Avec Brighteye ventures, les EdTech européennes disposent d’un nouveau fonds d’investissement

Céline Authemayou Publié le
Avec Brighteye ventures, les EdTech européennes disposent d’un nouveau fonds d’investissement
Brighteye ventures envisage de "trouver les meilleurs entrepreneurs EdTech en Europe" pour les aider à croître sur le Vieux Continent, ainsi qu'aux États-Unis. // ©  plainpicture/Cavan Images
Après Educapital, un nouveau fonds d’investissement dédié aux EdTech voit le jour. Basé au Luxembourg et doté d’un bureau parisien, Brighteye ventures entend faire émerger, au niveau européen, les pépites EdTech de demain. Benoît Wirz, "investissement partner" du fonds, explique à EducPros les objectifs de la structure.

Pourquoi créer un fonds d'investissements dédié aux EdTech ?

Nous avons conscience que l'éducation est une immense industrie, qui représente au niveau mondial un marché de 6.000 milliards de dollars. La pénétration numérique y est encore minuscule, et pourtant, les demandes des acteurs du secteur évoluent à grande vitesse. Selon nos estimations, cette mutation offre la possibilité aux start-up EdTech de devenir des entreprises de grande valeur.

Vous avez annoncé cet automne un premier versement des fonds de la part des partenaires, de 50 millions d'euros. Qui sont-ils ?

Les investisseurs sont des gestionnaires de grande fortune européens. Dans un premier temps, notre objectif est de trouver les meilleurs entrepreneurs EdTech européens, d'investir en eux et d'aider leur sociétés à croître en Europe ainsi qu'aux États-Unis, grâce à nos réseaux. Nous ne souhaitons pas nous consacrer à un seul segment des EdTech : au contraire, nous cherchons à diversifier notre portefeuille d'investissements, sur un marché européen encore relativement jeune.

Pourquoi vous concentrez-vous sur l'Europe, justement ?

Nous voyons dans ce continent une grande opportunité de croissance pour les EdTech. Ce continent compte plus d'étudiants que les États-Unis, pour un niveau similaire de dépenses dédiées à l'éducation. Plusieurs pays de la zone sont des utilisateurs précoces des EdTech, avec des développements très positifs.

C'est le cas de la Scandinavie, des pays du Benelux et du Royaumes-Uni, qui figurent parmi les premiers pays au monde en terme d'accès à Internet à l'école, d'équipement en ordinateur par élève, ou encore d'apprentissage en ligne pour les adultes. Ces marchés exigent des logiciels de haute qualité pour les enseignants, les administrateurs et les parents, ce qui favorise le développement de start-up, telles que TES, Kahoot! ou encore Lightneer.

L'Europe compte plus d'étudiants que les États-Unis, pour un niveau similaire de dépenses dédiées à l'éducation.

Pour leur part, la France et l'Allemagne ont récemment augmenté le financement dédié au numérique dans les écoles et les universités. Ce qui permettra de créer encore plus d'opportunités pour les start-up EdTech européennes.

Vous avez travaillé plus de vingt ans aux États-Unis, dans l'univers des EdTech et des start-up. Quelles sont, selon vous, les principales différences entre les marchés européen et américain ?

Premièrement, la pénétration numérique dans les institutions éducatives est plus forte aux États-Unis qu'en Europe. Elle a commencé avec des logiciels tels que Blackboard, créé il y a vingt ans pour mieux gérer l'administration des institutions éducatives et qui a bien évolué depuis. Aujourd'hui, il y a presque plus d'ordinateurs que d'étudiants dans les écoles, la moitié des étudiants utilise des ordinateurs ou des tablettes tous les jours et beaucoup de solutions EdTech touchent directement l'enseignement.

Deuxièmement, la décision d'adoption de technologie éducative est plus décentralisée aux États-Unis. La pénétration numérique dans la salle de classe permet au professeur de décider d'utiliser ou non des logiciels. Les startups EdTech, américaines comme européennes, profitent de cette autonomie pour proposer directement des produits freemium aux écoles et universités américaines, ce qui aide ces jeunes pousses à croître plus rapidement.

Enfin, le nombre d'investisseurs est plus important outre-Atlantique. En 2017, le montant investi dans les EdTech aura été de 1,2 milliard d'euros aux États-Unis, contre 140 millions en Europe, selon les chiffres de Pitchbook [société américaine spécialisée dans l'analyse de données financière].

La France compte environ 350 start-up spécialisées dans les EdTech. Y a-t-il de la place pour de nouveaux acteurs sur ce marché ?

Le nombre de start-up en tant que tel n'indique pas grand-chose. La grande majorité de ces structures n'a pas encore levé de fonds et n'aura pas assez d'argent pour créer des produits bénéficiant d'une réussite à grande échelle. En 2017, il y aura moins de 150 millions d'euros de capital-risque investi dans des start-up EdTech européennes, quand cette somme est de 1,4 milliard de dollars aux États-Unis. Pour nous, cette situation laisse énormément de place pour de nouvelles sociétés.

Céline Authemayou | Publié le