Aloïs Dubois (AFNEUS) : "Dans la loi ESR, l'université est considérée comme un échec"

Olivier Monod Publié le
Aloïs Dubois (AFNEUS) : "Dans la loi ESR, l'université est considérée comme un échec"
Alois Dubois // © 
L'association fédérative des étudiants universitaires scientifiques (AFNEUS) rit jaune, en demandant, "la suppression de la formation dans les UFR scientifiques", en réaction à la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche adoptée à l'Assemblée nationale fin mai 2013. L'AFNEUS dénonce par cette proposition ironique la place donnée aux universités, au plus bas dans la hiérarchie des formations supérieures. Entretien avec le président de l'association, Aloïs Dubois.

Pourquoi estimez-vous que l’université est la formation la moins bien considérée de l’enseignement supérieur, dans la loi ESR ?

L’université est déjà le parent pauvre de l’enseignement supérieur. Un étudiant en CPGE (classe préparatoire aux grandes écoles) coûte près du double à l’Etat qu’un étudiant à l’université. Il s’agit d’une mise au ban financière de l’université, pénalisante au niveau pédagogique. Et la loi ESR accentue ce déséquilibre, notamment avec la proposition de réserver des places en CPGE aux meilleurs élèves de tous les lycées [voir l'article 18 du texte].

C’est un message que nous recevons très mal. Cela revient à considérer l’université comme un échec. La loi dit aux lycéens : "si vous êtes bon vous irez en CPGE, sinon, vous irez à l’université". L’université est encore mise  en bas de la liste.

Pourtant, le texte prévoit aussi un rapprochement entre les CPGE et l’université, via des conventions...

Ces conventions sont à sens unique. Elle offre aux élèves de classes préparatoires la possibilité d’aller à l’université s’ils échouent dans leur cursus, mais où est la réciproque ? Là encore, les meilleurs élèves vont en classes préparatoires et reviennent à l’université en Licence 3, quand les conditions d’études à l’université redeviennent correctes.

On le sait, les amphithéâtres bondés, l’échec massif, c’est surtout vrai les deux premières années de licence. En troisième année, les conditions d’études sont meilleures.

La loi dit aux lycéens : "si vous êtes bon vous irez en CPGE, sinon, vous irez à l’université"

Souhaitez-vous que les étudiants de licence disposent à l'inverse d'un droit d'entrée en CPGE ?

Non, même pas, car cela priverait encore l’université de ses meilleurs éléments. Pour nous, les CPGE ne sont pas des formations à proprement parler, ce sont des classes préparatoires, comme leur nom l’indique. Nous ne pensons pas que nous pouvons les considérer comme un premier cycle universitaire. Nous aimerions une réelle valorisation des formations universitaires.

D'autres articles de la loi s'intéressent à la formation universitaire, avec notamment la volonté de mettre en place une spécialisation progressive en licence. Qu'en pensez-vous ?

Nous ne sommes pas contre toute la loi. Nous voulons juste défendre l’université face aux autres formations. Pour nous, la spécialisation progressive et l’évaluation interne des formations sont de bonnes mesures.

Olivier Monod | Publié le