Rapprochement de conjoint dans le supérieur : mission impossible ?

Propos recueillis par Isabelle Maradan Publié le
Rapprochement de conjoint dans le supérieur : mission impossible ?
Claude Bisson-Vaivre, médiateur de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur, appelle à une expérimentation d'un mouvement de recrutement national des enseignants-chercheurs comme des personnels ITRF. // ©  Ministère ESR
Dans son rapport annuel, présenté vendredi 13 mai 2016, le médiateur de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, Claude Bisson-Vaivre, pointe la nécessité de lutter contre le localisme dans le recrutement des enseignants-chercheurs et des ITRF. Une question d'autant plus importante qu'elle freine l'accès au droit à la mobilité dans le cadre d’un rapprochement de conjoint.

Une partie de votre rapport annuel porte sur la gestion des ressources humaines dans l’enseignement supérieur. Quelle problématique vous semble être la plus urgente à résoudre ?

La question du rapprochement de conjoint nous interpelle. Elle revient assez fréquemment dans notre rapport et fait l’objet de saisines aussi bien pour le scolaire que le supérieur.

Si chaque université possède sa politique scientifique et la maîtrise de son recrutement, ce qui s'entend dans le cadre de l’autonomie, certains recrutements peuvent être qualifiés d'endogames.

Ils se font à partir du repérage d’enseignants au sein de l’université. En recrutant localement, l’université connaît les qualités des personnes, mais quelqu'un venant de l’extérieur a plus de difficultés à faire valoir ses compétences. C’est un obstacle à la mobilité, particulièrement pénalisant pour les conjoints et conjointes qui souhaitent se rapprocher.

Lors des discussions autour de l'agenda social, ces questions ont été abordées. Des organisations syndicales proposent d'ailleurs la création d’un mouvement spécifique concernant les mutations d’enseignants-chercheurs déjà en poste. S’agit-il, selon vous, d’une bonne solution ?

C’est en effet à étudier. Et c’est un peu ce que nous proposons, puisque nous préconisons d’étudier la mise en place de procédures garantissant la transparence. Il faut vraiment que l’information sur les postes à pourvoir soit la plus large possible. Cela passe sans doute par une base de type Biep (Bourse interministérielle de l’emploi public). Le mouvement doit pouvoir s’opérer nationalement pour les enseignants-chercheurs, comme pour les personnels ITRF. Un peu comme celui qui existe dans le secondaire.

Il s’agirait d’articuler une présentation précise des profils attendus – ce qui permet de préserver l’autonomie de l’université, qui va présenter le profil de poste qu’elle souhaite – avec les compétences d’un enseignant pouvant y postuler.

Il faut vraiment que l’information sur les postes à pourvoir soit la plus large possible.

Ce qui n’empêchera pas l’université de profiler le poste pour un candidat local…

Le risque existe d’écrire le profil de poste qui correspond à la personne que l’on a à côté de soi et que l’on envisage de recruter. Mais, avec cette démarche, il va bien falloir que l’université décline les postes qu’elle propose et qu’elle entende des candidats venant également de l’extérieur.

Même si le milieu universitaire fonctionne autour de réseaux de recherche, donner cette possibilité d’entendre un autre candidat peut permettre de se rendre compte que l'on peut trouver des compétences ailleurs. Changer une culture est difficile. Expérimenter cette procédure permettra de voir si l'on progresse sur l’ouverture.

Propos recueillis par Isabelle Maradan | Publié le