spécialisés sur des grands thèmes de société fonctionne ! Notre première conférence, le 18 septembre 2017, à Strasbourg, a réuni une centaine de personnes.

Nous vivons une époque où la recherche est extrêmement prolifique, où les scientifiques explorent une grande variété de domaines. Pourtant, leurs connaissances restent peu diffusées. 

Pour faire le lien avec une communauté et répondre aux questions nécessitant des compléments d'information, nous avons également ouvert une page Facebook. Notre ambition est maintenant de partir à la rencontrer des citoyens dans les lycées, dans les quartiers périurbains, ainsi qu'en zone rurale.

L'enjeu est également de diffuser une approche scientifique des questions de société.

Effectivement. En tant qu'enseignants, l'une de nos principales tâches auprès les étudiants en première année de sciences sociales est de leur apprendre à distinguer les sources fiables. C'est également le but de ces conférences. Nous entendons mobiliser un maximum de faits, en nous appuyant sur des données statistiques ou des catégories juridiques précises. Il ne s'agit pas pour autant de nier leurs limites : elles sont bâties par des êtres humains.

Vos quatre premières conférences portent sur la réforme par ordonnances du Code du travail. Avez-vous un exemple parlant d'idée reçue ?

L'idée que les licenciements sont ultra-protégés en France et qu'aucune réforme n'a été entreprise depuis trente ans pour assouplir la réglementation est communément répandue. Pourtant, ces dix dernières années, des actions ont été menées pour accroître la flexibilité, notamment au travers des accords d'entreprises.

Par ailleurs, les données de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) montrent qu'en matière de licenciement individuel et collectif, le modèle français demeure mois protecteur que le modèle allemand ; un pays où le chômage est pourtant faible.

Philippe Bohlinger | Publié le