Axel Kahn : « Mes trois axes pour Paris 5 »

Propos recueillis par Grégory Danel Publié le
La loi sur l’autonomie des universités votée cet été suscite des vocations. Axel Kahn , le très médiatique généticien, a été élu fin décembre à la présidence de l’université parisienne René-Descartes. L’ancien directeur de l’Institut Cochin pourrait incarner le symbole de la nouvelle gouvernance universitaire que le gouvernement appelle de ses voeux. Educpros l’a interrogé sur ses motivations au moment de l'annonce de sa candidature, en octobre dernier.

Pourquoi se porter candidat à la présidence d’une université ?

Ce n’était pas dans mes intentions. J’ai d’abord été sollicité par des collègues. Ma première réaction fut de refuser, puis j’ai réfléchi. Nous sommes dans l’an I de la réforme Pécresse et Paris 5 est une grande université. C’est un défi redoutable qui correspond bien à mon identité intellectuelle et scientifique . Je me sens proche des disciplines qui y sont enseignées, le droit, les sciences de l’homme et de la santé. Je suis prêt à tenter cette aventure qui sera de loin mon activité principale. 

Nicolas Sarkozy ou Valérie Pécresse vous ont-ils poussé à vous présenter ?

J’ai participé à la création de la première école doctorale de Paris 5. Je suis un pur produit de cette université. Je ne suis pas un parachuté. Il est certain que ma candidature donne sens à la réforme, mais ni Valérie Pécresse, ni Nicolas Sarkozy ne l’ont poussée. Tout le monde sait que je ne suis pas un partisan du président de la République. Je ne suis pas une nouvelle victime de l’ouverture. 

Vous dites vous sentir proche des disciplines, mais le travail d’un président d’université, c’est aussi beaucoup et avant tout de l’administratif...

C’est un énorme travail de gestion en effet, mais il n’y a pas de projet pour l’université sans ambition disciplinaire. 

Quelle est votre profession de foi ?

Mon projet pour Paris 5 se décline en trois axes : transmettre les savoirs, les enrichir, participer à la vie de la société dans ses différents aspects intellectuel, social et économique. Je constitue actuellement une équipe qui fera dans chaque champ disciplinaire un bilan de l’échec en licence. Deux choix s’ouvriront alors à nous. Soit opter pour des critères d’inclusion plus sélectifs comme Dauphine. Soit accepter la mission que la Nation nous donne. Je veux organiser un tutorat pro-actif grâce à des correspondants-tuteurs (3) qui, sur la base du volontariat, essaieront de combler les handicaps culturels des nouvelles recrues. Même si on n’aide que 10 % des premières années, ça sera bien. Et pour ceux qui n’y arrivent toujours pas, il faut faire en sorte que leur passage à l’université soit utile. 

Quid de vos projets pour la recherche ?

Je veux créer des plates-formes technologiques au niveau de l’université, dégager des locaux et des moyens pour faire venir des équipes. Je souhaite introduire de la souplesse. Il faut que la charge d’enseignement ou de recherche repose sur l’équipe et non plus sur l’individu. Enfin, le prestige intellectuel et scientifique de Paris 5 doit pouvoir attirer des financements privés. Par ailleurs, je ferai en sorte que mon nom soit utile. 

Que pensez-vous de la loi Pécresse ?

Cette loi comporte des aspects positifs. Elle fait accéder l’université à une autonomie – certes toujours contrainte – réclamée depuis de nombreuses années. Mais la loi va aussi créer beaucoup de difficultés. L’optimisation de l’administration va être une nécessité. D’autres pays du monde sont confrontés aux même enjeux, mais disposent de davantage de moyens pour y répondre. Aujourd’hui, il manque de l’argent pour profiter pleinement de l’autonomie.

Propos recueillis par Grégory Danel | Publié le