Armande Le Pellec Muller (rectrice de Montpellier) : “Nous associons les enseignants du secondaire et du supérieur pour mieux faire réussir les élèves”

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant Publié le
Armande Le Pellec Muller (rectrice de Montpellier) : “Nous associons les enseignants du secondaire et du supérieur pour mieux faire réussir les élèves”
Armande Le Pellec Muller, rectrice de Montpellier // DR // © 
Après avoir été rectrice de l'académie de Strasbourg pendant trois ans, Armande Le Pellec Muller est à la tête de l'académie de Montpellier depuis octobre 2013. Fusion des universités, crise à Montpellier 3, rénovation de la carte des formations, accompagnement des lycéens vers le supérieur, projets numériques… Cette agrégée d'éducation physique et sportive expose à EducPros ses priorités pour la région Languedoc-Roussillon.

Après avoir passé près de trois ans à Strasbourg, quel regard portez-vous sur l'enseignement supérieur dans l'académie de Montpellier ?

Il est très intéressant de passer d'un modèle abouti de fusion des universités, comme c'était le cas à Strasbourg, à un modèle en construction, avec plein de beaux projets en cours, dont un premier rendez-vous important pour 2014 : la création de la NUM (Nouvelle université de Montpellier), issue de la fusion de Montpellier 1 et 2.

Cette université va se projeter avec plusieurs organismes de recherche dans une véritable politique de site. Pour cela, on ne part pas de rien puisqu'il existe déjà un PRES Sud de France, deux projets Idex, une ESPE (Ecole supérieure du professorat et de l'éducation)... Nous allons ainsi vers une communauté d'établissements qui, sur un territoire très étendu, ont déjà l'habitude de travailler ensemble. Je découvre aussi une ville universitaire transfrontalière, Perpignan, près de l'Espagne, qui associe des territoires et des sites sur un large périmètre.

Dans ce paysage, quelle est aujourd'hui la situation de l'université Montpelier 3 qui ne souhaite pas aller vers la fusion et dont la présidente annonçait, à la rentrée 2013, sa mise en faillite avec 3,5 millions d'euros de déficit annuel ?

L'université Montpellier 3 n'a jamais été en cessation de paiement. Cela dit, nous avons pu nous projeter dans un plan de retour à l'équilibre sur deux années. La ministre a apporté des réponses claires, notamment sur le financement du GVT (glissement vieillesse technicité) et sur une meilleure compensation pour les universités qui accueillent des boursiers. Montpellier 3, qui ne compte pas moins de 40 % de boursiers, profitera pleinement de cette mesure. Cette université va aussi bénéficier de créations d'emplois et d'un accompagnement sur la maintenance des sites.

Qu'en est-il de la fermeture envisagée du site de Béziers ?

Cette antenne biterroise, qui dépend de l'université de Montpellier, ne fermera pas. Nous envisageons que Montpellier 3 ne soit pas la seule université à contribuer à ce site. C'est une discussion qui est en cours pour que, dans le cadre d'une évolution de la carte des formations, d'autres établissements de l'enseignement supérieur puissent contribuer à la vie de ce site de Béziers.

Université Montpellier 3 (Rentrée 2013) - ©Service communication Paul-Valéry Montpellier 3

Quels sont les atouts de l'académie de Montpellier dans le supérieur ?

L'offre publique de formations dans la région Languedoc-Roussillon est à la fois diversifiée en licences, en IUT et en STS, tout en comptant des domaines forts de spécialité en masters et en doctorats. Ce sont les sciences et technologies, avec par exemple les thématiques de la chimie, de l'agronomie, de l'énergie, ainsi que la pharmacie, la médecine, le droit et l'économie, les sciences humaines et sociales.

Et quid de ses faiblesses ?

Des efforts sont à engager pour améliorer le maillage territorial et le mettre en cohérence avec les parcours des élèves dans le supérieur. C'est une question qui se pose dans tous les territoires et qui est un chantier prioritaire dans l'académie de Montpellier.

Nous devons améliorer la carte des formations dans l'académie. Concrètement, nous sommes dans une phase de diagnostic avec des groupes de travail qui associent des enseignants du secondaire et du supérieur. L'idée est de mieux articuler les filières et les possibilités d'orientation pour les trois filières de bacs : généraux, technologiques et professionnels. Des propositions sur la carte des formations sont attendues pour 2015. Autre priorité : l'apprentissage. Nous avons des marges de progrès à réaliser sur la part des apprentis dans l'académie, notamment dans les CFA publics.

Pendant que nous préparons les élèves à la réussite au bac, nous devons aussi les préparer à réussir leur parcours postbac

L'une des autres priorités annoncées par l'académie pour 2013-2016 est de “réduire les écarts de performance scolaire entre les territoires et les publics”. Quels sont là les projets au niveau du lycée et du postbac ?

Avoir plus d'équité, plus de cohérence dans les formations c'est bien, mais, dans le même temps, il est indispensable de mieux faire réussir les élèves. Là encore, nous associons des enseignants du secondaire et du supérieur pour définir les compétences à acquérir par les élèves pour assurer leur réussite au sens large. C'est-à-dire que, pendant que nous les préparons à la réussite au bac, nous devons aussi les préparer à réussir leur parcours postbac.

Nous mettons en place des groupes de travail, par filières de formation, pour définir les bonnes pratiques. Il s'agit par exemple de mieux accompagner les bacheliers professionnels vers les BTS, les bacheliers technologiques vers les IUT. L'idée est aussi de multiplier les rencontres entre enseignants pour construire la continuité des apprentissages de la seconde jusqu'aux BTS, IUT, licences, CPGE, écoles d'ingénieurs...

Enfin, il s'agit d'instaurer une gouvernance de la relation enseignement supérieur et lycée, par exemple pour réfléchir aux contenus de formation qui ont les mêmes noms mais des programmes différents.

L'académie de Montpellier est réputée pour ses initiatives en matière de numérique. Quels sont les projets en cours ?

Nous sommes en effet une des rares académies à disposer d'un ENT (environnement numérique de travail) unique pour tous les collèges et les lycées, qui permet une continuité des pratiques de la sixième à la terminale.

La région Languedoc-Roussillon ayant acheté un ordinateur à chaque élève entrant en seconde, l'académie de Montpellier a souhaité valoriser l'usage du numérique dans les lycées en créant un “L@bel numérique Lycée”. 33 lycées publics d'enseignement général, technologique et professionnel ont été labellisés en 2013, en tenant compte de plusieurs critères : la politique de l'établissement, son niveau d'équipement, la formation des personnels et les usages pédagogiques du numérique qui permettent de repenser la relation des élèves aux savoirs.

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